Guatémala 1982-1983
Publié le 15/09/2020
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Guatémala 1982-1983
En 1982, c'est au Guatémala, que la situation politique, militaire et sociale a
été la plus grave en Amérique centrale, même si les médias se sont surtout
intéressés au Salvador.
Tous les problèmes communs aux autres États de la région
se retrouvent au Guatemala, où l'opposition de plus en plus violente entre la
majorité indienne et la minorité "ladina" (blanche) aggrave encore la situation.
On compte en effet 60% d'Indiens divisés en une vingtaine de groupes
linguistiques et ethniques au Guatemala.
La minorité ladina contrôle le pouvoir politique et financier, et c'est
également en son sein que se recrutaient jusqu'en 1981 les forces d'opposition
armées de gauche.
Ces forces, naguère encore très divisées, se sont unifiées en
février 1982 en une Unidad revolucionaria nacional guatemalteca (URNG), et ont
réussi depuis la fin 1981 à s'appuyer sur des groupes indiens régionaux de la
province d'Occidente.
L'EGP - Ejercito guerrillero de los pobres, d'inspiration
léniniste - semble considérer les Indiens comme une force d'appoint.
L'ORPA -
Organización del pueblo en armas - veut au contraire d'abord mener une lutte
armée indienne, en tenant compte de la volonté des Indiens de conserver leurs
réseaux communautaires et de défendre leurs terres et les intérêts des ouvriers
agricoles saisonniers indiens dans les plantations de ladinos.
Depuis le coup d'État de mars 1982, réalisé au profit du général Rios Mont, la
réaction des groupes dirigeants ladinos a été brutale.
Ces derniers, composés
d'une oligarchie foncière réactionnaire et d'une puissante bourgeoisie militaire
cherchent à prendre pied dans les secteurs agraire et pétrolier.
L'armée a
quadrillé le pays, organisé des "hameaux stratégiques", enrôlé de force des
Indiens dans des milices de contre-guérilla et provoqué l'exode de plusieurs
dizaines de milliers de réfugiés vers le Chiapas mexicain et le sud du Belize.
Rios Montt, au nom d'un illuminisme religieux et "régénérateur" (il est adepte
d'une secte protestante nord-américaine, l'Église du Verbe), conduit en fait une
guerre de race, où les masses indiennes sont désignées comme l'ennemi à abattre
ou à soumettre.
Tout se passe au Guatemala comme si la période historique de la
"Conquista" n'était pas encore achevée.
La stratégie de la terre brûlée menée
dans les départements de El Quiché, Alta Vera Paz, Huehuetenango, San Marcos et
Petén a été systématiquement appliquée depuis l'instauration de l'état
d'exception en juillet 1982.
Elle a entraîné l'établissement d'un "cordon
sanitaire" entre les villes et les campagnes pour rendre plus présentable la
"façade urbaine" du régime de Rios Montt, fortement soutenu par des sectes
protestantes américaines.
L'homme fort du Guatemala a convaincu le président Reagan, lors de leur
rencontre à Ciudad Guatemala en décembre 1982, de la nécessité de la reprise de
l'aide militaire, suspendue par Carter.
C'est chose faite depuis janvier 1983 ;
la Maison-Blanche considère en effet que "le Guatemala affronte une insurrection
marxiste soutenue par Cuba"..
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