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JEAN LEMAIRE DE BELGES

Publié le 09/12/2021

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Jean Lemaire illustre la sérénité de l'« ouvroir » poétique, le travail calme d'une inspiration sûre d'avoir dans la technique l'alliée la plus évidente. Servir les pouvoirs et la rhétorique Né à Bavai (Belges) dans le Hainaut, Jean Lemaire appartient à une province rattachée à la Bourgogne : son parrain, le rhétoriqueur Jean Molinet, est historiographe du duché. Il reçoit la tonsure et fait probablement des études à l'Université de Paris, avant d'être employé comme clerc de finances par Pierre II de Bourbon, mari d'Anne de Beaujeu. Celui-ci meurt bientôt et Lemaire, encouragé à la poésie par Guillaume Crétin, compose un prosimètre funéraire, le Temple d'Honneur et de Vertu (publ. 1504) : utilisant la riche tradition du mythe du Mont de Vertu (d'Hésiode à Boccace), ainsi que le genre pastoral médiéval, et subissant des influences plus récentes (pétrarquistes italiens, Molinet), il témoigne d'une vaste culture classique, d'un sens des nouveaux rythmes (première utilisation de la terza rima italienne en France) et d'une fidélité à l'allégorie qui compose déjà avec l'emblématique renaissante : des « images taillées », formant en acrostiches des devises et le nom du défunt, sont livrées à l'interprétation des personnages. La mort de son protecteur suivant, Louis de Luxembourg, lui inspire la Plainte du Désiré, où il trace d'élégants portraits de Nature et de Peinture ; sous les allégories, on peut sentir le réel impact de l'art flamand et particulièrement de Jean Pérréal (dit Jean de Paris), peintre et organisateur de fêtes. L'impuissance de dame Rhétorique à consoler peut être comprise comme une reconnaissance de la supériorité de la peinture dans la concurrence des arts, d'autant plus que Lemaire cite aussi des peintres italiens de l'époque comme Léonard. Passé au service de Marguerite d'Autriche, il a cette fois à déplorer la mort de Philibert de Savoie (1504) dans une Couronne margaritique plutôt adressée à sa femme : dix philosophes et poètes choisissent des pierres précieuses, des fleurs, des vertus et des femmes légendaires suivant les initiales de Marguerite, prétexte au déploiement d'une poésie allégorique et encyclopédique dont Rémy Belleau se souviendra. Les Épîtres de l'amant vert (1505) commencent aussi comme une (fausse) déploration... Puis Lemaire voyage en Italie et lorsque Philippe le Beau meurt, il écrit pour Marguerite les Regrets de la Dame Infortunée qui proposent des variations ingénieuses autour de la lettre M (comme Mort), dans un lettrisme de rhétoriqueur. À l'occasion de l'« Oraison funèbre de Molinet », il écrit ses premiers alexandrins, et il est alors historiographe à la cour de Bourgogne. Marguerite lui confie la construction de l'église de Brou, futur mausolée, mais il devra l'abandonner pour des raisons techniques. Après avoir écrit les Chansons de Namur (1507) qui se moquent de la déroute des Français, Lemaire se rapproche de la cour de France et se lie avec Symphorien Champier. En 1509, il obtient le privilège pour ses Illustrations de Gaule (L. I), qu'il publiera avec un Traité des Schismes, très gallican, et un Blason de Venise, antivénitien (1510-1511). Conseiller des Princes, il écrit une astucieuse Épître du Roi à Hector contre le pape et traduit l'histoire d'Ali, par laquelle il suggère d'utiliser les divergences entre les sectes mahométanes. Devenu chroniqueur de la reine Anne de Bretagne en 1512, il semble ne publier ensuite que les IIe et IIIe Livres des Illustrations (1513).

« JEAN LEMAIRE DE BELGES Jean Lemaire illustre la sérénité de l'« ouvroir » poétique, le travail calme d'une inspiration sûre d'avoir dans la technique l'alliée la plusévidente. Servir les pouvoirs et la rhétorique Né à Bavai (Belges) dans le Hainaut, Jean Lemaire appartient à une province rattachée à la Bourgogne : son parrain, le rhétoriqueurJean Molinet, est historiographe du duché.

Il reçoit la tonsure et fait probablement des études à l'Université de Paris, avant d'êtreemployé comme clerc de finances par Pierre II de Bourbon, mari d'Anne de Beaujeu.

Celui-ci meurt bientôt et Lemaire, encouragé à lapoésie par Guillaume Crétin, compose un prosimètre funéraire, le Temple d'Honneur et de Vertu (publ.

1504) : utilisant la riche tradition du mythe du Mont de Vertu (d'Hésiode à Boccace), ainsi que le genre pastoral médiéval, et subissant des influences plusrécentes (pétrarquistes italiens, Molinet), il témoigne d'une vaste culture classique, d'un sens des nouveaux rythmes (premièreutilisation de la terza rima italienne en France) et d'une fidélité à l'allégorie qui compose déjà avec l'emblématique renaissante : des « images taillées », formant en acrostiches des devises et le nom du défunt, sont livrées à l'interprétation des personnages.

La mort deson protecteur suivant, Louis de Luxembourg, lui inspire la Plainte du Désiré, où il trace d'élégants portraits de Nature et de Peinture ; sous les allégories, on peut sentir le réel impact de l'art flamand et particulièrement de Jean Pérréal (dit Jean de Paris), peintre etorganisateur de fêtes.

L'impuissance de dame Rhétorique à consoler peut être comprise comme une reconnaissance de la supérioritéde la peinture dans la concurrence des arts, d'autant plus que Lemaire cite aussi des peintres italiens de l'époque comme Léonard.Passé au service de Marguerite d'Autriche, il a cette fois à déplorer la mort de Philibert de Savoie (1504) dans une Couronnemargaritique plutôt adressée à sa femme : dix philosophes et poètes choisissent des pierres précieuses, des fleurs, des vertus et desfemmes légendaires suivant les initiales de Marguerite, prétexte au déploiement d'une poésie allégorique et encyclopédique dont RémyBelleau se souviendra.

Les Épîtres de l'amant vert (1505) commencent aussi comme une (fausse) déploration...

Puis Lemaire voyageen Italie et lorsque Philippe le Beau meurt, il écrit pour Marguerite les Regrets de la Dame Infortunée qui proposent des variationsingénieuses autour de la lettre M (comme Mort), dans un lettrisme de rhétoriqueur.

À l'occasion de l'« Oraison funèbre de Molinet », ilécrit ses premiers alexandrins, et il est alors historiographe à la cour de Bourgogne.

Marguerite lui confie la construction de l'église deBrou, futur mausolée, mais il devra l'abandonner pour des raisons techniques.

Après avoir écrit les Chansons de Namur (1507) qui semoquent de la déroute des Français, Lemaire se rapproche de la cour de France et se lie avec Symphorien Champier.

En 1509, ilobtient le privilège pour ses Illustrations de Gaule (L.

I), qu'il publiera avec un Traité des Schismes, très gallican, et un Blason deVenise, antivénitien (1510-1511).

Conseiller des Princes, il écrit une astucieuse Épître du Roi à Hector contre le pape et traduit l'histoired'Ali, par laquelle il suggère d'utiliser les divergences entre les sectes mahométanes.

Devenu chroniqueur de la reine Anne de Bretagneen 1512, il semble ne publier ensuite que les IIe et IIIe Livres des Illustrations (1513). Temples de l'avenir La Concorde des deux langages (1511) ressemble à un rêve à la fois politique, linguistique et poétique.

Politique dans la recherche des points communs entre la France et l'Italie par l'intermédiaire de la langue ; poétique par l'utilisation d'une forme variée et par le désird'unifier culture classique et tradition chrétienne.

Le Prologue est un débat entre les défenseurs de deux langues, mais les allégories quisuivent dépassent le problème des dignités respectives des idiomes.

Le Temple de Vénus, situé significativement sur Fourvière, hautlieu de la Gaule, allie élégance architecturale et esprit festif.

L'hommage rendu à Vénus est une véritable messe, sans que cesyncrétisme fasse problème.

La musique y joue un rôle essentiel, montrant les recherches contemporaines d'équivalences entre lessons et les mots, comme chez Josquin des Prés ou Guy Ockeghem.

Le Temple de Minerve complète mais ne concurrence pas celui deVénus, même s'il couronne l'effort vers les sciences.

Servir la Nature et la France grâce au labeur de l'éloquence poétique, tel est lemessage renvoyé spéculairement par le livre de la Concorde, présenté dans un miroir à la fin du texte, mais cette fois sous forme d'images peintes. L'invention du passé Les Illustrations de Gaule qui portent aussi le titre de Singularités de Troie seront la source des arguments « celtophiles » de Postel à Ronsard.

La grande culture de l'auteur est montrée par l'abondance des sources alléguées, toutes prises pour « authentiques ».

Grâceau pseudoBérose et à Manéthon, Lemaire peut dans le premier Livre croiser toutes les mythologies et rattacher, étymologiquement etmythiquement, les noms anciens à l'onomastique européenne.

Il construit ainsi une antériorité poéticohistorique des Gaules, qu'il peutaisément amplifier par quelques « fables en passant », dans le goût pastoral : ainsi l'enfance de Pâris sur le mont « Idées » et sonmariage avec la nymphe ont des allures d'églogues (chap.

22-29).

La description des trois déesses, que le berger exige de voir nues,est l'occasion d'un morceau maniériste par l'accent mis sur l'ornement ; Apulée et Fulgence y sont curieusement utilisés dans une «moralisation » risquée : Junon (le pouvoir royal) et Minerve (les arts libéraux) sont laissées au profit de Vénus, la Poésie (chap.

33).Pâris aux jeux de Troie est prétexte à relation de tournois (chap.

38-39), avant que le Livre II ne refasse l'Iliade à sa manière : en effet, Lemaire donne parfois plusieurs versions différentes d'un même épisode (la mort de Philoctète par exemple).

Il ne procèdera pasde cette façon au Livre III, qui doit donner la preuve de l'existence de ce fameux bâtard d'Hector, Francus, miraculeusement sauvé dumassacre.

Pièce essentielle au rapprochement de la Gaule et de Troie, Francus est aussi la raison du cousinage entre Germains etFrancs.

Comme le Livre I avait déjà établi la parenté entre les Tusques (Toscans) et les Gaulois, l'histoire ainsi « illustrée », pourlaquelle Lemaire avoue avoir « beaucoup veillé et travaillé », permet de construire une Europe au moins linguistiquement justifiée.L'alliance des peuples européens ne se fait pas seulement contre les Turcs, mais dans le sentiment d'une unité générique, où la parentéentre les Scythes et les Celtes unit géographie, textes sacrés et histoire païenne. L'âme en vert D'une tout autre veine sont les Deux Épîtres de l'amant vert, appréciées pendant tout le siècle, y compris par les poètes de la Pléiade. Pour la première fois, un texte montre une utilisation originale d'une source connue.

Lemaire a lu l'élégie où Ovide pleure la mort duperroquet offert à sa maîtresse, mais il se trouve que l'oiseau de Marguerite a existé.

Comme il s'agit de rivaliser avec les modèlesitaliens, notamment pour l'épître en vers, l'auteur utilise toutes les ressources d'un art consommé de rhétorique, avec effets rythmiqueset argumentation, augmentées de l'humour léger autorisé par le thème : l'oiseau peut décrire à sa manière les Enfers ou rappelerimpunément les privautés dont il jouissait.

L'aspect factice est donc équilibré par le rappel d'une réalité transformée au profit de lapoésie, modifiant l'objectif surtout intellectuel des rhétoriqueurs vers le relief vivant du style marotique. »

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