Databac

Faut-il être seul pour être libre ?

Publié le 15/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Faut-il être seul pour être libre ? Ce document contient 5352 mots soit 12 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« Introduction Schopenhauer affirme : « On n'est libre qu'étant seul.

» On considère en effet généralement qu'être libre, c'est faire tout ce que l'on veut.

Or, sous ce rapport effectivement, la liberté impliquela solitude car dès lors qu'il y a présence d'autrui, je ne peux plus faire tout ce que je veux. Pour être libre, il faudrait donc s'isoler de la Société.

Est-ce vraiment la seule solution ? [Pour être libre, il faut vivre seul et sans attache. Ce sont les désirs d'autrui qui entravent les miens.

Par ailleurs,être réellement libre, c'est mener une vie qui ne ressemble pas à celle des autres.] En étant seul, je vis en conformité avec moi-mêmeLa société des hommes ne cesse de m'influencer.

Je dois me plier à mille contraintes.

Dès lors que je m'attache à une personne, mevoilà dépendant d'elle.

C'est pourquoi Épictète conseille à celui qui veut être libre de n'avoir «ni attrait ni répulsion pour rien de ce quidépend des autres» (Manuel).

Seul, je respecte ma propre nature et n'obéis qu'à elle. L'enfer c'est les autresSartre, dans Huis-clos, déclare: «L'enfer, c'est les autres.» Ce sont toujours les autres quilimitent la réalisation de mes désirs, et donc ma liberté. Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, entant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoirmontré que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doiveopposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît commeune condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est deme faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi quepar un autre.

»Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte desconsciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.

» Il restedonc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-ille sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapportsconcrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si,pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de larelation à autrui.

On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème estdéveloppé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentencebiblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort del'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avecmoi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre...

»J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par mes choix et par mes actes.

Je deviens« ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle demon avenir.

Et je suis celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui qui ne peut même pas concevoir pour soi l'existence sousforme d'objet : « Ceci non à cause d'un manque de recul ou d'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance,mais parce que l'objectivité réclame une négation explicite : l'objet, c'est ce que je me fais ne pas être...

»Or je suis, moi, celui que je me fais être.

Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté, que le simplesurgissement d'autrui est une violence fondamentale.

Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soit indifférent à mon égard.

Il est là, jele vois et je découvre que je ne suis plus centre du monde, sujet absolu.

Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphosedans mon être profond : je me vois parce qu'il me voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté.Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté de l'autre en chosepassive.

Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.

Qu'est-ce qui, en effet, me dévoile l'existence d'autrui, sinonle regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.

C'est la raison pour laquelle Sartre envisage les deux moments.Dans un premier moment, je vois autrui.

Imaginons : « Je suis dans un jardin public.

Non loin de moi, voici une pelouse et, le long decette pelouse, des chaises.

»Situation paisible.

Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.

Je vois cet homme...

»Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, mais aussi et en même tempscomme un homme.

Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, un automate, par exemple, je le saisirais « comme étant «à côté » des chaises, à 2,20 m de la pelouse, comme exerçant une certaine pression sur le sol, etc.

».

Autrement dit ce ne serait pourmoi qu'un objet comme les autres, qui s'ajouterait aux autres : « Cela signifie que je pourrais le faire disparaître sans que les relationsdes autres objets entre eux soient notablement modifiées.

En un mot, aucune relation neuve n'apparaîtrait par lui entre ces choses demon univers...

»Le saisir comme homme, qu'est-ce que cela signifie, sinon saisir une « relation non additive » des objets à lui, une nouvelleorganisation des choses de mon univers autour de cet objet privilégié ? Autrement dit, avec l'apparition d'autrui dans mon champ devision, une spatialité se déploie qui n'est pas ma spatialité, un autre centre du monde apparaît et du même coup un autre sens dumonde.

Les relations que j'appréhendais entre les objets de mon univers se désintègrent : « L'apparition d'autrui dans le mondecorrespond donc à un glissement figé de tout l'univers, à une décentration du monde qui mine par en dessous la centralisation que. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles