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Italo Svevo

Publié le 09/12/2021

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Ettore Schmitz, qui devait par la suite devenir, sous le nom d'Italo Svevo, un des maîtres du roman italien du XXe siècle, est né à Trieste en 1861. Issu d'une famille bourgeoise, il fit ses études à Trieste et fut ensuite envoyé dans un collège en Allemagne. De retour à Trieste, il fut contraint, à la suite de revers financiers subis par l'entreprise paternelle, d'entrer en qualité d'employé à la banque Union. Sa vocation littéraire s'affirmait déjà : c'est en effet à cette période de sa vie que remonte son intérêt pour les grands romanciers russes et le roman naturaliste français ; c'est également alors qu'il entreprit de collaborer au journal l'Indipendente et de rédiger ses premières œuvres, surtout destinées au théâtre. De son expérience de modeste employé de banque et de l'étude approfondie du roman italien de la fin du siècle dernier naquit son premier roman, Une Vie, qu'il publia à compte d'auteur en 1892. Encore lié à la représentation vériste et naturaliste des milieux et des personnages qu'il dépeint, ce roman s'attarde avec un peu trop de complaisance sur la description de la vie et des mœurs des employés de banque. Mais dans son analyse des relations amoureuses d'Alfonso et d'Annetta, Svevo se révèle un écrivain infiniment plus moderne et plus subtil que ses contemporains. Comment expliquer, sinon par une analyse psychologique déjà très poussée, les brusques changements d'attitude des deux protagonistes ­ Annetta s'exaltant et devenant sensuelle au moment précis où Alfonso hésite et atermoie, ou, au contraire, battant froid à son amant dès que celui-ci se croit sûr de sa victoire ? Comment interpréter, sinon par quelque obscure injonction de l'inconscient, l'impulsion autodestructrice qui incite Alfonso à déserter Annetta alors même que ses vœux sont sur le point de se réaliser ? Quoi qu'il en soit, les analyses de Svevo étaient trop subtiles pour plaire au public de l'époque (qui, ne l'oublions pas, était celle de la grande vogue du style “ liberty ” et des extériorisations grandiloquentes et prestigieuses de L'Enfant de Volupté de D'Annunzio). On ne saurait dès lors s'étonner que cet ouvrage n'ait eu qu'un retentissement limité presque exclusivement à Trieste. Svevo n'en poursuivit pas moins la voie solitaire qu'il s'était tracée.

« Italo Svevo Ettore Schmitz, qui devait par la suite devenir, sous le nom d'Italo Svevo, un des maîtres du roman italien du XXe siècle, est né à Triesteen 1861.

Issu d'une famille bourgeoise, il fit ses études à Trieste et fut ensuite envoyé dans un collège en Allemagne.

De retour àTrieste, il fut contraint, à la suite de revers financiers subis par l'entreprise paternelle, d'entrer en qualité d'employé à la banque Union.

Savocation littéraire s'affirmait déjà : c'est en effet à cette période de sa vie que remonte son intérêt pour les grands romanciers russes et leroman naturaliste français ; c'est également alors qu'il entreprit de collaborer au journal l'Indipendente et de rédiger ses premièresoeuvres, surtout destinées au théâtre.

De son expérience de modeste employé de banque et de l'étude approfondie du roman italien dela fin du siècle dernier naquit son premier roman, Une Vie, qu'il publia à compte d'auteur en 1892. Encore lié à la représentation vériste et naturaliste des milieux et des personnages qu'il dépeint, ce roman s'attarde avec un peu trop decomplaisance sur la description de la vie et des moeurs des employés de banque.

Mais dans son analyse des relations amoureusesd'Alfonso et d'Annetta, Svevo se révèle un écrivain infiniment plus moderne et plus subtil que ses contemporains.

Comment expliquer,sinon par une analyse psychologique déjà très poussée, les brusques changements d'attitude des deux protagonistes Annetta s'exaltantet devenant sensuelle au moment précis où Alfonso hésite et atermoie, ou, au contraire, battant froid à son amant dès que celui-ci secroit sûr de sa victoire ? Comment interpréter, sinon par quelque obscure injonction de l'inconscient, l'impulsion autodestructrice qui inciteAlfonso à déserter Annetta alors même que ses voeux sont sur le point de se réaliser ? Quoi qu'il en soit, les analyses de Svevo étaienttrop subtiles pour plaire au public de l'époque (qui, ne l'oublions pas, était celle de la grande vogue du style "liberty" et desextériorisations grandiloquentes et prestigieuses de L'Enfant de Volupté de D'Annunzio).

On ne saurait dès lors s'étonner que cet ouvragen'ait eu qu'un retentissement limité presque exclusivement à Trieste.

Svevo n'en poursuivit pas moins la voie solitaire qu'il s'était tracée. Svevo avait, entre temps, épousé une cousine éloignée, Livia Veneziani union heureuse s'il en fut et qui devait durer jusqu'à sa mort.

Ilfut amené à quitter son emploi pour prendre la direction d'une fabrique de vernis appartenant à la famille de sa femme.

C'est alors qu'ilfit imprimer, toujours à frais d'auteur, son second roman, Sénilité, qui parut en 1898.

La critique devait, plus tard, le reconnaître comme leplus parfait de l'auteur sur le plan structural et comme celui où l'art de Svevo avait déjà atteint sa pleine maturité et son originalitéprofonde. Emilio Brentani, le héros de Sénilité, est un célibataire de trente-cinq ans qui mène aux côtés de sa soeur, désormais vieille fille, uneexistence morne et résignée.

Il tombe brusquement amoureux d'Angiolina, jeune personne issue d'un milieu ouvrier qui, insensiblement,lui inspire une passion dévorante et tumultueuse.

Il s'agit, en fait, de l'histoire d'un amour dont les protagonistes sont un intellectuel quia jadis publié un roman (ce trait est d'ailleurs très autobiographique) et une jeune fille qui, peu à peu, se révèle aussi vivante etattachante que menteuse et duplice.

Mais l'originalité de Sénilité réside surtout dans l'extraordinaire liberté du récit, dont l'actionpsychologique progresse inexorablement jusqu'à la mort dramatique de la soeur d'Emilio et au départ d'Angiolina, qui quitte Trieste encompagnie d'un rival du héros.

Les personnages, les paysages, la ville elle-même constituent les éléments d'une représentation déjàfortement intériorisée.

Ici encore, l'analyse critique et ironique domine ; mais elle est mise en valeur par la peinture, vivante et colorée,de certains personnages secondaires et de certaines scènes ou situations, peinture qui forme une sorte de contrepoint à l'introspection duhéros. La critique observa, à la parution de ce livre, un mutisme plus profond encore qu'à celle du précédent.

Et bien des années devaient encores'écouler avant que les écrivains de la nouvelle génération les romanciers florentins du groupe de "Solaria", le jeune Moravia, le jeuneVittorini prissent conscience de l'influence exercée par cette oeuvre sur leurs propres travaux.

Svevo cependant, vraisemblablement déçupar l'accueil négatif réservé à son second roman, et toujours plus absorbé par la direction de son entreprise, vécut une très longue périodede silence créateur.

Les loisirs forcés auxquels le contraignit à Trieste la guerre de 1914, puis la lecture de Freud, l'incitèrent à reprendreson activité littéraire.

C'est ainsi que naquit son chef-d'oeuvre, La Conscience de Zéno, dont le héros relate sa vie à la première personneet qui constitue, dans le cadre de la poétique de Svevo, une oeuvre un peu analogue à la Recherche de Proust. La Conscience de Zéno, qui se subdivise en plusieurs parties, a une structure très libre.

Son héros, Zéno Cosini, fait à un psychanalyste lerécit de sa vie.

Personnage apparemment inadapté, neurasthénique et tourmenté, il commence par relater comment il a été amené àentrer en clinique dans l'espoir de perdre l'habitude invétérée de fumer ; de cet épisode récent, il remonte à la période dramatique de lamort de son père ; puis, élargissant et approfondissant son récit, il en vient à reconstituer l'histoire de son mariage.

Tout d'abord épris dela belle Ada, sa future belle-soeur, il a néanmoins courtisé et fini par épouser la laide, mais aimante Augusta.

Suit une aventure extra-conjugale avec une jeune chanteuse, Carla.

Des affaires entreprises avec son beau-frère Guido mènent celui-ci au suicide et auront lacurieuse conséquence d'enrichir Zéno.

Le patient évoque enfin le souvenir récent des journées qui précédèrent et suivirent, dans lacampagne triestine, la déclaration de guerre.

Svevo construit ainsi, par couches successives, une histoire contée à posteriori dont les diverséléments remontent graduellement au niveau de la conscience, et qui est chargée d'ironie, de sens social et dramatique.

Par sonintériorité, l'autonomie délibérée de son langage et sa dimension structurale, ce livre s'inscrit parmi les grandes oeuvres de la premièremoitié du XXe siècle, celles de Proust, de Joyce et de Kafka.

James Joyce, qui l'avait lu au moment où il avait fait, à Trieste, laconnaissance de Svevo, en saisit aussitôt l'importance.

Il fallut toutefois près de deux ans pour que La Conscience de Zéno, publié en1923, commençât à remporter un succès d'estime.

Le célèbre article d'Eugenio Montale, qui "découvrait" Svevo en 1925, et, en France, lesefforts de Valéry Larbaud et de B.

Crémieux marquèrent le début de la notoriété de Svevo, qui n'a cessé dès lors de s'affirmer. Le grand romancier triestin devait mourir quelques années plus tard à l'âge de soixante-huit ans, des suites d'un accident d'auto.

Illaissait plusieurs oeuvres inachevées.

Ses dernières productions toutefois des récits de L'Histoire du bon vieux et de la belle fille et de Unefarce réussie aux ébauches du Court voyage sentimental et du Vieillard témoignent de l'inquiétude et de l'insatisfaction de l'auteur, quicontinua jusqu'à la fin à s'aventurer au-delà de soi-même.

On ignore quelle aurait été la forme définitive de son dernier roman, LeVieillard, que l'on peut imaginer comme une suite à La Conscience de Zéno.

Mais l'unique fragment que l'on en possède (et dans lequelon retrouve le sourire bienveillant et la tolérance d'un Zéno vieilli) frappe par une forme de narration (extrêmement libre, analytique,attachée au présent de la découverte immédiate) en laquelle on pourrait déceler les toutes premières manifestations de ce que l'onnomme aujourd'hui "l'anti-roman".

En tout état de cause, Svevo a été un précurseur.

Grâce à sa lutte solitaire et opiniâtre en vued'explorer la réalité complexe de l'âme humaine, il a ouvert la voie au nouveau roman italien voire, et même au nouveau roman toutcourt.. »

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