Italie (1980-1981): La société du spectacle...
Publié le 17/09/2020
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Italie (1980-1981): La société du spectacle...
L'Italie est le seul pays au monde où tout peut arriver sans que quoi que ce
soit change dans la vie nationale.
Cristallisée dans sa dynamique byzantine
millénaire, la péninsule rejette les grilles d'analyse valables ailleurs.
Le débat qui a caractérisé la vie politique italienne au début des années
quatre-vingt porte essentiellement sur le problème de l'État - c'est-à-dire de
la sécurité intérieure.
D'un côté, gouverner revient à gérer habilement une
crise permanente ; de l'autre, dans le domaine économique, deux réalités
contradictoires coexistent, dont la symbiose est parfois réelle, parfois
apparente: un taux élevé de chômage qui s'accommode d'un développement
généralisé du travail au noir ; et le dynamisme et la compétitivité d'un monde
des affaires souvent capable de s'imposer même sur les marchés internationaux.
Mais une autre lecture de la réalité italienne est possible: celle de la
société-spectacle ou, du moins, le spectacle que la société des gouvernants
donne d'elle-même à travers ses mass media.
L'année 1980 se présentait mal: 20% d'augmentation prévue du coût de la vie, 1
700 000 chômeurs, un "trou énergétique" d'environ 22 millions de tonnes de
pétrole.
En revanche, la lutte contre le terrorisme se porte bien: c'est l'année des
grands coups de filet et des repentirs sincères, fonctions complémentaires où
les seconds déterminent en grande partie les premiers...
Tragédie qui se termine en farce aux cris de: un, dix, cent, mille Fioroni (le
premier des "repentis" nationaux) - ils sont déjà une centaine, ces
ex-terroristes qui, à peine arrêtés, se mettent à table.
La débandade.
Les
groupes encore en vie frappent désormais à l'aveuglette avant d'être arrêtés en
masse.
Mais que les supporters se rassurent: à la fin de l'année, les Brigades
rouges réussiront à rétablir un semblant de rapport de force avec l'enlèvement
du juge d'Urso.
Entre-temps, la vie culturelle était bouleversée par la redécouverte d'un tas de
vieilles choses.
Pour ce qui est des moeurs, les Italiens ont continué à parler
sexe, drogue, prostitution et homosexualité dans les écoles, mais il ne faut pas
croire pour autant à une libéralisation des coutumes.
Le valeureux Wojtyla et sa
croisade contre l'avortement y veillent.
La question de l'État: en Italie, on ne demande pas à un gouvernement de
gouverner, mais seulement de garantir la stabilité, l'équilibre des forces et de
maintenir la paix sociale (en fait: réprimer).
Vision de l'État directement
inspirée du fascisme et de la monarchie - les patrons, publics ou privés, sont
là pour penser au reste.
L'aventure survenue au brave président Cossiga est
exemplaire: présenté comme l'homme du renouvellement de l'État, il finit par
tomber à la suite d'un scandale.
Il sera immédiatement remplacé par son fidèle
compagnon d'armes, Forlani: la continuité sans alternative, modèle et principe
de la démocratie italienne, est sauve..
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