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Explication linéaire Olympe de Gouges

Publié le 11/01/2024

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« TEXTE 13 : Explication linéaire Contexte Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, est née en 1748 à Montauban et morte guillotinée en 1793 à Paris.

C’est une femme de lettres qui prit part de façon active aux débats sociaux et politiques de son époque. En 1791, elle rédigea notamment la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, une réécriture de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, dans laquelle elle affirme l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes. C’est à ce titre qu’elle est aujourd’hui considérée comme une pionnière du féminisme. L’extrait que nous allons étudier se situe après la Déclaration à proprement parler : au début du « Postambule » Olympe de Gouges propose un discours résolument polémique1, dans lequel elle appelle les femmes à prendre acte de la DDFC et à s’en saisir pour passer à l’action et devenir maîtresses de leur destin.

En effet, sans ce passage à l’action son texte resterait lettres mortes. Il peut paraître paradoxal de la part d’Olympe de Gouges d’adresser aux femmes le texte qui paraît en fermeture de sa Déclaration.

C’est que leur émancipation politique doit nécessairement passer par la prise de conscience d’une condition commune : cet « éveil » ne va en effet absolument pas de soi dans la mesure où « être femme » est une condition transversale qui se retrouve à travers toutes les classes sociales et toutes les nations.

Le premier obstacle qui s’oppose à l’émergence d’un mouvement féministe est donc de déterminer comment faire prendre conscience aux femmes qu’elles sont liées par des intérêts convergents en dépit des différences apparentes. « En général les femmes veulent être femmes, et n’ont pas de plus grand ennemi qu’elles-mêmes » (réplique attribuée à Ninon de Lenclos, in Mirabeau aux Champs-Élysées, dialogue politique écrit pour le théâtre, 1791) « Mes concitoyennes, ne serait-il pas temps qu’il se fît aussi parmi nous une révolution ? Les femmes seront-elles toujours isolées les unes des autres, et ne feront-elles jamais corps avec la société, que pour médire de leur sexe, et faire pitié à l’autre ? », Invitation aux dames françaises, pour la fête du maire d’Etampes, 1792) Lecture Problématique Comment l’ouverture du Postambule permet-elle à Olympe de Gouges de dénoncer l’inertie des femmes tout en les appelant à l’action ? Mouvements du texte 1 mouvement : Un appel à la révolte 2ème mouvement : Une prise à partie virulente qui passe par une forme de satire. 3ème mouvement : Incitation à mobiliser leur force et leur intelligence pour vaincre les résistances des hommes er 1 Je rappelle qu’on désigne par ce terme un débat, une controverse, où s’expriment de façon violente ou passionnée des opinions contraires.

La polémique participe du fonctionnement normal d’une société démocratique dans laquelle les désaccords sont libres de s’exprimer et où nous sommes en quête permanente du consensus.

Mais son étymologie renvoie cependant à un imaginaire guerrier : polèmikos en grec désigne en effet « ce qui est relatif à la guerre ».

On pourrait donc dire que polémiquer constitue un moyen de faire la guerre, de « combattre », en temps de paix. 1 1er mouvement : Un appel à la révolte fondé sur la raison, la nature, et le constat de l’injustice des hommes Citations Procédés - Apostrophe // texte « Homme estu capable » - Impératif - Métaphore du sommeil et Femme, réveille-toi ! Le tocsin de la raison se fait métaphore de la cloche qui entendre dans tout viendrait l’univers ; reconnais tes « réveiller » droits. - Hyperbole du circonstant rappelle l’ambition universaliste des Lumières - Négation avec passé composé (adverbe « plus » en Le puissant empire de la position de nature n’est plus forclusif, environné de préjugés, action de fanatisme, de accomplie, superstition et de achevée) mensonges. Enumération de termes négatifs. - Métaphore filée. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages - Termes négatifs de la sottise et de l’usurpation. Interprétation Olympe de Gouges s’adresse de façon vive à la femme, sans plus de précaution qu’elle ne l’a fait pour l’homme.

Elle chercher à la bousculer, à la faire réagir.

Elle se montre autoritaire pour montrer l’urgence de la situation. Elle utilise ces images pour dénoncer la passivité des femmes, leur inertie face à cette situation.

Avec l’hyperbole, elle insiste sur le décalage entre cette immobilité et les évolutions de son temps : il semblerait que le monde entier se réveille au son du « tocsin » et que seules les femmes n’entendent pas cet appel. L’œuvre de la nature se substitue à celle de l’homme ou de la religion. La nature égalitaire était pervertie par les hommes mais on est arrivé à un tournant : l’ancien ordre, où régnait des contre-vérités, n’existe plus. L’image du flambeau associé à la vérité est un cliché littéraire qui permet d’évoquer le siècle des Lumières et la sortie de l’obscurantisme. Les caractéristiques du nouvel ordre doivent se lire en miroir avec celles de l’ancien ordre : ouverture d’esprit, modération, raison, vérité, connaissance, 2 - métaphore filée « l’homme esclave », « briser ses fers », « libre » L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers.

Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. - Passé composé Parallélisme de construction « devenu libre il est devenu injuste » « compagne » est formé du préfixe cum = avec honnêteté. L’expression « homme esclave » désigne l’homme appartenant au tiers-état, privé de droits sous l’Ancien Régime. Olympe de gouges rappelle les réussites révolutionnaires.

Le premier verbe fait référence à l’union populaire et le deuxième verbe affirme le soutien nécessaire des femmes au cours de ces luttes. Mise en évidence d’une contradiction que la liberté obtenue par les hommes et pour les hommes a asservi les femmes.

Olympe de Gouges met en avant l’ingratitude des hommes. Le choix de ce terme connote l’idée d’une vie de partage, de communion, et met en évidence l’injustice réservée aux femmes. 2ème mouvement : Une prise à partie virulente et efficace Citations Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Procédés - apostrophes -Interjection - répétition du nom « femmes » au pluriel - apostrophe exclamative qui évolue en une phrase interrogative directe : adverbe interrogatif (partielle : CCT) Interprétation De nombreux procédés oratoires permettent de dynamiser le discours et d’interpeller vivement, même brutalement les femmes. La question posée est ici rhétorique, le ton est accusateur : Olympe de Gouges reproche aux femmes (comme aux hommes dans le texte qui précède le Préambule) leur « aveuglement », c’est-à-dire leur manque de clairvoyance. Elle continue en quelque sorte de filer la métaphore de la lumière comme vérité (étymologie de déclaration). 3 - métaphore « être aveugles » Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. - Question rhétorique : explicitement ici puisque répond à ses propres questions. Texte polyphonique : où l’auteur assume successivemen t plusieurs postures énonciatives. -Interr. Partielle : déterminant interr. - Utilisation du verbe « recueillir » (passé composé : accompli.

Quel est le butin obetnu ?) - parallélisme de construction des phrases nominales avec utilisation de termes péjoratifs « mépris plus marqué, dédain plus signalé » : l’adverbe incident aux participes épithètes prend Nouvelle question à laquelle Olympe de Gouges répond : avec ce procédé de questionréponse, elle confère un rythme dynamique à son discours et plus encore, par le ton accusateur voire provocateur qu’elle adopte, elle en fait un texte polémique.

(= texte qui cherche à choquer, à créer le scandale.) Elle pousse les femmes à la réflexion Le choix de ce verbe présente les femmes comme de simples observatrices de la lutte, se contentant de ramasser les fruits qu’on a laissés pour elle. Olympe de Gouges met en avant le fait que les femmes sont, selon elle, encore plus méprisées que sous l’Ancien Régime. Elle va ensuite s’interroger sur les raisons de ce mépris : son objectif étant de « réveiller » ses concitoyennes, elle n’hésitera pas, en s’interrogeant sur les causes de ce mépris, à tendre aux femmes un miroir peu flatteur. 4 à contrepied le progrès attendu (« avantages »). - Périphrase à valeur dépréciative : désigne implicitement les périodes de décadence morale qu’avait pu traverser l’Ancien Régime. Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l’homme.

La réclamation de votre patrimoine fondée sur - Négation restrictive : délimite l’étendu de leur « règn[e] ». La périphrase permet de désigner les siècles qui ont précédé la Révolution, l’expression montre les défauts flagrants de cette époque et donc la véritable avancée que constitue la Révolution. C’était une idée reçue bien établie à cette époque que la monarchie ne pouvait s’établir que par un système de clientélisme plus ou moins implicite, où chacun ne pouvait.... »

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