Jean VI

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Roi du Portugal. Fils des souverains Marie Ire et Pierre III. Né et mort à Lisbonne (13 mai 1767-10 mars 1826). Marié à la princesse Charlotte-Joachime de Bourbon, fille de Charles IV, roi d'Espagne, et de Marie-Louise de Parme, il en eut neuf enfants. A la mort de son frère aîné Joseph (1778), il devint l'héritier du trône et, après l'interdiction de sa mère, devenue folle, assuma la régence du royaume (1792). Il ne prit pourtant qu'en 1799 le titre de régent, et celui de roi en 1816, après la mort de Marie Ire. La situation internationale à ce moment-là était plutôt délicate. Tout en tâchant de maintenir la neutralité du Portugal à l'égard de la Convention française, le gouvernement négocia une alliance avecl'Angleterre et l'Espagne. Pourtant, l'Espagne attaqua le Portugal et, par le Traité de Badajoz (6 juin 1801), elle l'obligea à fermer ses ports aux bateaux britanniques et lui prit la place de Olivença. Avant de prendre le bateau pour Rio de Janeiro (27 novembre 1806) pour préserver la liberté de son gouvernement la veille de l'entrée de Junot à Lisbonne, le régent nomma un comite de contact avec les envahisseurs. Devant de nouvelles menaces, le régent, depuis le Brésil, incita les populations métropolitaines à la résistance le 2 janvier 1809 et nomma le 7 mars W. Beresford maréchal de l'armée portugaise pour en hâter la réorganisation. En 1820, l'administration militaire despotique de Beresford et la propagande faite par les forces d'invasion (françaises et espagnoles) ou alliées (anglaises) se réunirent et un comité suprême imposa au maréchal la convocation des Cortés constituantes. La Constitution qui sortit de cette assemblée, dominée par la maçonnerie, fut franchement anticléricale. Pour éviter une sécession, Jean VI, laissant le prince héritier Pierre au Brésil, lui recommanda d'appuyer le mouvement autonomiste et s'embarqua pour l'Europe. Au Brésil, le courant autonomiste se développa et, le 7 septembre 1822, l'héritier du trône en personne lança le cri d'indépendance au bord du fleuve Ipiranga, se faisant proclamer empereur du Brésil le 12 octobre suivant. Entre-temps, au Portugal, le 23 septembre 1822, le projet de Constitution nationale fut approuvé par les Cortes et, le 30, Jean VI prêta serment. Quand la nation en connut les termes, la réaction fut violente. L'infant Michel, avec l'appui de sa mère, donna le signal de l'insurrection contre le constitutionnalisme à Vila Franca de Xira (27 mai 1823). Jean VI essaya vainement de sauver la Constitution. Les absolutistes firent assassiner le marquis de Loulé (28- 29 février 1824), favori du roi, et le nouveau mouvement, dit l'Abrilada (30 avril 1824), mit de nouveau le monarque aux arrêts dans le palais royal. L'Angleterre intervint alors. Le 9 mai, Jean VI monta à bord du bateau de guerre Windsor-Castle, révoqua le généralissime des armées portugaises, l'infant Michel, et celui-ci dut embarquer pour Brest. Sous la pression de l'Angleterre, avec la médiation de l'Autriche, le Portugal ratifia l'indépendance du Brésil, tout en réservant à Jean VI le titre personnel d'empereur. Le 4 mars 1826, le roi tomba gravement malade et il mourut le 10. Le gouvernement de Jean VI s'exerça en des conditions particulièrement difficiles. Pacifique et bon, le roi sut s'adapter facilement à toutes les formules politiques, même au détriment de ses prérogatives personnelles; mais il n'eut pas l'énergie de freiner les bouleversements révolutionnaires, ni la clairvoyance de prévenir les événements pour éviter le pire par des concessions. Malheureusement, surtout dans la dernière période de sa vie, il ne put jamais compter sur une équipe loyale de collaborateurs compétents.