héros
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
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Dissertation
Le personnage principal d’un roman ne peut pas être comparé aux héros de l’antiquité comme
tous les guerriers glorieux mis en scène par Homère, ou aux tragiques héros de Racine.
Le héros du romancier est plus « accessible » par sa normalité; sa vie et les sentiments qu’il éprouve
pourraient ressembler à ceux du lecteur.
Il est souvent celui qui retient le plus l’attention car il
participe au déroulement de l’action et de l’histoire.
C’est lui qui interpelle le lecteur, c’est lui aussi
dont se souviendra le plus le lecteur.
Toutefois, est-il important pour ce lecteur de s’identifier au
personnage principal pour pouvoir apprécier un roman et de partager ses sentiments ?
Important, cela semble évident, il reste à s’interroger sur l’obligation qu’il y a à s’identifier à lui, au
besoin, au désir de ne faire qu’un avec lui, pour apprécier le roman en question.
D’autres personnages
peuvent se trouver plus proches du lecteur en termes de personnalité et de sentiment, surtout si le
personnage principal a une identité qui lui est propre, une histoire et des actes dans lesquels le lecteur
ne peut s’identifier totalement.
Même s’il est traditionnel de se chercher – et de se trouver – des points
communs avec ce personnage, cela n’est pas toujours possible, et au-delà, cela n’est en rien
obligatoire, l’intérêt du roman ne se résumant pas à son héros.
Le personnage principal est au cœur de l’histoire : tout se construit autour de lui, c’est ce qui fait
l’intrigue.
Il est souvent décrit par l’auteur ; il n’est pas particulièrement beau ou fort, n’est pas
dépourvu de défauts (il possède des faiblesses).
En humanisant son personnage principal, l’auteur
permet une proximité avec le lecteur qui peut être nécessaire à la popularité du roman.
Nous pouvons tout d’abord supposer qu’un lecteur va choisir de lire un roman s’il peut s’identifier au
personnage.
Nous pouvons parler d’identification sociale, c’est-à-dire le monde dans lequel le
personnage principal évolue, son âge, sa situation familiale, son activité…
Il y a aussi l’identité physique et psychologique, une illusion réaliste créée par l’auteur.
Cela peut être
représenté directement ou indirectement à travers le récit, comme le comportement, la parole, l’action.
Si le personnage principal ressemble au lecteur, ce dernier sera peut-être plus captivé par l’histoire car
il pourra s’identifier dans le récit, reconnaître un vécu et prendre du recul.
C’est ce type de public que
visent tous les romans autobiographiques, une expérience partagée ; citons Si C’est un homme de
Primo Levi : l’auteur évoque sa réalité, ses souffrances, souffrances qui feront écho à tous ceux qui ont
vécu les drames d’un régime totalitaire – au-delà de la seconde guerre mondiale – et à tous ceux qui,
issus d’une famille de persécutés ou de résistants, ont grandi avec ces souvenirs de famille.
S’identifier
au personnage, c’est vivre une autre vie par procuration, c’est enfiler les chaussures du héros, et se
métamorphoser instantanément, l’espace de quelques pages, en mousquetaire, tel d’Artagnan dans le
roman de Dumas, ou encore en redresseur de torts tel Don Quichotte , dans le roman éponyme de
Cervantès, ou encore en mineur déterminé à survivre comme Etienne Lantier dans Germinal de Zola
… tout cela, tranquillement installé chez soi, sans aucun risque, sans avoir à braver les dangers, sans
s’investir physiquement, mais l’investissement émotionnel est bien là, a fortiori lorsque le roman est
écrit à la première personne du singulier, l’identification n’en est que plus facile.
Les lecteurs peuvent
alors montrer une préférence pour un héros avec lequel ils partagent la même sensibilité : Gervaise
Macquart est une femme à l’hérédité chargée, au futur difficile – volonté de Zola qui a volontairement
stigmatisé l’héroïne de L’Assommoir ; difficile donc de s’imaginer vivre ce qu’elle vit (il y aurait alors
de quoi déprimer sérieusement !), par contre, le lecteur peut se sentir touché par la détresse de cette
femme, partager ses espoirs, accompagner ses erreurs.
Comme on l'a vu, le héros n’est pas souvent comparable à un demi-dieu ou à un être
extraordinaire, il est plus proche de la réalité.
Il a donc d'une part la capacité d'exprimer les nuances
des individus , et d'autre part celle d' incarner différentes conceptions de l'homme , selon les époques.
Lorsqu’il représente les attitudes humaines, on s’attend de prime abord à des êtres qui à défaut d’être
exemplaires, seront tout au moins respectables.
Mais ils peuvent cependant être tout aussi bien des
héros médiocres.
Enfermés dans leur condition sociale ou familiale, ils ne sont pas armés pour lutter
ou manquent de grandeur.
Claude Lantier, dans L'Œuvre , de Zola, se suicide après avoir compris qu'il
n'atteindrait jamais son idéal.
Jeanne, dans Une Vie , de Maupassant, est littéralement écrasée par la
société.
Ces personnages sont alors nommés « anti-héros » – et les romanciers peuvent à travers eux
exprimer toute une veine satirique , effectuer parfois une véritable charge contre la société.
Plus.
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