Introduction de l’analyse linéaire du poème « Le Mal » des Cahiers de Douai
Publié le 03/03/2024
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«
Introduction de l’analyse linéaire du
poème « Le Mal » des Cahiers de
Douai
Phrase d’accroche
En 1870, une guerre éclair contre la Prusse secoue la France.
Ce conflit sanglant conduit le
second empire à son terme après la célèbre défaite de Sedan.
La même année, le jeune poète Arthur Rimbaud, tout juste âgé de 16 ans,
fugue pour la première fois de chez lui.
Présentation de l’auteur
Or, ce n’est qu’une partie des révoltes qui couvent chez Arthur Rimbaud à
cette époque.
Le jeune homme rêve de liberté : il veut renouveler la poésie, le langage,
il refuse la guerre, le consensus religieux aveugle autour de l’Église
catholique Ainsi que la médiocrité de la petite bourgeoisie de campagne
qu’il connait à Charleville-Mézières, sa ville de naissance.
Aussi, l’histoire d’Arthur Rimbaud est-elle celle d’une fulgurance, d’un cri
de révolte, et d’une fuite constante.
Enfant sage, bon élève, il brille principalement dans les disciplines
littéraires.
C’est sa rencontre avec le professeur Georges Izambard qui va
le pousser à s’intéresser à la littérature en tant qu’artiste.
Commence une quête de liberté pour le jeune Rimbaud.
Quête qui
s’exprime par des fugues répétées, et par une volonté de révolutionner le
langage poétique.
Présentation de l’oeuvre
Le poème « Le Mal » se trouve dans la première partie du premier recueil d’Arthur
Rimbaud : Cahier de douai.
Ce recueil dont Rimbaud écrit les poèmes à l’occasion de ses
fugues en 1870 ne sera publié qu’après sa mort, en 1919.
Dans « Le Mal » Arthur Rimbaud dresse une triple critique.
Le Mal du titre, c’est d’abord la guerre, puis le Roi, et enfin Dieu, chacun
portant la responsabilité du mal précédent.
Pourtant, au milieu du sonnet, Rimbaud propose une porte de sortie, un
message d’espoir : la Nature est pour lui un dieu paisible.
Dénaturer,
c’est corrompre, et s’exposer au mal.
Problématique
Pour guider notre explication du poème, nous nous demanderons par
quels moyens Rimbaud dénonce la guerre et la religion dans ce
sonnet.
Plan
Pour mener cette analyse linéaire du poème « Le Mal » d’Arthur
Rimbaud, nous suivrons le mouvement du texte qui dépasse le simple
découpage des strophes.
La premier mouvement, du vers 1 au vers 6 est une représentation
picturale de l’horreur du combat.
Le second mouvement, aux vers 7 et
8 introduit le thème de la Nature.
Le premier tercet est consacré à la
critique de Dieu et le dernier tercet donne à voir la misère et la
tristesse du peuple.
« Le Mal » d’Arthur Rimbaud :
Analyse linéaire
Le Mal analyse linéaire : l’horreur du combat
Strophe 1
Le poème s’ouvre mystérieusement sur une proposition subordonnée
conjonctive circonstancielle de temps introduite par “Tandis que”.
Le
verbe principal de la phrase ne sera révélé qu’à la troisième strophe.
Le poète veut, alors qu’il s’apprête à décrire les horreurs de la guerre,
que le lecteur se souvienne qu’il se passe quelque chose pendant les
affrontement.
(Voir premier tercet : la critique de Dieu qui rit et dort)
Le premier vers plonge le lecteur dans un univers de violence et de sang.
En effet, la métaphore des “crachats rouges de la mitraille” peut
évoquer le sang craché par les soldats à l’agonie.
L’emploie du nom “crachat”, vulgaire et aux sonorités dures, dévalorise la
guerre.
La violence n’est pas idéalisée.
Ce premier vers laisse également entendre une allitération en -r qui fait
entendre le chaos régnant sur le champs de bataille.
L’enjambement du vers 1 au vers 2 renvoie le verbe de la phrase
“sifflent” au début du vers suivant et créé un sentiment d’instabilité.
Aussi, le lecteur peut avoir l’impression d’entendre soudainement la
mitraille lui siffler à l’oreille.
Au niveau des sonorités, on retrouve à deux reprises le -f (sifflent ; infini)
qui imite le bruit des balles frôlant les soldats.
Le lecteur se retrouve
donc immergé dans l’horreur du combat.
Rimbaud insiste sur le fait que les soldats n’ont aucun repos.
Il
utilise l’hyperbole “tout le jour” pour montrer que le combat ne faiblit à
aucun moment.
Pourtant, une couleur douce et rassurante subsiste, il s’agit de “l’infini du
ciel bleu”.
Ici, le poète prépare son évocation de la Nature divine et
salvatrice.
Cependant, l’apaisement du bleu n’est que de courte durée puisque le
rouge revient, encore plus intense, au vers 3 avec l’adjectif “écarlates”.
On comprend que la guerre efface la nature.
Au niveau des couleurs, le rouge est omniprésent : “rouges” ;
“écarlates” ; “feu”.
Il illustre la violence, le sang et le mal en général.
On note également la présence du vert avec l’adjectif “verts”.
Il fait
référence à la couleur de l’uniforme des soldats prussiens (les français
sont en rouge).
Rimbaud déplore les pertes inutiles dans les deux
camps.
Cette première strophe revêt donc un caractère profondément pictural.
Rimbaud nous montre une scène de combat de loin en insistant sur les
couleurs : on ne distingue que le rouge du sang, les uniformes des
soldats, et le ciel bleu au-dessus.
Plus généralement sur le vers 3, c’est l’allitération en -r qui fait son
retour et renforce la violence un temps oubliée grâce au “ciel bleu”.
La figure du “Roi” est vivement critiquée.
Cette autorité représente en
fait l’empereur Napoléon III, et plus généralement, toute figure de tyran.
On voit qu’il ne se soucie pas des pertes humaines, au contraire il “raille”
les soldats.
Cela montre bien l’aversion de Rimbaud pour la guerre et les
hommes au pouvoir qu’il tient pour responsables.
Si le roi est mentionné de manière individuelle, ce n’est pas le cas des
soldats qui sont déshumanisés par leur nombre : ils sont des “bataillons”,
“une masse” puis “cent milliers d’hommes” et enfin un “tas fumant”.
D’ailleurs, la métaphore filée du bucher, ou du brasier (“dans le feu”
puis “tas fumant”) suggère que les soldats ne tombent “en masse” que
pour alimenter un chaos de plus en plus grand et de plus en plus
dévorant.
Ici, il ne semble pas y avoir de vainqueur.
Les vers 3 et 4 laissent entendre une assonance en -a qui peut
justement évoquer les cris d’agonie des soldats sacrifiés.
Strophe 2
Le début du deuxième quatrain réitère et poursuit la subordonnée de
temps introduite par “Tandis que”.
Le poète n’a pas terminé de peindre
le chaos.
Il allonge sa phrase sans utiliser de ponctuation forte comme
pour symboliser la lutte qui s’éternise.
Ainsi, le combat déborde dans la seconde strophe, comme s’il était
impossible de le contenir en seulement 4 vers.
La force de l’adjectif “épouvantable” laisse transparaître la position du
poète qui se révèle profondément choqué par l’horreur de la guerre.
L’horreur est renforcée par l’utilisation du verbe broyer à la fin du vers 5.
Le tableau de la guerre se clôt par la mort des soldats, la transformation
de “cent milliers d’hommes” (hyperbole) en “un tas fumant”.
L’emploi du verbe “faire” montre que la guerre possède un pouvoir de
transformation, qui s’apparente en fait plus à défaire qu’à réellement
faire.
Enfin, le “tas fumant” parachève de déshumaniser et dévaloriser les
soldats qui ne sont plus qu’un amas de chair
meurtrie.
L’adjectif “fumant” peut faire penser à un tas de....
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