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Jean Goujon

Publié le 16/05/2020

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« Jean Goujon - vers 1567 Symbole de la Renaissance française, Jean Goujon reste énigmatique, malgré de nombreux travaux, dont le dernier,celui de P.

du Colombier, a su, entre autres mérites, détruire des légendes et des attributions.

Nous ne savons ni ladate ni le lieu de sa naissance, mais nous voyons bien qu'il sort du peuple ; il est plus près d'un Bernard Palissy, quia souffert de son "abjecte condition", que de Pierre Lescot, noble et riche, dont il sera le subordonné ; il est d'abordun bon artisan ; il possède une solide formation technique, et l'assurance intelligente de son ciseau, sa vigueur ousa douceur le mettent hors de pair.

Il est étranger au style de la première Renaissance française, à une sculptureitalianisante, décorative, ciselée, plaquée sur une architecture traditionnelle ; par contre il subit l'influence desItaliens venus à Fontainebleau après 1530, mais dans la mesure où, par leur truchement, il retrouve l'Antiquité, etson art s'oppose à leurs sculptures compliquées et opulentes, qui font grand effet, mais qui sont un jeu, uneimprovisation.

Il appartient à un autre groupe, celui des Français, tel Ronsard, qui, autour de 1550, prétendent sansl'aide étrangère retrouver les secrets de l'Antiquité pour les offrir à la nation, à force de science et de méthode, etsans que la raison exclue la passion.

Donc le goût de l'Antiquité, toujours mieux comprise au cours d'une brève carrière, mais aussi d'autres charmes plussubtils.

A Rouen, vers 1540-1542, architecte et sculpteur, il a déjà retrouvé les formes pures du passé, à preuvedeux belles colonnes.

A Paris vers 1544-1545, il intervient dans les travaux du jubé de Saint-Germain-l'Auxerrois.

Auservice du connétable de Montmorency de 1544 à 1547, il travaille au château d'Écouen, et son influence se faitsentir surtout dans la chapelle dont quelques sculptures sont de sa main ; il forme une équipe ; il crée un style basésur l'Antiquité avec une note de sobre élégance.

En 1547, paraît la traduction de l' Architecture de Vitruve qui est dédiée au roi et qui est un ouvrage capital dans l'histoire de l'art français du XVI e siècle.

Goujon figure parmi les excellents personnages qui ont travaillé à la publication ; il en fournit la très belle illustration ; à la fin, prenant laparole, se disant "studieux en architecture", il loue les architectes italiens et surtout Serlio qui a été "lecommencement de mettre telles doctrines en lumière au royaume", et d'ailleurs plusieurs gravures révèlent l'influencede l'Italien.

Pour connaître l'Antiquité, Goujon, qui n'a peut-être jamais été en Italie, disposait des trésors conservésen France, mais pour la comprendre vraiment, il lui a fallu l'appui d'un Serlio et on notera que le début de sonactivité classique correspond à l'arrivée de l'artiste italien en 1541.

Mais Goujon joint la pratique à la théorie.

S'il est vrai que tout bon artisan aussitôt qu'il commence un chef-d'oeuvrevoudrait qu'il fût aussitôt fait, car le plaisir redouble, il vit dans l'allégresse et d'autant plus qu'il se consacredavantage à la gloire de la royauté.

En 1549, il collabore à l'Entrée de Henri II à Paris, "véritable manifeste de lajeune école française néo-classique" (F.

Gébelin) ; il est le "gentil ouvrier" dont l'artifice donne si bonne grâce auxdraperies des figures, et qui rend cheveux et barbes si bien "que semblait proprement que le vent les fit mouvoir".

De ces décorations rien ne subsiste, sauf la Fontaine des Innocents, refaite à cette occasion, et qui depuis a étédéplacée et transformée.

Un socle orné de mufles de lions crachant l'eau.

Des pilastres corinthiens accouplésencadrant des arcades que dominent attiques et frontons.

Des sculptures soumises au cadre, ne rompant pas lafaçade, et cette alliance avec l'architecture est une tendance très française.

Entre les pilastres, des Nymphes,leurs soeurs vivantes, sveltes et droites comme eux, les plis des étoffes répondant à leurs cannelures.

Dans l'espaceétroit qui eût pu être une prison, elles s'étirent avec aisance.

L'une, celle qui tient une rame, est plus impérieuse ;une autre, plus réservée, baisse un visage de type exotique ; une troisième est plus rêveuse ; une quatrième, cellequi a les seins nus, plus ironique.

Elles sont toutes très belles.

La plus caractéristique, debout, de face, un pied netouchant le sol que de la pointe, comme pour scander un rythme, le corps légèrement sinueux, porte un vase surl'épaule droite.

Les bras dessinent des arabesques qui montent ou descendent, avancent ou reculent, tour à touréclairées ou ombrées ; les mains fines qui se rejoignent presque sur le flanc du vase sont si élégantes etnonchalantes que l'effort devient une caresse.

Encadré par le vase et un bras, le visage s'incline, paupièresbaissées, bouche ouverte ; sa beauté est classique, mais on devine un sourire, une attention.

La nymphe semblefigée dans un engourdissement bienheureux, mais dans une tension soudaine, elle va danser sur place ; déjà les plisdes minces étoffes, serrés, ondoyants, semblables au filet d'eau qui sort de l'urne, ont des mouvements inattenduscomme si le vent les pressait.

Pour ces plis, pour les parures des étoffes ou la chevelure, pour la chair, un travailprécis et délicat, sans exagération ni mollesse, des différences infimes de relief qui créent des ombres et des clartéscalmes.

Rien de trop ni de trop peu.

Cette fontaine des Innocents, un miracle de purisme.

Des influences sans doute.

Projet d'arc de Serlio, détail d'unsarcophage, gravure d'après le Rosso, étoffes et gestes de statues antiques, voilà moins des emprunts formels quedes affinités, et on pensera aussi aux plaquettes de bronze italiennes, aux oeuvres graphiques du temps, dontGoujon semble vouloir transposer les valeurs lumineuses, au sfumato du Vinci, aux dessins vaporeux du Primatice,aux gravures du Parmesan : Goujon a été surnommé le Corrège français.

Mais il reste libre, car il s'appuie sur laréalité, il a étudié les corps vibrants, les étoffes souples.

Et il a le sens de la mesure, une distinction innée quitempère le maniérisme et pare l'Antiquité d'une grâce inédite.

Michelet nous aide à retrouver le secret de cettegrâce.

Il avait bien senti les affinités de l'art de Goujon et d'une société éclairée par le sourire de la duchessed'Etampes, et il lui semblait que le "magicien" qui avait créé les nymphes "étranges, improbables" avait su "fairecouler le marbre comme nos eaux indécises et donner aux pierres la grâce ondoyante, le souffle de la France".

Mais la grâce peut s'unir aussi à la joie, à la force, à la majesté.

Tel est le cas pour les travaux exécutés à l'hôtel deville, à l'hôtel du Président de Ligneris, l'actuel Musée Carnavalet, et surtout, entre 1549 et 1562, au Louvre, dans. »

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