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Jacqueline de Romilly, L'Enseignement en détresse: Éprouvez-vous « le besoin de ce qui paraît inutile et inactuel » ? Vous développerez votre réponse en vous appuyant sur des exemples concrets.

Publié le 29/06/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Jacqueline de Romilly, L'Enseignement en détresse: Éprouvez-vous « le besoin de ce qui paraît inutile et inactuel » ? Vous développerez votre réponse en vous appuyant sur des exemples concrets.. Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Le monde actuel est complexe, changeant. L'idée du législateur semble être qu'il faut donc faire à ces complexités et à ces changements la plus grande place possible afin d'y habituer les jeunes en leur enseignant les données , les données sociales, en premier lieu, évidemment, et aussi les données politiques, techniques, en bref, l'actualité. Cela leur plaira plus, les intéressera plus, dans la mesure où l'enseignement rejoindra la presse, la télévision, les débats de la table familiale ou du groupe syndical. Ils ne seront pas désorientés, parce qu'ils seront immédiatement insérés, jetés dans le bain. Je voudrais plaider, de toute mon âme, pour une démarche exactement inverse. Je crois que la force de tout enseignement par rapport aux événements qui font l'histoire du monde est d'imposer aux esprits un détour. Si l'on veut s'orienter convenablement, dans une promenade au cours de laquelle on doit retrouver son chemin, il faut prendre, en pensée, du recul. Il faut se retourner, voir d'où vient le chemin que l'on est en train de parcourir et où sont les repères, recourir à une carte, sur laquelle le paysage confus, masqué de buissons et d'arbres, d'ombres et de creux, se ramène à un tracé schématique, couvrant un horizon bien plus étendu et qui soudain rend compte du paysage. Il en va de même dans les choses de l'esprit. Complexe, notre société ? Ô combien ! Mais, dans ce cas, pour l'appréhender, pour la comprendre, pour en comprendre les problèmes et les tendances, il faut précisément faire le détour et apprendre à connaître d'autres sociétés plus simples. Je reste convaincue que l'on comprend mieux la collectivité qu'est l'État quand on connaît la cité grecque, avec les dévouements qu'elle suscitait si largement et les crises qu'elle traversa et surmonta, que l'on comprend mieux les relations entre les pays quand on a pratiqué la relation toute simple qui s'établit au niveau de deux cités de régime politique différent et luttant pour la suprématie, ou bien entre des cités grecques et un envahisseur barbare. Après tout, si l'on ne cesse de découvrir, dans la cité grecque, l'actualité de tel passage ou de tel autre, cela n'est point dû au hasard de situations qui se répéteraient, mais au fait que des situations simples, analysées avec rigueur, fournissent divers schèmes d'interprétation susceptibles d'être appliqués à des situations plus complexes. Je crois aussi que, dans l'ordre des conduites humaines, les problèmes peuvent être posés avec une force accrue lorsque se découvre, au niveau de la famille ou de la cité, le premier exemple éclatant d'un dilemme humain : la mort d'Antigone et la mort de Socrate aident à comprendre l'héroïsme et à le sentir dans sa simplicité absolue. «École » vient d'un mot grec signifiant « loisir». L'étude doit être la pause féconde et enrichissante où l'on s'arme pour la vie et pour la réflexion et où l'on entre en possession de tout un trésor humain que, plus tard, on n'aura plus, en général, ni le temps ni l'occasion de découvrir. Peu importe que les jeunes, au sortir de l'Université, soient un peu hors du temps, un peu trop entourés d'amis tels que Socrate ou Descartes, Antigone ou Ruy Blas, Virgile ou Rimbaud : la télévision, la radio, le cinéma rétabliront toujours bien assez vite l'équilibre. Mais, si ce sont juste de petits énarques ou de petits syndiqués bien au courant des dernières réglementations et du cours des monnaies, qui rétablira l'équilibre ? Pour tout, il faut du temps et des exercices austères : il en faut pour le piano, pour la danse. L'enseignement a, lui aussi, besoin de temps et d'exercices austères. Il a besoin de ce qui paraît inutile et inactuel. C'est cela qu'on appelle la culture, au sens actif du terme. Jacqueline de Romilly, L'Enseignement en détresse, Julliard, 1984 (1) énarques : anciens élèves de l'École Nationale d'Administration. ...»

« ÉPREUVES 30, 31, 32 Écoles européennes Baccalauréat 1990 Français langue de base Premier sujet Le monde actuel est complexe, changeant.

L'idée du législa­ teur semble être qu'il faut donc faire à ces complexités et à ces changements la plus grande place possible afin d'y habi­ tuer les jeunes en leur enseignant les données , les données sociales, en premier lieu, évidemment, et aussi les données politiques, techniques, en bref, l'actualité.

Cela leur plaira plus, les intéressera plus, dans la mesure où l'enseignement rejoindra la presse, la télévision, les débats de la table fami­ liale ou du groupe syndical.

Ils ne seront pas désorientés, parce qu'ils seront immédiatement insérés, jetés dans le bain.

Je voudrais plaider, de toute mon âme, pour une démarche exactement inverse.

Je crois que la force de tout enseigne­ ment par rapport aux événements qui font l'histoire du monde est d'imposer aux esprits un détour.

Si l'on veut s'orienter convenablement, dans une promenade au cours de laquelle on doit retrouver son chemin, il faut prendre, en pen­ sée, du recul.

Il faut se retourner, voir d'où vient le chemin que l'on est en train de parcourir et où sont les repères, recou­ rir à une carte, sur laquelle le paysage confus, masqué de buis­ sons et d'arbres, d'ombres et de creux, se ramène à un tracé schématique, couvrant un horizon bien plus étendu et qui sou­ dain rend compte du paysage.

Il en va de même dans les cho­ ses de l'esprit.

Complexe, notre société ? ô combien ! Mais, dans ce cas, pour l'appréhender, pour la comprendre, pour en compren­ dre les problèmes et les tendances, il faut précisément faire le détour et apprendre à connaître d'autres sociétés plus sim­ ples.

Je reste convaincue que l'on comprend mieux la collec­ tivité qu'est l'État quand on connaît la cité grecque, avec les. »

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