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Giacomo Leopardi

Publié le 09/12/2021

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Le temps a deux moyens d'enterrer les poètes. Le premier est l'oubli, que parfois plus tard une époque éclectique secoue pour tirer des décombres de l'histoire quelques bras ou quelques torses qui apparaissent alors merveilleusement jeunes et nouveaux à nos regards. Le second moyen est l'emprisonnement dans une formule, dont la postérité distraite finit par s'accommoder, peut-être, parfois, pour se libérer à bon compte d'une trop imposante et gênante présence. Certes, le nom de Leopardi n'a jamais cessé d'être entouré, en Italie et hors d'Italie, d'une fervente et compréhensive vénération ; mais celle-ci n'a pas suffi à le préserver de l'emprisonnement dans une formule que l'opinion courante de l'Europe a faite sienne, s'épargnant la peine de pénétrer dans les profondeurs de l'œuvre d'un écrivain, qui peut, à bon droit, passer pour le plus européen des classiques italiens modernes. Baptisé "poète du pessimisme" et rapproché de Schopenhauer, il a été bien vite enfermé dans le Panthéon du XIXe siècle naissant. Le vers de Musset : "Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi" a fourni aux romantiques et à l'histoire de la littérature universelle le cliché attendu. Notre époque semble, au contraire, appelée à dégager les traits authentiques de la physionomie de notre poète. Les événements extérieurs font presque entièrement défaut dans la vie brève et malheureuse de Giacomo Leopardi. Né en 1798 à Recanati, dans les Marches, d'une famille provinciale noble, il grandit à l'ombre d'une mère bigote et sévère, et n'eut d'autre salut que la bibliothèque paternelle qui lui permit de se plonger dans les études philologiques grecques, latines, hébraïques, et de prendre contact, encore tout jeune, avec les plus illustres philologues européens, tel Niebuhr. Sa constitution délicate et maladive lui interdit un développement normal de son existence. L'amour, qui ne devait lui apporter plus tard qu'amères déceptions, a pour lui l'irréalité d'un songe. Quelques amitiés dévouées parviendront cependant à alléger, par un contact humain, le poids de sa vie. Abstraction faite de quelques séjours assez brefs à Bologne, Pise, Florence, il ne quittera Recanati ­ cette fois définitivement ­ qu'en 1833. Il mourut à Naples en 1837.

« Giacomo Leopardi Le temps a deux moyens d'enterrer les poètes.

Le premier est l'oubli, que parfois plus tard une époque éclectiquesecoue pour tirer des décombres de l'histoire quelques bras ou quelques torses qui apparaissent alorsmerveilleusement jeunes et nouveaux à nos regards.

Le second moyen est l'emprisonnement dans une formule, dontla postérité distraite finit par s'accommoder, peut-être, parfois, pour se libérer à bon compte d'une trop imposanteet gênante présence.

Certes, le nom de Leopardi n'a jamais cessé d'être entouré, en Italie et hors d'Italie, d'unefervente et compréhensive vénération ; mais celle-ci n'a pas suffi à le préserver de l'emprisonnement dans uneformule que l'opinion courante de l'Europe a faite sienne, s'épargnant la peine de pénétrer dans les profondeurs del'œuvre d'un écrivain, qui peut, à bon droit, passer pour le plus européen des classiques italiens modernes.

Baptisé"poète du pessimisme" et rapproché de Schopenhauer, il a été bien vite enfermé dans le Panthéon du XIXe sièclenaissant.

Le vers de Musset : "Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi" a fourni aux romantiques et à l'histoire dela littérature universelle le cliché attendu.

Notre époque semble, au contraire, appelée à dégager les traitsauthentiques de la physionomie de notre poète. Les événements extérieurs font presque entièrement défaut dans la vie brève et malheureuse de Giacomo Leopardi.Né en 1798 à Recanati, dans les Marches, d'une famille provinciale noble, il grandit à l'ombre d'une mère bigote etsévère, et n'eut d'autre salut que la bibliothèque paternelle qui lui permit de se plonger dans les études philologiquesgrecques, latines, hébraïques, et de prendre contact, encore tout jeune, avec les plus illustres philologueseuropéens, tel Niebuhr.

Sa constitution délicate et maladive lui interdit un développement normal de son existence.L'amour, qui ne devait lui apporter plus tard qu'amères déceptions, a pour lui l'irréalité d'un songe.

Quelques amitiésdévouées parviendront cependant à alléger, par un contact humain, le poids de sa vie.

Abstraction faite dequelques séjours assez brefs à Bologne, Pise, Florence, il ne quittera Recanati cette fois définitivement qu'en 1833.Il mourut à Naples en 1837. Sa première poésie surgit comme une fleur au milieu d'un désert aride et mélancolique, dans le cercle clos de lamaison des comtes Leopardi et dans l'ennui laborieux de ses "meurtrières études".

Sa solitude enfantine est peupléede fantômes classiques de la glorieuse grandeur ancienne, dont l'état de l'Italie d'alors, reflété par le miroir de sa"très malheureuse et horrible vie", lui semble la négation et implante dans son esprit l'idée d'une décadenceinéluctable du monde moderne.

Et ces fantômes lui apparaissaient tout enveloppés de cette atmosphère nostalgiqueet solennelle dont les avaient revêtus, au siècle précédent, les tragédies d'Alfieri et les mélodrames de Métastase.C'était là un monde purement littéraire et fictif, que pouvait seule animer la passion du jeune provincial isolé et lesentiment qu'il avait du contraste entre le rêve des civilisations révolues, pleines de vertus et de passionsgénéreuses, et le "siècle mort" sur lequel s'appesantissait "tant de sombre ennui".

Dans les premiers A l'Italie, Sur lemonument de Dante (1818) ou A Angelo Mai (1822), ce contraste s'exprime aussi bien par un raisonnement poétiquecomplexe, serré et fatigant que par des morceaux d'une grande puissance.

On trouve déjà là, en d'autres termes,d'une part, ce penchant à l'évocation sentimentale et vivante, de l'autre cette tendance à la dialectique discursive,entre lesquels oscillera, avec des effets variables, toute l'œuvre ultérieure de Leopardi. Dès son Discours sur la poésie romantique (1818), le poète avait d'ailleurs défendu, contre le réalisme moralisant desromantiques, les grands mythes de la poésie classique et "ingénue", qui s'exprimaient et pour ainsi dire sematérialisaient en de puissants symboles, que l'âme primitive pouvait prendre pour de solides et exaltantes réalités.Un an plus tard, la grande crise surviendra : Leopardi découvre la philosophie sensualiste et rationaliste du Siècledes lumières, dont il accepte tout au moins le côté négatif, y voyant le triomphe de la "raison", qui dissipe le miragelyrique de l'état de nature et l'illusion héroïque des républiques antiques, Sparte et Rome.

Dès lors, les motifspoétiques de son œuvre commencent à se définir, dans l'opposition entre le chagrin solitaire du poète inconsolablede la chute des bienheureuses chimères de l'adolescence, des rêves héroïques et patriotiques (néanmoins toujoursagité par une soif inassouvie d'action et le douloureux désir d'un amour irréalisable) et un monde désert et ennemisoumis à l'inexorable loi de la nécessité : par elle, la créature est vouée au mal et à la mort, sans autre secours que,de loin en loin, la perte de sa conscience et le retour parmi les espèces animales aveugles ou bien l'évasion horsd'elle-même, à la poursuite, dans l'enivrement du risque, des idéaux trompeurs, envers et contre tout. Mais la plus haute poésie de Leopardi ne jaillira que dans ses Idylles, lorsque, délivré des images du monde culturelqui avaient obsédé son enfance et, faisant taire l'insidieuse et fébrile dialectique intérieure, il s'exprimera avec lasimplicité suprême du soupir ingénu et une pureté d'inflexion que l'Italie n'avait plus connue depuis Pétrarque.Rythmé par la cadence même de sa voix intérieure, plus que par le jeu des syllabes et des accents, son vers senuance de suspensions magiques, ouvrant des perspectives délicieuses où l'évocation du lieu et du moment, lesmouvements de l'esprit et du cœur viennent s'inscrire, sans effort, essentiels comme chez les lyriques grecs.

Ainsi,de L'Infini, de A la lune, du Soir du jour de fête, à travers la Vie solitaire, A Sylvie, jusqu'au Samedi au village, auxSouvenirs, au Calme après la tempête, au Chant nocturne d'un pâtre errant d'Asie, au Coucher de la lune, sesuivent les sommets de la lyrique leopardienne, où l'accent méditatif et mélancolique, la légèreté de main et cecoloris que l'on dirait pris au bord d'un ciel boréal créent un "lieu intérieur" poétique sans pareil. Mais la pureté même de ces inspirations avait pour corollaire inévitable leur rareté.

Dans bien d'autres poèmes lafièvre du raisonnement revient, de place en place, altérant la pureté du chant.

Ainsi, dans celui que l'on peutconsidérer comme son testament poétique, Le Genêt, se mêlent aux visions de la nature, aux vertigineusesperspectives cosmiques, des digressions raisonneuses et polémiques qui affaiblissent l'enchantement lyrique.. »

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