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Ionesco

Publié le 08/12/2021

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IV. En quoi Bérenger devient-il héroïque à la fin ?



Les didascalies marquent les différentes étapes du monologue, Bérenger lutte contre lui-même : il est face à un dilemme. Une partie de lui veut devenir rhinocéros, mais au fond de lui il veut rester un homme. Les objets (tableaux et glace) sont liés à l'aspect visuel et renvoient donc à la question de l'identité. Bérenger se demande qui il est.

Dans la première partie du monologue, presque toutes ses phrases sont exclamatives et brèves, on voit qu'il est bouleversé. B. s'interroge, va-t-il être lui aussi gagné par la rhinocérite ? Bérenger se sent laid, il se dévalorise physiquement, en comparant son corps à celui des rhinocéros. Il est attiré par leur physique. Il est tenté de devenir comme eux. Cette fascination pour les rhinocéros est disproportionnée.

Après plusieurs tentatives il admet son impossibilité à leur ressembler. C'est cet échec qui le fait douter, il semble devenir fou, la différence le fait souffrir.



C'est seulement à la fin de son monologue qu'on remarque un changement de ton : il tourne le dos à la glace et fait face aux rhinocéros. Dans cette seconde partie du monologue, Bérenger a décidé de réagir les exclamations démontrent le mouvement soudain de révolte. Il s'affirme. Son vocabulaire devient militaire, il décide de résister par la force.



Ce passage est composé de deux parties inégales provoquant un suspense jusqu'au dernier moment.

Première partie : longue partie où Bérenger exprime ses doutes, ses hésitations, il se remet en question, ne sait plus quoi penser, il culpabilise, pense qu'il a eu tort de ne pas devenir rhinocéros comme tout le monde.?

Deuxième partie : beaucoup plus courte, mais en totale opposition avec la première : Bérenger a un sursaut. Il décide de résister, de rester un homme.

Ce dénouement est relativement optimiste, car Bérenger n'a pas cédé à la contagion et il décide de se battre pour sauver sa dignité d'homme. Pourtant, Bérenger était un homme moyen, ordinaire, même plutôt faible, paresseux et alcoolique. S'il a su résister, Bérenger représente l'homme en général, ce n'est pas un surhomme.

Le personnage est partagé entre son envie de faire et la réalité de ce qu'il peut faire : il se sent impuissant.

Ce monologue est centré sur un débat intérieur. On remarque que le débat n'est pas intellectuel. Bérenger ne pèse pas les avantages qu'il aurait à être rhinocéros, ou à rester homme. Il peut même surprendre avec ce que l'on pourrait appeler ses arguments. Il se contente d'affirmer son humanité. Tout repose sur une conviction.



Le rythme de la scène est donné par des impulsions, des réactions, par exemple le dégoût que Bérenger exprime en se voyant.

Lors de sa décision finale, son choix en faveur de la résistance semble se faire de façon fataliste. Ce qui laisse supposer que cette décision n'a rien à voir avec aucune forme d'héroïsme, mais au contraire qu'elle a été prise par dépit. C'est son incapacité à se métamorphoser qui le conduit à choisir l'humanité.



A travers ce monologue final, Ionesco nous encourage à ne pas penser comme tout le monde. Il dénonce toute forme de totalitarisme à travers la rhinocérite, plus particulièrement le nazisme. Chaque personnage représente une catégorie bien définie : il y a des collaborateurs (Botard), des intellectuels compréhensifs (Dudard), des gens qui suivent le plus grand nombre (Madame Boeuf, Daisy) et il y a Bérenger, sans conscience politique. Il n'est pas humaniste dans son discours, mais il défend l'humanité d'abord de manière hésitante, puis résistante. Il hésite : dans la plus grande partie du monologue, il est tenté par la rhinocérite : ce serait plus simple, plus confortable, moins suspect, et ce serait se laisser séduire par une propagande bien organisée, il a même mauvaise conscience d'être marginal. Mais l'esprit de résistance est plus fort, pourtant sans arguments, seule la conviction que l'homme est menacé dans son plus grand droit : la liberté.







Bérenger devient un héros théâtral par sa parole solitaire qui l'entraîne à un monologue tragique et absurde. Sa résistance ne conduit à rien sur le plan individuel, mais c'est néanmoins un symbole.

C'est une fin « ouverte », on peut s'interroger sur la suite des évènements : Bérenger arrivera-t-il à résister ? Quelles sont ses chances ?

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