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Incipit du mon manuscrit à paraître baptisé Le Couvercle du cercueil

Publié le 21/10/2023

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« Incipit du mon manuscrit à paraître baptisé Le Couvercle du cercueil « Les rayons du soleil s'étaient résignés à percer à travers les sombres voiles nuageux, laissant place à un crépuscule ballonné de noirceur sur Natitingou.

Depuis les montagnes de Tchirimina, la nuit descendait lentement, caressant le quartier de son obscurité, engloutissant progressivement les demeures.

Telle une armée victorieuse de retour d'une triomphale bataille, les moutons, unis dans leur démarche et bien disciplinés, regagnèrent fièrement leur lieu de repos, leurs pattes à peine frôlant le sol à chaque pas.

On les eût confondus à un groupe de femmes rentrant d'un défilé de l'Indépendance, traînant les pieds comme si les enfants avaient déjà préparé le repas pour leurs époux.

Au loin, galopaient les écoliers, impatients à l'idée de la gaieté anticipée du samedi, où ils iraient en montagne marauder les mangues.

C'était l'heure où les écoliers et les élèves regagnaient leur domicile après les cours de l'après-midi.

Les rues étaient toutes envahies par les chants frénétiques des apprenants. Trois lycéennes, debout et devisant familièrement de leurs affaires de jeunes femmes et de belles demoiselles, des conversations énigmatiques que seules les mères sont à même de décrypter, se moquèrent discrètement des trois jeunes collégiens qui les suivaient à pas élégants, et qui ajustaient constamment leur col à peine démis pour adopter une attitude sérieuse et charmante.

Les demoiselles reprirent leur marche, se tenant par la hanche, et lorsqu'elles s'aperçurent que les trois garçons accéléraient le pas, peut-être pour réduire la distance qui les séparait, elles s'arrêtèrent brusquement.

Ecoutant attentivement ce qui se passait autour d’elle avec un effet d’énigme, elles tendirent l'oreille pour saisir les intentions de ces jeunes prétendants.

Comme s'ils possédaient un don de clairvoyance pour deviner les intentions d’autrui, les garçons cessèrent de marcher et de converser, scrutant tout autour d'eux comme s'ils cherchaient quelque chose qu'ils avaient égarée.

Cette action comique de ces jeunes garçons réveilla l'instinct railleur des filles.

Il ne pouvait en être autrement, car être collégien, surtout dans un établissement où le port du kaki short était imposé, signifiait prendre le risque d'être l'objet de railleries en courtisant une lycéenne.

Enfin, sur la terrasse blanche de l'étage, à quelques pas de l'École Primaire de Tchirimina, un édifice du quartier où régnait un silence inquiétant au quotidien, se tenait une femme, moi.

Blottie contre un pilier, la main en visière, mon œil vigilant scrutait l'horizon, explorant le crépuscule voilé d'ombres à la recherche des premières étoiles.

Soudain, un signal d'alerte virtuel m'interpella.

Je pris une profonde inspiration et déclenchai l'alarme.

On eût dit que l'armée babylonienne se massait autour de Jérusalem, prête à envahir le temple.

C'était sans aucun doute un bruit indésirable.

Il fallait y croire et y faire face.

Elle était là, près de moi.

Pourquoi fallait-il que ce fût moi ? Encore une pièce mal positionnée dans le jeu du destin, balayée comme un raz de marée ? Il m'était extrêmement difficile de répondre par la négative.

En réalité, c'était la deuxième fois consécutive, au cours de la même année, que ma grossesse s'interrompait prématurément.

Ce soir-là, je bouillais de rage lorsque je fis une fausse couche.

Submergée par l'inquiétude et l'angoisse, je m'enfonçai dans un sommeil lourd.

J'étais dans un état d'agitation.

Le deuil brûlant qui envahissait mon esprit provoquait une migraine insoutenable. Un lancinant malaise tiraillait mon bas-ventre, une douleur cuisante irradiant depuis ma hanche, mes seins meurtris de sensibilité, et mon entrejambe était submergé d'un sang qui coulait abondamment.

Chaque fibre de mon être criait sa douleur.

Après deux heures de sommeil agité, je me levai avec peine, réveillée par l'arrivée de mon époux, accompagné de sa mère, cette femme dont le cœur semblait dévoré par la haine.

Aucun samedi, elle ne faillissait à sa visite, scrutait chacun de mes pas avec une pénétration presque cruelle, accordait une foi naïve à tout ce que les hideux charlatans lui narraient à mon sujet.

Combien de fois avait-elle fait remarquer à son fils qu'un de ses vétérans visionnaires avait révélé que je représentais une épine dans son existence, que la responsabilité du manque d'enfant dans notre union m'incombait incontestablement, et qu'à brève échéance, je répandrais la terreur et le chaos au sein de la famille ! Mon époux n'accordait guère crédit à ces dires aux teintes calomnieuses, mais il n'osait pas non plus manifester ouvertement sa compassion envers moi. Jamais il ne prenait la parole pour me défendre lorsque sa mère proférait des insultes à mon endroit.

Il demeurait toujours silencieux comme une pierre, plus muet qu'une sépulture interrogée.

Il assistait souvent à la scène en silence, sans émettre le moindre mot.

Mon chagrin, qui se manifestait fréquemment sur mon visage attristé, n'était à ses yeux qu'une de ces hypothétiques blessures qui apparaissent sur le corps d'une femme après une tentative de viol.

Peut-être souffrait-il du mirage d'Épiméthée, ou peut-être était-il subjugué par le charme du positivisme chrétien, voire imprégné du ça va aller propre aux Africains, car dès que sa mère s'éloignait, il me glissait souvent que je n'avais qu'à puiser dans mon intrépidité pour surmonter ces épreuves.

Et peut-être imaginait-il que je me réchauffais auprès d'un mari attentionné, capable de raviver mon moral, ou encore que je me délectais de souvenirs exceptionnels de nuits de noces, moments où Dieu aurait semé quelques miettes de joie et de plaisir dans notre foyer.

Comlan demeurait souvent tranquille et impassible, même face aux calomnies dédaigneuses des voisins.

Était-il un mari en qui une épouse pouvait trouver refuge lorsqu'elle était envahie par la peur ? Je me trouve dubitative.

D'ailleurs, lui-même ne pouvait le savoir, et cette question impertinente ne pouvait guère effleurer son esprit.

Ainsi, les injures des voisins étaient libres de s'exprimer, tout comme leurs passions disproportionnées. Un jeune garçon du voisinage, mû par une audace démesurée, aurait pu me courtiser sans que cela ne suscite son indignation.

Les oiseaux perchés sur les manguiers ne se montreraient pas plus conciliants que nos voisins impudents.

Il serait superflu de souligner que les enfants des voisins pouvaient omettre de me saluer lors de nos rencontres, sans que cela ne lui paraisse irrespectueux ou inconvenant.

Quant aux promesses divines, elles n’ont pas plus de crédibilité que tout ce qui me tourmentait ou m'effrayait.

Considérant son impassibilité face aux railleries des voisins, il m'était toujours surprenant de vivre une semaine sans ressentir la solitude.

En réalité, affirmer que je me sentais esseulée serait de l’euphémisme ; la langue se révélerait insuffisante pour attester la profondeur de mes sentiments.

Souvent, je jurais que mon époux avait dans les veines non pas du sang, de la sève, ou pire encore, de l'eau qui coule, mais plutôt du vent qui voltige au gré de sa sottise.

Voilà l'homme que je choisis pour époux, et malgré tout ce qui aurait pu susciter jugement, voire dégoût, je l'aimais d'un amour désintéressé et inconditionnel.

Alors, comment aurais-je pu confier à mon époux, et plus encore en présence de sa mère, la tragédie préalable à leur arrivée ? » Commentaire de l’incipit/ Projet d’écriture Chaque récit est porteur d'une intention, un souffle créatif qui donne vie à des mondes et à des personnages.

Au cœur de ces mots se cachent des émotions, des thèmes et des réflexions que l'auteur aspire à partager avec le lecteur.

Mon intention d'écriture réside dans la volonté d'explorer les nuances de l'âme humaine, de tisser des liens entre les individus et de donner voix aux histoires qui résonnent en nous.

À travers ces pages, je cherche à capturer l'essence de l'expérience humaine, à susciter l'émotion et à offrir un miroir dans lequel chacun peut se refléter.

Cette intention guide ma plume et éclaire les chemins que mes personnages emprunteront.

Dans cette présentation, je vous dévoilerai les différentes facettes de mon intention d'écriture à travers six axes fondamentaux : le style descriptif, l'atmosphère que je cherche à instaurer, le cadre qui sert de toile de fond à l'intrigue, les thèmes qui seront explorés, le choix de l'homodiégénicité pour la narration, ainsi que la manière dont les personnages seront développés et mis en scène pour servir l'intrigue.

Chacun de ces éléments joue un rôle crucial dans la création d'une expérience littéraire immersive et riche en émotions.

Nous allons ainsi plonger dans les détails de chaque aspect, pour révéler comment ils s'entremêlent pour donner naissance à une histoire qui espère captiver et toucher le lecteur de manière profonde et significative. L'incipit que j'ai écrit, intitulé « Étreintes du Crépuscule », est le fruit d'une combinaison d'inspirations et de réflexions profondes.

Il puise son essence dans mon désir d'explorer la complexité des relations humaines, en particulier au sein d'une communauté africaine noire marquée par des attentes sociales et des pressions.... »

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