Flocon de von koch
Publié le 02/06/2025
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Introduction : Quand l’infini surgit du fini
Comment peut-on construire une figure dont le contour devient infini, tout en
restant enfermée dans une surface bornée ? Ce paradoxe, à la fois simple et
vertigineux, met à mal notre compréhension intuitive des mesures géométriques.
Et pourtant, il ne relève pas d’une expérience de pensée abstraite : il prend
forme dans une figure étonnamment concrète, née de la répétition d’un motif
élémentaire — le flocon de Von Koch.
C’est au début du XXe siècle que Helge von Koch, mathématicien suédois
influencé par les travaux de Cantor, introduit cette courbe révolutionnaire.
À
travers elle, il ne cherche pas seulement à explorer l’infini, mais à illustrer qu’une
fonction continue peut ne jamais être dérivable, remettant en cause les
fondements de la géométrie classique.
Son travail s’inscrit dans une époque où
les mathématiciens commencent à repenser les notions de forme, de mesure et
de dimension.
Aujourd’hui, ce flocon n’est plus seulement un objet de curiosité mathématique.
Il constitue une porte d’entrée vers le monde des fractales, ces formes
autosimilaires qui révèlent leur complexité à toutes les échelles.
Il éclaire non
seulement les paradoxes mathématiques, mais aussi des phénomènes très
concrets, comme la forme des littoraux ou la modélisation des paysages.
En quoi les mathématiques, à travers une figure aussi surprenante que le flocon
de Von Koch, nous amènent-elles à revoir notre perception du monde réel et à
décrypter les formes complexes qui structurent la nature ?
Nous explorerons ensemble cette figure à travers trois grands axes :
-Une géométrie paradoxale : construction, périmètre infini et aire finie
-Du flocon aux côtes : la nature fractale du monde réel
-Entre science et application : dimensions fractales et implications
concrètes
I.
Une géométrie paradoxale : construction, périmètre infini et aire finie
Le flocon de Von Koch naît d’un simple triangle équilatéral.
À chaque étape de
construction, on applique un procédé itératif :
On divise chaque segment en trois parties égales.
On remplace le segment central par deux
segments formant un triangle équilatéral pointant
vers l’extérieur.
On supprime la base de ce nouveau triangle.
Ainsi, à chaque itération, le nombre de segments est multiplié par 4, tandis que
leur longueur est divisée par 3.
On peut décrire cette évolution par deux
formules :
Nombre de segments à l’étape n : Cn=3×4^n
Longueur d’un segment à l’étape n : Ln= (1/3) ^n
Le périmètre total devient alors :
Pn=Cn×Ln= 3×4^n x (1/3)^n=3 x (4/3) ^n
Ce périmètre tend vers l’infini lorsque n tend vers l’infini.
Pourtant, l’aire totale,
elle, reste finie.
En effet, à chaque étape, les triangles ajoutés contribuent de
moins en moins à l’aire totale.
Cette aire converge alors vers une valeur finie,
que l’on peut calculer en utilisant une série géométrique (une somme de termes
successifs).
Ce paradoxe remet en cause notre perception des objets géométriques.
Il met en
lumière la limite de la géométrie euclidienne pour décrire des formes complexes.
La courbe se développe sans jamais admettre de tangente, rendant impossible
l’application de la dérivée en raison de son irrégularité omniprésente à toutes les
échelles.
II.
Du flocon aux côtes : la nature fractale du monde réel
Le flocon de Von Koch ne se limite pas à un exercice mathématique.
Il trouve des
échos surprenants dans la nature, notamment dans la forme des littoraux.
Mesurer la longueur d’une côte semble, à première vue, une tâche simple.
Mais
en y regardant de plus près, on découvre que plus on affine la mesure, plus la
côte semble s’allonger.
Pourquoi ?
Ce phénomène a été étudié dès le milieu du XXe siècle par le mathématicien et
physicien Lewis Fry Richardson.
En mesurant les côtes britanniques avec
différentes unités, il constata que la longueur mesurée augmentait à mesure que
la taille de l’unité diminuait.
Ce paradoxe est aujourd’hui connu sous le nom de
paradoxe du littoral (l'observation contre-intuitive que le littoral d'une masse
continentale n'a pas de longueur définie).
Cela révèle une propriété essentielle :
les côtes ne sont pas lisses, mais irrégulières à toutes les échelles, comme le
flocon.
Cette autosimilarité observable dans la nature correspond à la définition des
fractales, un concept qui sera formalisé et popularisé au XXe siècle par le
mathématicien Benoît Mandelbrot.
D'origine franco-polonaise, Mandelbrot a
profondément transformé notre compréhension des formes irrégulières qui
structurent le monde qui nous entoure.
Dans les années 1970, alors qu’il travaille
chez IBM, il développe une théorie qui permet de modéliser des objets
jusqu’alors considérés comme trop complexes ou chaotiques pour être....
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