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François Mitterand et le Parti socialiste

Publié le 01/01/2024

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« Devoir participation politique et élections Sujet : Analyse de l’entretien de François Mitterrand réalisé en 1965 dans le cadre des élections présidentielles. En 1965 François Mitterrand entend s'imposer comme le leader de la gauche française avec comme ambition d'accéder à la présidence de la République.

Nous allons essayer de décrypter la stratégie qu'il a mis en œuvre pour parvenir à ses fins.

Pour cela il est nécessaire de définir qui est François Mitterrand à travers son parcours politique et personnel.

Dans cette visée ambitieuse chaque terme est important : « leader de la gauche» et « président de la Ve République ».

François Mitterrand est-il un homme de gauche ? Né en dans une famille de la petite bourgeoisie française François Mitterrand est élevé dans les valeurs catholiques et conservatrices.

Il est intelligent et cultivé, il a un goût particulier pour l'histoire et la littérature et dès son plus jeune âge se révèle comme un orateur doué.

Ses études sont brillantes et surtout hétéroclites puisqu'elles touchent aux lettres, au droit et aux sciences politiques dans cette école des sciences politiques qui deviendra l'IEP Paris dans cette période de la fin des années 30.

Il fait partie de cette jeunesse universitaire qui cherche sa voie.

Le capitalisme a fait preuve des dégâts qu'il peut engendrer avec la crise des années 30, mais le socialisme illustré par l'Union soviétique ne convient pas à ce jeune homme qui développe des idées patriotiques conservatrices.

Ce seront donc dans les courants idéologiques nationalistes qu’il va nouer des liens d’amitié avec les croix-de-feu ou l'action française.

A la fin de ses études d'avocat, il est mobilisé en Lorraine où il participe à des combats en juin 40.

Blessé, il est fait prisonnier et parviendra à s'évader après 18 mois de captivité.

Revenu en France, il engage dans une organisation d'anciens combattants en charge de servir le régime de Vichy.

Nous découvrons là, la complexité du personnage car il fait à la fois preuve d'allégeance à Pétain et en même temps il ne soutient pas la collaboration avec l'occupant nazi ce qui va le conduire à s'inscrire progressivement dans des réseaux de résistance.

Par cela, nous découvrons un jeune homme qui prend contact avec le réseau gaulliste de Londres mais aussi qui se voit décoré de la francisque attribuée à sa demande suite à une rencontre avec Pétain en octobre 1942.

Nous pouvons donc affirmer que dans cette période de guerre François Mitterrand n'a rien d'un homme de gauche.

Même lorsqu'il est entre pleinement dans la résistance au cours de l'année 43 ce sera dans un réseau d'anciens combattants très éloigné des résistants d’obédience communistes ou marqués à gauche.

Au sortir de la guerre François Mitterrand s'engage en politique au sein de l'union démocratique socialiste de la résistance ( UDSR).

Il est donc dans une mouvance centriste mais il va rapidement orienté l'UDSR vers la gauche lorsqu'il en sera président de 1953 à 1965.

Il entend ainsi se démarquer du gaullisme pour qui il a de forts contentieux.

Pour exister en politique, il lui faut être élu et pour cela il porte son dévolu sur le département de la Nièvre où la gauche que nous qualifierons de modéré est majoritaire, ce sera son territoire pendant plus de 30 ans.

Il se proclame donc clairement comme socialiste, mais aussi comme un opposant au communisme quand le PCF ( parti communiste français) est au plus haut de son audience.

C'est donc dans cette période d'immédiate après-guerre qu'il gagne son premier ministère dans le gouvernement Daladier.

Dans cette IVe République, pour le moins chaotique et instable, François Mitterrand accède à plusieurs ministères jusqu'à celui de l'Intérieur dans le gouvernement de Mendes France en 1954, et comme Garde des Sceaux dans celui de Guy mollet entre 1956 et 1957.

Dans cette période nous notons également l'ambivalence de François Mitterrand.

Il s'affirme de gauche mais il reste très réservé sur l'indépendance de l'Algérie tout en dénonçant les actes de l'OAS et en étant un acteur de l'indépendance de la Tunisie et Maroc.

Il est un dirigeant politique très ambigu dans cet épisode trouble de guerre coloniale.

Il est en opposition avec les mouvances ultra droitières qui entendent conserver l'Algérie française par la force et paradoxalement comme garde des Sceaux il avalise les mesures d'exception pendant la bataille d’Alger.

Nous avons le sentiment que le personnage est pris en tenailles entre les idées progressistes d’un homme de gauche et les valeurs patriotiques aux relents nationalistes issues de son éducation reçue pendant sa jeunesse.

Il y a aussi en lui l'ambition politique et François Mitterrand doit tenir compte de l’opinion publique dans le pays.

Jusqu'à la fin des années 50 l'Algérie française reste un courant de pensée largement majoritaire.

Le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 marque un tournant pour François Mitterrand.

Lui qui était en quelque sorte la figure majoritaire de la politique française se trouve détrôné par le vieux général qui est appelé à la rescousse pour sauver le pays embourbé dans cette guerre qui ne dit pas son nom et sous la menace d'un putsch militaire.

Lorsque De Gaulle, appellent à valider la constitution de la Ve République, François Mitterrand s’inscrit comme un de ses plus virulents opposants.

Il dénonce l'hyper présidentialisme contenu dans ce texte qu'il compare à un régime quasi dictatorial par les pouvoirs qu'il accorde à celui qui sera nommé chef de l'État.

Mais c'est le raz-de-marée gaulliste et François Mitterrand sera battu aux législatives de 1958.

François Mitterrand doit alors reconstruire ses fondations politiques et repartir de la base en conquérant la mairie de Château Chinon.

Il va à partir de là entamer une lente mais régulière refondation de la gauche parlementaire.

Il prend position contre l'élection du président de la République au suffrage universel et s'inscrit ainsi comme l'un des principaux adversaires à De Gaulle.

Il lui faut maintenant parvenir à devenir le candidat socialiste capable de battre le vieux général.

Il doit pour cela jouer avec ses principaux atouts, il représente la jeunesse, il est un très bon orateur, il incarne le renouveau politique dans un pays qui achève sa reconstruction.

La France ellemême a changé.

Elle a essuyé deux guerres coloniales en Indochine et en Algérie qui ont fait souffrir son économie.

Les salariés français après avoir consenti à des efforts colossaux dans la bataille de la production d'après-guerre n’acceptent plus l’austérité et réclament leur dû.

De Gaulle et son gouvernement sont confrontés à des conflits sociaux importants, à l'exemple de la grève des mineurs de 1963.

De Gaulle, a tenté de vaincre par la force en usant des réquisitions et de l’envoi des forces de police mais il a dû céder au regard de l'ampleur de la contestation et des risques d'enflammer le pays par un élargissement de cette dernière. Cette période nommée communément les 30 glorieuses sur le plan économique fut tout de même très douloureuse pour nombre de salariés.

Les concessions faites pour redresser le pays n'ont pas trouvé de réelles récompenses pour celles et ceux qui ont fait des sacrifices.

François Mitterrand sait qu'il y a là une opportunité qui pourrait bénéficier au PCF.

Il doit donc faire en sorte d'être reconnu comme le candidat de la gauche et vaincre à la fois la droite gaulliste et les communistes qui ont un socle électoral important.

Au sein de la gauche socialiste ( la SFIO) il y a des prétendants à l’exemple de Gaston Deferre voilà encore un obstacle interne à franchir. Le début des années 60 ne sont pas des années fastes pour François Mitterrand.

Son livre « le coup d'état permanent» publié en 1964 le dessert.

Dans cet ouvrage, il attaque frontalement De Gaulle qu'il accuse d'être parvenu au sommet de l'Etat par un coup de force profitant de la tentative de putsch dirigée depuis l'Algérie par Massu.

Mais dans cette période s'attaquer au général n'est pas populaire.

Il en va de même lorsqu'il s'oppose à l'élection du président de la République au suffrage universel comme le propose De Gaulle.

Le plébiscite que reçoit le général lors de ce référendum place François Mitterrand en position de faiblesse.

Mais cela lui permet de se faire reconnaître comme le représentant quasi naturel de la gauche et un des opposants les plus en vue pour battre De Gaulle.

C'est ainsi qu'il arrive à se faire désigner comme le candidat unique de la gauche aux élections présidentielles de 1965.Pour la première fois De Gaulle est mis en ballottage et se voit obligé de participer à un second tour malgré les pronostics qui le donnait largement vainqueur au premier tour. C'est dans le cadre de cette campagne électorale que François Mitterrand se met en image à la télévision par cet entretien.

Il démontre à cette occasion ses talents d’orateur, nous dirions aujourd’hui de communicant.

L’exercice ainsi organisé a pour but d’interroger François Mitterrand sur sa vision de la gauche dans un film très court d’à peine plus de trois minutes. François Mitterrand entame sa réponse à partir de.... »

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