Jules Supervielle ou l'Evasion féerique

« Jules Supervielle 1884-1960 ou /'Evasion féerique J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières Vivant en même temps la source et l'océan Sans pouvoir me fixer même un mince moment Entre le mont, la plaine et les plages dernières Ces quatre vers de Gravitations (1925) nous appren- nent qui était Jules Supervielle, un rêveur et un nomade en quête de ces réalités souterraines qui échappent à nos sens et que seuls perçoivent les poètes.

Ne l'a-t-on pas appelé le « sourcier des nappes secrètes» ? De souche béarnaise, c'est cependant en Uruguay que Jules Supervielle voit le jour.

Il y revient souvent.

Les étendues de l'océan, le dépaysement de la flore et de la faune, font passer dans son œuvre des souffles, des ondes, des parfums étrangers.

Il métamorphose la réalité, se détourne d'un exotisme facile et fait de ce continent américain une zone imaginaire où son rêve se meut.

Sa tendresse pour le monde animal, son expérience des traversées maritimes et des grands espaces, emplis­ sent toute son œuvre.

Son sens du merveilleux, tantôt grave, tantôt burles­ que, s'exerce dans des contes inspirés par les histoires de Barbe-Bleue, de Sheherazade, de Robinson, mais s'ex­ prime surtout dans deux œuvres pleines d'émotion.

L'enfant de la haute mer (1931) réunit des contes où le fantastique apparaît avec la simplicité de la vie quoti­ dienne.

Une petite fille solitaire habite une ville flottante, « un jardin clos de murs, garnis de tessons de boutei lles, par-dessus lesquels sautait parfois un poisson», et qui n'est peut-être que le mirage d'un marin.

Le voleur d'enfants (1948) entraîne le lecteur à la suite d'un jeune garçon volé, dans des aventures imprévues.

Pour Supervielle, le monde est une fable.

Les êtres et les choses sont fluides comme l'eau, impalpables comme l'air, et nous étonnent à chaque instant.. »