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Frédéric Gaussen, Le Monde Dimanche, 14 février 1982 (Littérature)

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Frédéric Gaussen, Le Monde Dimanche, 14 février 1982 (Littérature) Ce document contient 992 mots soit 2 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Raconter sa vie est une satisfaction qu'on se refuse difficilement.

C'est la preuve qu'on a bien existé et qu'un interlocuteur est là, prêt às'intéresser à vous.

Les grands hommes — et aussi les moins grands — ont toujours brûlé de s'adresser au reste des mortels enécrivant leurs mémoires.

Les autres, les gens ordinaires, se satisfaisaient du public plus restreint de la veillée familiale ou du comptoirde bistrot.Mais, maintenant, cette relativité des destins individuels n'est plus de mise.

L'idée s'est imposée que toutes les vies se valent et sontbonnes à raconter.

L'histoire d'un paysan ou d'une cuisinière est aussi riche de sens et d'humanité que celles d'un chef d'État ou d'unprix Nobel.

Les grands moyens d'information sollicitent les citoyens de base.

L'homme de la rue est devenu un témoin capital et laménagère une héroïne de la radio.Les médias ne sont pas les seuls à vouloir démocratiser ainsi les personnages de leur répertoire.

Les sciences humaines suivent lemême chemin.

Historiens, sociologues, ethnologues 1, linguistes, vont interroger les paysans et les ouvriers, les femmes du peuple, lesartisans.

Des chercheurs viennent recueillir méticuleusement les débris de ces existences de quatre sous, qui se sont écoulées dans lapeine et l'obscurité et sur lesquelles auparavant personne ne levait les yeux.

D'où vient donc ce goût subit pour les « récits de vie »,pour ces histoires anonymes, pieusement sauvées de l'oubli et reconstituées avec soin ? [...]L'idée de faire parler les personnes âgées est apparue naturellement lorsqu'on s'est aperçu qu'avec l'accélération de l'histoire des pansentiers de notre passé sombreraient dans l'oubli, lorsque ces derniers témoins auraient disparu.

Les paysans de Corrèze, les mineursde Lorraine, les artisans de Paris, étaient un peu comme les Indiens d'Amazonie : des espèces en voie d'extinction.

Recueillir lessouvenirs de cette génération charnière entre le modernisme et la tradition devenait urgent.

Leurs propos seraient pour l'avenir desdocuments inestimables.

Ils constitueraient les archives sonores d'une époque définitivement révolue.[...I Ces récits de vie permettaient de mesurer l'impact des événements et des mutations sur les individus, de donner de la chair auxdescriptions des grands bouleversements politico-économiques.

Ils montraient que l'histoire n'est pas une machinerie abstraite, unmouvement grandiose et anonyme conduisant l'humanité vers un destin collectif , mais une somme d'expériences individuelles, un jeucompliqué fait de souffrances et de passions, de volontés contradictoires, dans lequel chacun, à sa place, tient un rôle, si modeste soit-il.Ce mouvement correspondait aussi à un accent nouveau mis sur l'histoire sociale, sur le rôle historique de couches de la populationconsidérées jusqu'à présent comme des exécutants passifs.

Donner la parole aux pauvres, aux humiliés, aux sans-voix, c'était les faireentrer dans l'histoire, leur rendre leur dignité d'acteurs à part entière de l'épopée collective.

Le recours au récit de vie a une valeurmilitante.

C'est un acte politique.

C'est manifester qu'il y a plusieurs histoires, que les grands de ce monde, les nantis, ne sont pas lesseuls propriétaires du passé.

C'est rendre au peuple ce qui lui faisait le plus cruellement défaut : la parole. Frédéric Gaussen, Le Monde Dimanche, 14 février 1982. Rédigez de ce texte soit un résumé qui respecte l'ordre des idées telles qu'elles sont présentées, soit une analyse qui regroupe lesidées essentielles.

(Précisez nettement en tête de votre copie la formule que vous avez choisie.)Vous dégagerez ensuite un problème auquel vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données et vous exposerez, enles justifiant, vos propres vues sur la question. 1.

Ethnologue : spécialiste dont les travaux ont pour objet la connaissance de l'ensemble des caractères de chaque ethnie, afin d'établirdes lignes générales de structure et d'évolution des sociétés.Ethnie : groupement de familles dans une aire géographique variable, dont l'unité repose sur une structure familiale, économique etsociale commune, et sur une culture commune.

RÉSUMÉ Les hommes ont toujours relaté leur existence avec plaisir, les plus illustres par écrit, les autres oralement.Aujourd'hui on porte de l'intérêt à toute destinée.

Radios, télévision suscitent les déclarations d'humbles individus.Les scientifiques en font autant et rassemblent les témoignages de vieilles gens pour garder la mémoire de conditions de vie à jamaisdisparues des sociétés modernes.Ainsi on peut comprendre que l'évolution des temps n'est pas une abstraction car chaque être s'y insère avec ses réactions.C'est aussi redonner à la masse sa place dans l'histoire à côté de ceux qui sont à sa tête et lui permettre d'exprimer sa valeur. THÈME DE RÉFLEXION CHOISI « L'idée s'est imposée que toutes les vies se valent et sont bonnes à raconter » : l'histoire et les vies anonymes. INDICATIONS Certes cette affirmation a des fondements.

L'histoire socio-économique a un grand intérêt.

Toutes les vies humaines se valent donc dece point de vue ; mais, même sur le simple plan psychologique, certaines retiendront plus l'attention : les personnalités sontdifférentes...

Par ailleurs, et surtout, tous les hommes n'ont pas le même poids dans l'histoire.

L'évocation de certaines vies, limitées àun point dans l'espace géographique et social, ne pourra faire connaître que les mentalités rencontrées à cet endroit précis.

D'autresexistences, plus riches par la diversité des contacts qu'elles ont connus, et par l'étendue des responsabilités qui ont été les leurs,fourniront des renseignements autrement nombreux.

L'histoire de la vie de la mère de Staline donnerait l'idée de ce que pouvait êtreune pauvre femme de Géorgie au xix, siècle ; la biographie de son fils au contraire aide à la connaissance de toute la première moitiédu xx* siècle ; on apprend des péripéties touchant des millions d'hommes et de kilomètres carrés, et on a la réponse à de nombreusesquestions que l'on pouvait se poser.On ne peut donc « mettre de côté » l'histoire événementielle, qui fait ressortir des vies dites « importantes ».

Sans dénier son intérêt àune histoire socio-économique, on se demandera si le succès un peu trop exclusif que cette dernière rencontre actuellement ne fait pasnégliger des aspects intéressants de l'expérience humaine.... »

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