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Jorge Luis Borges

Publié le 09/12/2021

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Écrivain argentin, solitaire professionnel universel, Borges se situe en marge des intellectuels de son pays, qui lui ont d'ailleurs reproché son refus d'un engagement politique ou idéologique : il se voulait avant tout poète et hommes de lettres, pour qui le livre est la référence absolue et l'écriture l'unique justification de l'existence. Grand voyageur, au sens propre du terme (il séjourne longuement en Europe et meurt à Genève) et intellectuel cosmopolite, il aimait aussi évoquer ses incessants voyages à l'intérieur d'une bibliothèque universelle où se côtoyaient la mystique arabe, Homère, le roman policier, la Bible, Cervantès ou Coleridge… Tout au long de son œuvre, qui évolue de la poésie aux nouvelles (Fictions, 1941 ; L'Aleph, 1949) et aux essais (Inquisition, 1925 ; Discussion, 1932), il développe un humanisme teinté de scepticisme qui ne reconnaît à aucune culture le privilège de la vérité philosophique.     

« Jorge Luis Borges Écrivain argentin, solitaire professionnel universel, Borges se situe en marge des intellectuels de son pays, qui lui ont d'ailleurs reproché son refusd'un engagement politique ou idéologique : il se voulait avant tout poète et hommes de lettres, pour qui le livre est la référence absolue et l'écriturel'unique justification de l'existence.

Grand voyageur, au sens propre du terme (il séjourne longuement en Europe et meurt à Genève) et intellectuelcosmopolite, il aimait aussi évoquer ses incessants voyages à l'intérieur d'une bibliothèque universelle où se côtoyaient la mystique arabe, Homère , le roman policier, la Bible, Cervantès ou Coleridge … Tout au long de son œuvre, qui évolue de la poésie aux nouvelles ( Fictions , 1941 ; L'Aleph , 1949) et aux essais ( Inquisition , 1925 ; Discussion , 1932), il développe un humanisme teinté de scepticisme qui ne reconnaît à aucune culture le privilège de la vérité philosophique. L'œuvre de Borges n'est connue hors de son pays que depuis quelques années.

Son premier livre traduit en français, un recueil de contes, les Ficciones, aété publié en 1951.

Puis sont venues des traductions, en 1953, de plusieurs contes de son Aleph, et en 1957 de ses Otras Inquisiciones, collectiond'articles de critique littéraire ou philosophique.

Enfin, en 1958, ont été traduites l'Historia Universal de la Infamia, collection de nouvelles dont le titrecommun dit assez le caractère, et l'Historia de la Eternidad, qui groupe une série d'essais.

Ces quelques livres, choisis parmi une œuvre sensiblement plusabondante, ne suffisent pas sans doute à donner au lecteur français une idée complète de Borges, mais ils fournissent l'essentiel. Borges est de ces écrivains dont l'existence est si parfaitement vouée à la littérature que leur histoire ne saurait être distincte de la succession de leursœuvres.

Voici seulement les dates essentielles : écrivain d'avant-garde et " ultraïste " vers 1920, surtout poète et critique jusque vers 1930, un peu plustard auteur de nouvelles ; très préoccupé dans ces années par des thèmes proprement argentins ou buenosairiens, ce fut vers 1940 seulement qu'ilcommença à publier les contes métaphysiques qui ont surtout fait sa gloire.

Vers cette date, il était déjà assez célèbre pour que la Revue " Sur " luiconsacrât, en 1940, un numéro spécial de " desagravio " ou réparation pour un prix littéraire qui lui avait été refusé.

En 1950, il devint président de laSociété des Écrivains argentins.

En 1955, à la chute de Péron, il fut nommé professeur à la faculté des Lettres de Buenos Aires, en même temps quedirecteur de la Bibliothèque Nationale et membre de l'Académie argentine.

En 1961, il reçut le prix international Formentor, décerné par un grouped'éditeurs de divers pays.

Telles sont, rapidement indiquées, les étapes de sa carrière.

Elles se situent dans une période violente de l'histoire du monde,puis de l'Argentine : cette œuvre si purement spéculative a mûri pendant l'époque du nazisme, de la guerre mondiale, de la dictature péroniste.

Borges a prisparti dans chacun des épisodes de cette crise : pour les A lliés pendant la guerre, puis contre le régime de Péron, qui lui inspirait un extrême dégoût.

Lespassions, et, si l'on veut, l'engagement suscités chez Borges par la guerre et par la dictature tiennent une place discrète dans son œuvre, mais ils n'en sontpas absents. A prendre l'œuvre de Borges par le dehors, on est frappé de la façon dont il a entendu et dépassé les genres divers dans lesquels cette œuvre est écrite.

Saprose se répartit, tout au long d'une trentaine d'années, selon deux formes littéraires, le conte d'une part, et, d'autre part, l'essai bref, parfois article dequelques pages, consacré à un livre, à une pensée, à un incident, à une singularité quelconque d'un texte.

En fait, ses livres rassemblent alternativementces deux sortes de productions, " a priori " fort dissemblables.

Les mérites du récit et ceux de l'investigation critique n'ont pas coutume de se confondre.C'est pourtant ce qui a lieu, pour une large part, chez Borges ; plus exactement, c'est dans la mesure où il en a été ainsi que l'originalité de Borges s'estaffirmée.

Ses premiers contes étaient assez conformes aux traditions du genre, mais le conte, tel que Borges l'a conçu ensuite, en lui incorporant en quelquesorte la pensée ébauchée dans ses premiers essais, est moins une histoire qu'une découverte spirituelle, l'approche de quelque énigme ou contradiction del'univers.

Dès lors, conte et essai sont faits de la même substance, ils se bâtissent l'un et l'autre sur une trame de représentations concrètes, comme unenchaînement de pensées.

Ici et là, l'esprit s'interroge, à partir de ce qu'il voit, sur sa capacité de formuler l'univers, d'embrasser son infinie multiplicité,d'éclairer ses trompe-l'œil.

Pareilles interrogations portent sur une matière figurable, riche d'émotion, qui est le tissu même de la vie que nous vivons : leschoses prodigieusement variées et la double entente possible de leurs agencements.

De là les formes, chères à Borges, de la ramification et de lasubdivision infinies ; de là son goût pour les récits à tiroirs et significations successives ; de là le thème du labyrinthe, où se rejoignent les idées d'infinitéet de tromperie.

Par là, l'œuvre de Borges, métaphysique d'essence, demeure, non moins foncièrement, littéraire.

Nulle part les matériaux de l'art nesupportent plus naturellement que chez lui les démarches de la pensée spéculative ; nulle part les idées ne sont plus spontanément des figures.

On conçoitque les frontières de l'essai critique et du récit ne puissent résister à un tel privilège. Par exemple, l'article sur la Langue analytique de John WilLkins, recueilli dans " Enquêtes ", où est développée, non sans humour, l'impuissance de l'esprit àcataloguer et à nommer méthodiquement les éléments du réel, n'est pas substantiellement différent du récit assez sombre des " Fictions " intitulé Funes elmemorioso : nous y voyons un paysan uruguayen doué d'une mémoire illimitée et totale, à la fois capable en principe d'évoquer tout le passé dans tous sesdétails, et, en fait, irrémédiablement inférieure à cette tâche, faute de trouver dans le temps même le temps de revivre le temps.

Dans tel autre récit (celuiqui donne son titre au recueil de l'A leph), l'univers entier est miraculeusement visible à C arlos Daneri, d'un seul coup et dans tous les éléments qui lecomposent, au coin d'une certaine marche d'un escalier de cave à Buenos Aires.

L'innumérabilité des éléments du monde est la pensée commune à l'articleet aux contes, et Wilkins, qui a existé et dont Borges examine l'ouvrage, est frère des imaginaires Funes et Daneri.

De même, un article sur le Kubla Khan deColeridge, recueilli dans " Enquêtes ", rappelle que Coleridge, selon ses propres déclarations, composa en rêve ce poème sur le palais de l'empereur mongol; mais comme cet empereur lui-même passe pour avoir bâti son palais après l'avoir vu en songe, Borges suggère que peut-être " cette série de rêves et detravaux " n'a pas pris fin avec le poème de Coleridge, et se continuera ailleurs par quelque volonté supérieure à celle des exécutants.

Or, un conte des "Fictions ", intitulé les Ruines circulaires, nous montre un magicien créant un homme, lui donnant la vie, une vie illusoire à vrai dire, car cette créature, sanss'en douter, n'est qu'un fantôme ; son créateur s'en convainc en voyant que le feu ne la brûle pas ; mais alors l'angoisse le saisit, de n'être peut-être luiaussi que la création irréelle d'un vivant, le rêve d'un autre, ce qu'il vérifie en effet par la même épreuve.

Le commentaire de C oleridge et le contefantastique mettent en œuvre, presque de la même façon, la même idée : celle d'un monde dont notre conscience n'a pas le secret, et dont la loi inconnuerend illusoire jusqu'à notre moi. Rien n'est plus significatif, pour attester l'équivalence chez Borges de l'affabulation et de la pensée critique, que la présence, si fréquente dans son œuvre,de cette variété littéraire surprenante que sont les comptes rendus de livres imaginaires ; tels, par exemple, l'approche du C aché, L'examen de l'œuvred'Herbert Quain, les Trois Versions de Judas.

Ces textes recueillis parmi les " Fictions " méritent certes d'y figurer, mais ce qu'ils racontent, c'est lacréation d'un livre : à ce niveau il n'est que trop évident que Borges, inventeur et commentateur, est au même moment l'un et l'autre, ou mieux quelquechose de plus que l'un et que l'autre, à savoir Borges.

Telle est sans doute l'originalité majeure de Borges : cette nature en lui indistincte de deux chosesque tant d'autres ont si souvent essayé d'unir par artifice, l'intuition philosophique de notre condition et l'art.

Et il ne serait pas difficile de montrer qu'enplus d'un cas le poème même s'est fait semblable chez lui au commentaire ou au conte tels qu'il les entend.

L'esprit qui a pris possession de ces formesdiverses les renouvelle et en efface la différence.. »

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