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Georges Rouault

Publié le 16/05/2020

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« Georges Rouault Il naquit le 27 mai 1871, 51 rue de la Villette à Belleville, d'une Parisienne et d'un Breton vernisseur de pianos chezPleyel ; qu'il entra en apprentissage à quatorze ans chez un verrier du nom de Hirsch, et qu'après avoir fréquentédes cours du soir et une école d'arts décoratifs, il fut admis aux Beaux-Arts en 1891 par Elie Delaunay, auquelsuccéda à la fin de cette même année Gustave Moreau.

Il obtient en juillet 1892 un prix d'atelier pour une séried'œuvres à sujets religieux, en 1894 le prix Chenavard pour l'Enfant Jésus parmi les docteurs, en 1895 le prix Fortind'Ivry et une récompense au Salon.

Mais il se voit refuser, en 1893, le prix de Rome auquel il concourt avec sonSamson tournant la meule et, également en 1895, avec son Christ pleuré par les saintes femmes qui avoisineaujourd'hui le Christ de Grünewald au Musée de Colmar. Après ce dernier échec, il quitte, sur le conseil de son maître, le quai Malaquais et dès lors n'a plus guère de viepublique qu'en ses expositions et ses procès.

Exclu du Salon, ainsi que la plupart des élèves de Moreau, après lamort de celui-ci (en 1898), il se réfugie aux Indépendants et participe, en 1903, à la fondation du Salon d'automne.Il participa aussi, vers la même époque, à un misérable litige qui opposait un de ses confrères à la Municipalité deBordeaux et, de la sorte, prit connaissance d'une Magistrature à laquelle il devait recourir pour son compte, de 1943à 1947, afin de mettre un terme à la singulière affaire qui, pendant trente ans, réserva son œuvre et jusqu'à sapersonne à Ambroise Vollard. Quand on aura ajouté que Rouault s'éloigna rarement de Paris et jamais plus loin que la Suisse, qu'il fit un séjour àLigugé avec Huysmans, fréquenta Léon Bloy, puis Jacques Maritain, fut conservateur du Musée Gustave-Moreau etqu'il est père de quatre enfants, on aura tracé tout son curriculum vitae.

Mais tel quel, celui-ci dissimule unpittoresque que l'intéressé ne répugne pas toujours à dévoiler et, surtout, il laisse ignorer certains drames etcertaines grandeurs dont sa peinture n'est que l'image. De ses confidences, retenons d'abord celle de son premier cri dont il pourrait faire aussi son dernier, car il prêteautant à la prière qu'à la révolte.

Cri d'une innocence emprisonnée dans un univers de mornes besognes et demisères banales, mais plus favorable peut-être qu'aucun autre à la lucidité intérieure : "Autre chose, autre part".

Nulrisque toutefois que ce besoin d'au-delà n'égare cet être en une évasion trop gratuite.

Il appartient à ce mondeauquel nous devons tous les génies religieux de ces derniers temps : un Bloy, un Péguy, un Claudel, un Bernanos, etqu'on appelle si justement celui des humbles parce qu'il est en effet le plus proche de l'humus originel.

Il est le filsd'un homme dont il nous suffit de savoir ce beau mot : "Ah ! ces femmes qui font souffrir le bois !" Il n'est pasexagéré de prétendre que les êtres de cette race ont une idée du travail humain et un sens de la matière qu'on peutqualifier littéralement de religieux, les mêmes assurément qui faisaient l'obscure grandeur des bâtisseurs decathédrales.

Et c'est là sans doute ce qui allait permettre à Rouault, par simple approfondissement de sa personneet de sa tâche, de retrouver non seulement le lyrisme, mais le comportement de ses plus lointains ancêtres. Il n'apprit d'abord, hélas ! que la façon dont on gâche encore les images des derniers vestiges du sacré.

Le seulbénéfice qu'il ait retiré de son passage dans l'officine du père Hirsch est la découverte qu'il fit, certain jour, dequelques verrières anciennes apportées là pour une réparation.

Découverte enthousiasmante, il est vrai,fécondante, et que Rouault n'hésite pas à comparer à celle qui fut donnée à saint Paul sur le chemin de Damas.Seules, les possibilités qu'il entrevit vers la même époque dans un jeu de blanc et de noir ménagé par Forain (legénie prête aux pauvres), lui donnèrent un enchantement semblable à celui du monde entrebâillé en ces débris deverres de couleurs et en cette résille de plomb.

C'était là une révélation des capacités magiques de l'arabesque etde la matière colorée ; l'accès non seulement à cet Univers médiéval dont rêve tout écolier, mais à ce Domainebeaucoup plus intemporel, à cette "autre chose, autre part" dont le petit Rouault avait la hantise ; le moyen enfinde transposer en quelques signes le meilleur de ce qu'un homme porte en lui et le monde même auquel il est uni.Telle fut cette illumination qu'elle suscita chez ce gamin des efforts athlétiques pour l'acquisition d'une techniquepicturale et lui permit de souffrir tous les pensums dont se compose encore une éducation artistique, ainsi que lesépreuves spirituelles et matérielles qui allaient suivre son entrée à l'Ecole des beaux arts. On sait quelles formes cette institution imposait alors aux forces qu'on lui apportait.

Rien de moins approprié aumessage dont était chargé ce garçon de vingt ans.

Il excella cependant dans ce formalisme et manifesta unepatience et un savoir qui pouvaient forcer toutes les portes de l'Académie.

Il s'assura seulement l'estime et l'amitiéde Gustave Moreau, incomparable éducateur, capable de discerner et de favoriser en autrui ce qui lui était le plusétranger et de professer des définitions qui condamnaient ses propres œuvres.

Ainsi celle qu'il donnait de l'art et quipeut résumer toutes les tentatives de ses meilleurs élèves : "Une impétueuse mise à nu des sentiments les plusprofonds par les seuls moyens d'expression plastique".

Au reste, il ouvrit à ses disciples le Musée.

Rouault ypénétrait avec une expérience humaine et un tempérament qui l'empêchaient de s'y perdre et le poussèrent assezvite aux maîtres qui avaient le mieux résisté aux méfaits de l'italianisme.

On le vit ainsi, à la faveur de Holbein et deBreughel, délaisser peu à peu, dans ses dessins, les charmes du Midi pour les austérités du Nord et, dans sapeinture, le clair-obscur trop intellectuel de Léonard pour celui, plus instinctif, plus grouillant d'humanité, deRembrandt.

Il sentit de même que le graphisme du maître d'Amsterdam avait d'autres virtualités d'expression quecelui de Michel-Ange et pareillement, que la matière du Bœuf écorché comme celle des natures mortes de Chardin,de l'Indifférent de Watteau, des paysages de Corot, était ouverte à un autre esprit, plus intérieur, plus familier etpour tout dire plus vrai que celui des nus de Corrège.

Ce n'est toutefois qu'à la mort de Moreau qu'il parvint à sedégager tout à fait de ce qui le paralysait en ses scolarités.. »

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