Interprétation Littéraire: Auschwitz et après
Publié le 20/06/2025
Extrait du document
«
HLP/ Sujet d’interprétation.
La Seconde Guerre Mondiale fut la guerre la plus violente et la plus sanglante de
l’histoire notamment à cause du génocide juif et des camps de concentration.
L’horreur
dont les victimes ont été témoins, quand elle ne leur pas ôté la vie, leur a laissé de
profond traumatisme.
En effet, dans les camps de concentration voire d’extermination, la
mort est omniprésente, les gens meurent ou sont tués en masse.
De nombreux auteurs, comme Charlotte Delbo, ont témoignés par écrit de ce qu’ils ont
vécus, à la fois pour faire bouger les consciences, pour faire office de mémoire ou pour se
libérer de certains traumatismes grâce à l’écriture.
Charlotte Delbo écrit Auschwitz et
après pour témoigner de son vécu dans les camps de concentration en tant que
prisonnière politique.
L’écriture est ainsi un moyen de montrer l’horreur de la guerre, sans
filtre, mais aussi de parler de ses traumatismes.
Pour cela, Delbo fait appelle à une
analogie puissante et même choquante entre les cadavres d’Auschwitz et des mannequins
de magasins pour vêtements.
Elle met ainsi en lumière, l’inanimation, la déshumanisation
et la dégradation absolue des corps des anciens détenus.
Comment Delbo donne-t ’elle à voire l’abomination des camps d’extermination grâce à
une analogie puissante et significative entre les cadavres et de simples mannequins ?
Dans un premier temps, nous aborderons la volonté d’objectivisation des corps et des
détenus par le régime nazi.
Puis, nous verrons que cette analogie révèle les traumatismes
et les violences subit par les prisonniers.
Enfin, nous nous interrogerons sur le désir de
Delbo de garder une trace de ces femmes grâce à son récit.
Dans un premier temps, nous verrons que l’analogie entre les cadavres et les
mannequins qui ne sont que des objets inanimés crée un effet de déshumanisation des
détenus et de leur dépouille.
En effet, cela crée chez le lecteur l’impression que les corps
n’appartiennent plus à des hommes mais sont seulement des objets, mais cette
objectification des hommes passe aussi par la description de corps quasiment inhumains.
Tout d’abord, les corps nous sont présentés comme des objets par l’expression, « Il y en a
plein la cours.
Nus, rangés les uns contre les autres ».
Le pronom « y » donne
l’impression d’invisibiliser les femmes, on ne parle plus que de la masse de corps, le
verbe « ranger » renvoie lui aussi à des objets et non plus à des personnes.
De plus, à
cause des mauvais traitements, de l’affamement et du froid nous sommes confrontés dans
ce texte à des corps déformés presque inhumains, par exemple la répétition de la couleur
« blanc », ligne 16, 19, montre que les corps dont on nous parle sont démunis de toute
vitalité, jusqu’à en perdre toute couleur.
De la ligne 14 à 20, elle décrit des corps très
précisément en insistant sur un ensemble de détail qui semble les éloigner toujours un peu
plus de la condition humaine.
La volonté de déshumanisation de ces femmes par la
description de ces dépouilles poussée à l’extrême nous apparait alors brutalement et
nettement car elle ne peut pas refléter un simple hasard.
L’hyperbole de la ligne 20,
« d’un ridicule terrible » dénonce ainsi l’état horrible dans lequel sont plongés ces
cadavres, mais qualifie aussi l’ignominie et la risibilité du projet de déshumanisation des
détenus par les nazis.
L’auteure insiste également sur la nudité et le crâne rasé des
cadavres, ces éléments semblent retirer toute dignité à ses anciens détenus, ainsi que toute
trace de civilisation.
C’est entre autres par cette nudité et ces crânes rasés que les corps et
les mannequins sont semblables, en effet, les mannequins qui ne sont pas humains n’ont
pas nécessairement besoin de vêtements ou de cheveux pour conserver leur dignité.
L’accumulation de la ligne 29 à 30 accentue notamment cette importance des vêtements,
avec l’idée selon laquelle même les mannequins sont vêtus, et que les vêtements sont
indispensables à l’homme et marque sont humanité.
Cependant, même si Delbo fait un
rapprochement entre la condition des mannequins et celle des morts, il y a un inversement
entre les hommes et les mannequins et cela ne se résume pas seulement aux vêtements.
En effet, si le verbe « ranger » est utilisé pour parler des corps, c’est le verbe « coucher »
que Delbo emploi pour les mannequins comme s’ils devenaient plus humains que les
cadavres.
De plus, les livreurs sont précautionneux vis-à-vis des mannequins en les
portant « précieusement », les mannequins sont alors mieux traités que les humains alors
qu’ils ne sont pas animés, les mannequins sont également déchargés du camion tandis que
les femmes sont par opposition chargés dedans.
Cette différence de traitement s’incarne
aussi l’opposition des températures : « le froid », « la neige » et « l’hiver » pour les corps,
témoignant de la désolation, et de la froideur des SS, contre « l’été » et « la chaleur »
pour les mannequins à qui on donne des conditions moins rudes et bien plus supportables.
Dans un second temps, nous verrons que ce texte, notamment par l’analogie, est vecteur
de traumatismes profondément inscrits dans l’auteure.
Tandis que, Primo Levis dans Si
c’est un homme semble faire état de fait sans laisser transparaitre ses émotions ou ses
ressentis, le texte de Delbo quant à lui est marqué par ses pensées et impressions.
En
effet, le champ lexical de l’émotion est très présent dans le texte : « troublée » (l.28), « le
malaise » (l.33), « peur » (l.64) … ainsi que le pronom « je » qui est placé au centre du
texte en nous donnant accès aux pensées de l’auteure.
De plus, l’idée de la mort et de la
souffrance sont omniprésentes dans ce texte, elles reflètent la réalité des camps,
désormais ancrées en Delbo qui la perçoit même à travers des objets tels que des
mannequins : « le même malaise que de voir un mort pour la première fois » (l.33) ou « il
y a des spectres qui parlent » (l.55).
Cette deuxième citation est particulièrement
frappante pour le lecteur, on peut d’ailleurs l’interpréter de deux manières différentes.
Tout d’abord, « les spectres » peuvent simplement renvoyer aux corps décharnés et à
l’apparence blanche, presque fantomatique ou cauchemardesque de ces femmes qui ont
été violentée, ou « les spectres » peut être pris au premier sens du terme comme si le
souvenir de ces femmes hantait Delbo.
Ainsi, les fantômes de ces femmes lui parleraient
toujours à travers ses souvenirs et ses rêves, cette affirmation est ainsi une preuve de la
marque indélébile laissé par les camps dans son esprit, avec des souvenirs qui tourne en
boucle et qu’elle ne peut oublier.
L’idée de la souffrance est particulièrement développée
de la ligne 37 à 42, et est soutenue par la position anaphorique du pronom « elles » et de
l’adverbe « hier », mais cette souffrance semble se prolonger même dans la mort : « La
mort au block 25 n’a pas la sérénité qu’on attend d’elle, même ici… » (l.45).
En effet,
même dans la mort les corps....
»
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