Félix VALLOTTON:NU A L'ÉTOFFE BLEUE.

« Félix VALLOTTON NU A L' ÉTOFFE BLEUE S' arrêtant un jour devant « Le Bain turc» d'Ingres , Valloton se mit à pleurer d'émotion.

Dès lor s, le nu passa au premier plan de ses préoccupations arti stiques.

Il en réalisa des centaines, tous plus troublants les uns que les autres ...

Les contemporains de Vallotton restaient per ­ plexes devant ces portraits de femmes peints avec une précision Fresque chirurgicale.

Cer­ tains pensaient qu'i travailla it d 'après photo ­ graphie, comme Bonnard et Vuillard.

Il n'en était rien.

Avant de réaliser ses toiles, Vallot­ ton multipliait les études au crayon de ses modèles.

Mais le résultat n'a rien de clas­ sique .

Le spectateur se retrouve devant ces femmes dans une attitude qui finit par le gêner, presque le choquer, comme si on le forçait à violer une intimité mystérieuse.

LE TABLEAU Un fond neutre , une chaise, une étoffe bleue : cette mise en scène rudimentaire met en valeur un corps qui bascule vers l'avant et un regard qui ne lâche pas le spectateur.

Tout est immobile et contrôlé.

Vallotton ne capte pas un mouvement, il le fige et semble l ' impo ­ ser à son modèle.

Impossible de deviner ce que ressent cette femme et ce que recherche Val lotton reçut le cho c a rtistique de sa vie devant Le Ba i n turc d 'Ingr es.

Ce qui le séduisa it? La pureté des l ignes, la perfe ctio n du de ss in et l' impr e ssion de fr o i deu r qui éma ne de s œuv res du grand ma ître .

Félix VALLOTTON 1865-1925 .Nu à l'étoffe bleue • Huile sur toile 100 cm x 81 cm • Signé et daté en bas, à droite • Peint en 1912 • Localisation : Genève, musée du Petit-Palais l' artiste.

Vallotton réduit volontairement son tableau à la sévérité de ses lignes et à une amb iance opp ressante.

LE SUJET Impossible de rattacher Vallotton à une quel­ conque tradition.

Son principal critique, Paul Budry, s'est attaché à expliquer la profonde ori­ ginalité de cet artiste solitaire: «Si Vallotton, comme Ingres, s'efforce de jeter autour de la forme une ligne simple et continue , c' est pour la rendre immobile , sans violence, en apaisant son mouvement , c'est pour représenter son repos .

Mais ce dessin , trop serré, étrangle le mouvement au lieu de l' arrêter et enferme le modèle dans une attitude si stricte et si définie gu' elle appara î t toute transita i re .

Tou tes les figures de Vallotton ont quelque chose de mal déployé : elles sont comme un animal pris au piège et qui reste raide, maladroit, malheu ­ reux, avec les pottes cassées et plein du désir de s'échapper .

» On comprend l'embarras des critiques .

Ces nus techniquement « indé ­ passables », pour reprendre l'expression de l'un d'eux, les metta ient mal à l 'aise.

On accusa donc Vallotton de misogynie ! LA COTE Les œuvre s de Vallotton sont bien pré sente s s ur les march és de l' art.

Les pri x s ont très v ari és.

Un e Fe mm e jouant dan s un paysage a att eint 401100 FF (73000 dollar s).

Mai s un piè tre nu datant de 1918 n'a trou vé preneur qu 'à 55000 FF( lOOOO dollar s).. »