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Gui Patin

Publié le 16/05/2020

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« Gui Patin1600-1672 C'est une figure pittoresque que celle de Gui Patin, professeur et doyen du Collège royal de médecine de Paris.

Visage osseux, Oeil futé, nez de renard, telle représentent les images du temps. Il naquit en l'an 1600 à Houdan en Beauvaisis, troisième baronnie du comté de Clermont.

Ses ancêtres étaient notaires et marchands drapiers et il seressent de cette hérédité.

Son grand-père fut homme de guerre ; son père était avocat ; sa mère, qui descendait d'une vieille famille d'Amiens, s'appelaitClaire Menessier.

On voulut faire de lui un avocat puis un prêtre, mais sur les conseils d'un ami, il quitta sa famille et vint à Paris faire sa médecine. Comme tous les bacheliers du XVIIe siècle, il soutint trois thèses au cours de ses deux années de licence : la première, le 19 décembre 1624 : Est nefeminOe in virum matatio — curieuse question ! la deuxième, le 27 novembre 1625 : An proegnanti periculose laboranti abortus — question un peu oiseuse ;la troisième enfin, le 26 mars 1626 : Daturne certum graviditatis indicium ex urina.

Il était naturel qu'à toutes ces propositions Patin répondîtnégativement.

Qui eût dit que la troisième comporterait aujourd'hui une réponse affirmative ? Ces thèses sont à peu près ses seuls ouvrages.

Sans doute eut-il idée de faire un traité de médecine, mais il n'écrivit qu'un petit libelle de quatorze lignes :Manuele medicum sive de morborum internorum natura et curatione libri tres.

Mais nous possédons ses Lettres (environ quatre cents), qui eurent la faveurde plusieurs éditions, à Paris, à Rotterdam, à La Haye, à Amsterdam, auxquelles il faut ajouter la correspondance avec son élève Spon, qui comprend deuxvolumes. Il y a de tout dans ces lettres : des faits divers et des portraits, de la politique et quelques maximes, quelques documents médicaux et des notions dediététique et de thérapeutique qui ne sont pas négligeables.

Un style facile, une phrase preste, un ton incisif.

Quelques bons mots et aussi quelquesmédiocres calembours ; des citations latines abusives et parfois inexactes. D'abord il est amateur de faits divers, friand de petites nouvelles, de commérages et de cancans, prêt d'ailleurs à en faire lui-même. En politique, il est réactionnaire, comme aussi bien en philosophie il est avec Aristote.

Il hait Richelieu qui a condamné son ami de Thou ; il n'apprécie guèreMazarin, "ce bonnet rouge qui cherchera son âme au paradis".

Mais il a des tendresses pour les misères du peuple. En religion, il croit en Dieu — c'est la devise de ses armes — mais il plaisante les superstitions, n'aime guère les moines, déteste les jésuites et marquequelque sympathie pour les gens de Port- Royal.

Il considère Calvin comme le premier des théologiens ; il est un peu protestant et se rapproche par biendes côtés des Encyclopédistes du XVIIIe. Doyen, il trouve qu'il y a trop d'étudiants (déjà !).

Il tonne contre les barbiers ignorants, bavards et babillards.

Mais il n'est pas tendre pour les médecinsses confrères, pour Guenaut, Brayer, Quercetanus en particulier.

Il se méfie des consultations entre médecins car, "tandis que les médecins secontredisent, les malades meurent".

Il y a toujours du Molière dans ses écrits.

Il reste fidèle avec entêtement à Galien, à Fernel, à Piètre, à Riolan. Il est économe, sobre dans son costume qui n'était guère à la mode, mais il n'est pas homme d'argent.

Je ne le crois pas sans vanité, mais il la dissimulederrière une modestie affectée et de façade, et il n'est pas peu fier d'avoir été élu doyen et de compter soixante-huit auditeurs à sa première leçon.

Il faitaussi de la médecine, évidemment.

D'abord les documents médicaux : un ver qui sort d'une veine (sic) ; les huit vers trouvés dans l'appendice du cæcum ;la toux quinteuse d'un de ses enfants qui reproduit la maladie de M.

de Baillou, qu'on désignera plus tard sous le nom de coqueluche ; le cancer du sein de lareine mère ; la fièvre tierce ; toute une série de suppurations qui sont sans doute de la tuberculose ; la gravité des affections pulmonaires chez les"rousseaux", ce qui est assez neuf ; la fréquence des calculs vésicaux ; la nécessité de la taille et les beaux succès de Colot et de Valot. Il faut bien parler aussi de sa thérapeutique.

Elle est assez simple, sinon personnelle, en tout cas invariable.

D'abord quelques principes de diététique :l'apologie de l'allaitement maternel, la prescription du lait d'ânesse, l'excellence du bouillon de veau, de poulet, du vin bien trempé qu'il boit lui-même, descrêtes et rognons de coq, du gingembre, du poivre, de la cannelle ; la prohibition du citron, de la bouillie qui fait colle et obstrue l'estomac.

Il donne de l'eauaux calculeux et proscrit les farineux dont les gaz provoquent la congestion des parties basses. Mais il a horreur de la chimie et des apothicaires.

Il aime peu l'opium et le laudanum.

Il ne veut ni du quinquina qui ne sert à rien contre la fièvre, ni duchocolat ; il ne croit pas aux eaux minérales, Vichy ou autres, qui ne valent pas mieux que l'eau ordinaire ; il tonne contre l'antimoine auquel Renaudot prêtela tribune de sa gazette.

Il déteste Guenaut qui l'emploie ; il veut expulser Jean Chartier de la Faculté pour son ouvrage sur l'antimoine et rayer du codex levin d'émétique qui y était admis dès 1637. Il purge volontiers et parfois dès le quatrième jour et il saigne.

Sa thérapeutique, c'est séné, sirop de roses pâles et saignée : "les trois S".

Cette saignée —la bonne, la sainte, la salutaire saignée, comme disait du Bellay — qui convient à tout et qu'on peut pratiquer même, s'il le faut, par artériotomie, ce qui estaudacieux. On se représente assez Gui Patin noircissant inlassablement du papier dans sa vieille maison de la rue du Chevalier-du-Guet, proche du Châtelet, dans sabibliothèque de dix mille volumes qui sera, hélas ! dispersée à sa mort, entouré des portraits de de Thou, qui fut son ami, de Fernel, qu'il affectionne, deRabelais, de Montaigne qu'il admire, de Buchanan qui fut le maître de Montaigne, et du noble Michel de l'Hôpital. Il mourut en mars 1672 et fut inhumé en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois le vendredi 1er avril.

Il laissait quatre fils dont deux, Carolus et Robert, luidonnèrent quelques ennuis. Tel fut ce petit homme sec et bavard.

Malin certes, mais plein de bon sens, entêté et parfois buté, mordant sinon méchant, médisant sinon calomniateur.Médecin moyen mais observateur exact, philosophe sans profondeur mais assez positif, un peu de l'esprit qui régnera au XVIIIe siècle. Ses lettres sont amusantes, au moins à petite dose.

Elles ne respectent rien ; elles ne sont cependant pas grossières mais souvent très indiscrètes.

Leurexcuse est qu'elles sont "les confidences d'un ami à un ami", et n'étaient point destinées au public.

Elles ne méritent pas les éloges de Sainte-Beuve et deSue.

Ce n'est ni du Cicéron ni du Rabelais, certes.

C'est presque du Théophraste Renaudot qui était sa bête noire, car il s'y montre aussi cancanier et aussipamphlétaire que lui.

Elles resteront en tout cas comme une agréable petite histoire du monde des médecins et de la médecine du XVIIe siècle.. »

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