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Histoire des arts La Colombe poignardée et le jet d’eau

Publié le 26/02/2024

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« Histoire des arts La Colombe poignardée et le jet d’eau Thèmes : rupture et continuité - art et pouvoir Domaine : Arts du langage : littérature (poésie) Problématique : En quoi ce calligramme dénonce-t-il les conséquences de la guerre à travers les amours et les amis perdus ? Introduction : Le poème intitulé La Colombe poignardée et le jet d’eau est un calligramme de Guillaume Apollinaire, paru dans le recueil Calligrammes publié en 1918 avec le sous-titre suivant « Poèmes de la paix et de la guerre » (1913-1916).

C’est donc un poème de circonstance puisque G.

Apollinaire s’est engagé dans l’armée en 1914, entrant ainsi dans la Première Guerre mondiale.

Il sera blessé à la tête par un éclat d’obus, mais son décès sera dû à la grippe espagnole. L’étude débutera par la présentation de Guillaume Apollinaire grâce à quelques éléments biographiques, puis il s’agira de situer le contexte historique et artistique dans lequel le poète a crée La Colombe poignardée et le jet d’eau.

Ensuite, nous poursuivrons par une analyse détaillée du poème ce qui permettra de mieux cerner son contenu et sa signification à travers la forme poétique adoptée par l’artiste. Enfin, des liens, des ponts pourront être établis avec d’autres œuvres évoquant la même thématique… I Situer et contextualiser l’œuvre choisie a- Biographie de Guillaume Apollinaire Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhem Apollinaris de Kostrowitsky, est né à Rome en août 1880, d’une mère issue de la petite noblesse polonaise Angélique Kostrowitzky et d’un père qui ne le reconnaît pas.

Elle lui donne les prénoms de Guillaume, Apollinaire et Albert, prénoms à partir desquels il formera son pseudonyme.

Il passe sa petite enfance en Italie, puis sa mère s’installera avec lui et son frère Albert à Monaco, pour continuer ensuite vers Paris et la Belgique. Fin 1898, ayant abandonné ses études sans avoir obtenu le baccalauréat, il flâne, lit et écrit.

Il veut être écrivain et journaliste. En 1901, il devient précepteur dans une famille allemande.

Il s’éprend d’Annie Playden, gouvernante anglaise qui lui inspirera quelques-uns des plus beaux poèmes d’Alcools.

Lorsqu’Annie le quitte, il la suit en vain jusqu'en Angleterre où elle l’éconduit. De retour à Paris, il continue à vivre avec sa mère et son frère.

Il est employé de banque dans divers établissement et commence à être connu comme écrivain et journaliste. En 1905, il rencontre Max Jacob, Picasso et devient habitué du Bateau-Lavoir où le peintre Picasso a son atelier.

De brefs séjours en Hollande et Belgique sont à noter durant cette période. En avril 1907, il s’installe à Montmartre et en mai il fait la connaissance de Marie Laurencin, femme peintre, avec qui il aura une liaison jusqu’en 1912.

En 1910, il commence l'écriture de poèmes recueillis dans Alcools. L’année 1909 est marquée par une grande activité littéraire et journalistique, il associe en effet une double activité : celle de critique d’art et de poète. Le 15 juin 1914, il rédige et publie le premier calligramme (qu’Apollinaire appelle alors « idéogramme lyrique ») dans Les Soirées de Paris : « Lettre-Océan ».

D’autres calligrammes paraîtront dans le numéro suivant (et le dernier) de la revue.

Il songe à en faire un album intitulé Et moi aussi je suis peintre.

La guerre en empêchera la réalisation. Il s'engage dans l'armée en décembre 1914.

En garnison à Nîmes, il connaît un épisode amoureux rapide mais intense auprès de Louise de Coligny, destinataire de tous les Poèmes à Lou. L’épreuve de la guerre lui inspire de nombreux poèmes qui mêlent les horreurs de la guerre à l’espoir de la vie et de l’amour. Blessé à la tête par un éclat d'obus en 1916, il retourne à Paris.

Il subit une trépanation pour un abcès. Il épouse Jacqueline Kolb, la « jolie rousse ». Guillaume Apollinaire meurt en novembre 1918 de la grippe espagnole.

Il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris. b- Le contexte artistique Cubisme, futurisme.

Modernité (télégraphe, cinéma…) Cf Cours d’arts plastiques c- Le contexte historique Première Guerre Mondiale (Cf.

Cours d’histoire) II Analyser et interpréter l’œuvre a- Calligramme : définition Le mot calligramme est un mot créé par G.

Apollinaire à partir des deux termes suivants : idéogrammes : symboles graphiques (un dessin représentant une idée ou un mot) + calligraphie (formé des termes grecs kallos « la beauté » et gramma « lettre, écriture »). Un calligramme est donc un poème où les vers sont assemblés de manière à figurer sur la page un objet, un dessin, généralement en rapport avec le sujet du texte.

On trouve donc associés le lisible et le visible .Il faudra alors un lecteur actif, car le parcours du calligramme sera à découvrir, à décrypter.

La déstabilisation du lecteur permet de le rendre davantage acteur de sa lecture.

Cette forme de calligramme a surtout été développée par Apollinaire, mais elle existe sous une forme proche dès Rabelais (XVI e siècle) avec la Dive Bouteille au Cinquième Livre. b- Organisation du calligramme / Composition sur la page Lorsqu’on découvre le calligramme intitulé « La colombe poignardée et le jet d’eau », deux éléments distincts sont identifiables et confirmés par le titre.

On observe dans la partie supérieure un oiseau, une colombe et dans la partie inférieure un jet d’eau issu d’un bassin (que l’on pourra analyser le moment venu comme un troisième élément.) Ce sont des mots qui dessinent les contours de ces « objets ». En détaillant davantage l’organisation du calligramme sur la page, on peut préciser que la colombe a les ailes déployées.

Est-elle vue de dessus, comme écrasée au sol ? Ou bien, est-elle en plein vol, à la verticale au dessus du bassin ? L’ambiguïté est intéressante à soulever et on pourra y découvrir en s’attachant au texte, ultérieurement, une double signification. Le deuxième dessin, le jet d’eau représente le double mouvement de l’eau qui jaillit mais qui retombe également.

Le bassin peut aussi figurer par sa forme ovale dont les bords se rejoignent soit les lèvres d’une bouche, soit un œil avec au centre sa pupille (œil en larmes comme le texte le signifie « le jet d’eau pleure sur ma peine ») Dans le choix de la typographie, on peut également faire quelques observations avant d’entrer dans la lecture elle-même : - On remarque la présence de trois signes dominants car plus gros et en gras situés sur un même axe vertical : - le C oblique du 1er dessin (la tête et le bec de la colombe) - le ? tout en haut des gerbes d’eau (un seul point d’interrogation pour un questionnement multiple – seul signe de ponctuation de tout le poème) - le O en bas, au cœur du bassin, origine de la source ou pupille de l’œil Ces trois signes tracent un axe de symétrie qui va nous aider dans la lecture du calligramme. - On note également dans les choix typographiques l’emploi des majuscules dans les prénoms des jeunes femmes et dans les « bords » du bassin.

Du sens pourra après lecture être élaboré quant à ses choix. (LECTURE CONSEILLEE ICI) c- Lecture du calligramme et images poétiques à retenir (néologisme, assonance, allégorie, accumulation, nom des vers) Après un léger tâtonnement, on remarque que la lecture s’opère par le code de lecture auquel nous sommes habitués : une lecture de gauche à droite. Apollinaire mêle tradition et nouveauté : même si le vers est bousculé, apparemment désorganisé, il demeure et c’est grâce à cela que le parcours de lecture va pouvoir s’effectuer sur l’espace de la page. La colombe, elle, est constituée essentiellement de l’accumulation de six prénoms féminins, évoquant les amours perdues.

Sur le plan allégorique, la colombe renvoie à deux notions : l’amour et la paix.

En effet, Aphrodite, la déesse de l’amour chez les Grecs a pour attribut la colombe.

Mais la colombe est aussi le symbole de la paix.

Mais en son centre, au cœur, le fameux « Et toi » apparaît comme un coup de poignard (Douces figures poignardées »), flèche de Cupidon, mais c’est aussi la mort du symbole de la paix qu’entraîne cette guerre à laquelle participe Apollinaire. Sur le plan technique, notons l’emploi de vers réguliers l’octosyllabe, l’hexamètre et le décasyllabe.

Les assonances en [i] sont nombreuses, renvoyant aux rires, à la joie des prénoms féminins et au bonheur qu’il a connu auprès de ces jeunes femmes qu’ils évoquent à travers leur douceur et par métonymies ou synecdoques « figures » et « lèvres » (il nomme ainsi un élément qui désigne le.... »

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