Georges PEREC
Publié le 07/11/2020
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Georges Perec est bien le plus enragé - donc le plus joueur - des ouli-piens : non content de se donner des contraintes « lipo-grammatiques » dans de simples exercices, tels que les 176 brefs poèmes du recueil Alphabets (1976), il va poursuivre, sur toute la durée de tel roman, une féroce règle du jeu ; ainsi, en 1969, dans La Disparition, où la disparition en question est celle de la lettre e, tandis qu'il relèvera le« défi inverse » en 1972 (dans Les Revenentes, e est l'unique voyelle). Mais son chef-d'uvre de « maître ouvrier» reste La Vie mode d'emploi (1978), roman dont les multiples éléments - les micro-romans successifs - s'emboîtent comme les pièces d'un jeu de patience. Pour ce faire, Georges Perec imagine [c'est lui qui parle] un immeuble parisien dont la façade à été enlevée de telle sorte que, du rez-de-chaussée aux mansardes, toutes les pièces qui se trouvent sur la rue soient immédiatement et simultanément visibles. Le plus étonnant, c'est qu'avec un point de départ aussi périlleux, nous le suivions sans faillir tout au long de cet énorme roman des romans, et que nous apprenions bientôt à «jouer», nous aussi. À jouer avec lui. Perec, qui connut là sa plus grande réussite (et pensait en tirer parti), devait mourir peu après d'un cancer, laissant inédits d'innombrables textes. Il ne s'était jamais pris au sérieux, il en fut bien puni.
«
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RE C Georges
1936-1982
Né à Paris, fils de juifs polonais (sa mère, sous l'Occupation, est arrê
tée et mourra à Auschwitz).
On s'est interrogé sur les raisons de son apparent émerveillement
sans cesse renouvelé pour la vie « de tous les jours » (Les Choses, son
premier roman, 1965; Espèces d'espaces, 1974).
Il s'en est expliqué à sa
manière : il préférait le quotidien à L'Histoire avec sa grande Hache.
En vérité, il ne s'intéressait pas vraiment à son sujet; et, par exemp�J
il ne critique nullement, dans Les Choses, les faux « besoins» qu'attise
en chacun de nous la société de consommation : la« satire », la« socio
logie », ce n'est pas une raison de vivre, c'est-à-dire pour lui une raison
d'écrire : lui, il s'amuse, rien de plus.
Et ce, dès ses premiers livres qui sont conçus selon des « h
yperstruc
tures » comme dans les premiers romans de son maître Raymond Que
neau.
Il suivra celui-ci d'ailleurs, lorsque sera institué le très sérieux
« Ou vroir de littérature potentielle» (abréviation: Ou-Li-Po) en 1960.
On sait que pour les oulipiens fidèles et extasiés (c'est-à-dire Perec,
mais aussi Jacques Roubaud, Italo Calvino ...
) la littérature est« un jeu »
et pas autre chose.
Le plus grand poète n'est rien de plus qu'un artisan.
Un « forgeron de rythmes » (selon Raymond Queneau ; Malherbe
disait : un« arrangeur de syllabes »).
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