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Explication linéaire : « La Laitière et le Pot au lait », Livre VII, 9

Publié le 25/06/2021

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« Explication linéaire : « La Laitière et le Pot au lait », Livre VII, 9 (p.

38) « La Laitière et le Pot au lait » est la neuvième fable du livre VII qui ouvre le second recueil des Fables de La Fontaine, publié en 1678.

Elle met en scène Perette qui se rend au marché pour vendre son lait et se laisse aller à la rêverie.

Elle imagine comment elle pourrait faire fructifier son bénéfice initial et voit son rêve se briser en même temps que la jarre qui contient son lait.

Cependant, loin de la condamner, la moralité dans laquelle le fabuliste intervient de manière directe, justifie la jeune fille par le fait que tous les hommes laissent leur esprit vagabonder.

C’est pourquoi nous nous demanderons comment cette fable représente l’imagination en action avant d’en faire l’éloge.

Pour ce faire, nous étudierons la description de Perette, dans le premier mouvement de la fable (v.

1 à 11), puis la peinture du débordement de l’imagination de la jeune fille et ses conséquences, dans le second mouvement (v.

12 à 29), avant de nous intéresser au tour inattendu que prend la moralité́ aux allures de confidence dans le dernier mouvement (v.

30 à 43).

La fable s’ouvre sur une description de Perette se rendant « à la ville ».

Le premier mouvement (v.

1 à 11) est donc consacré au personnage caractérisé par sa mobilité, reflet de sa vivacité d’esprit.

Les deux premiers vers la font apparaître associée d’emblée à son « Pot au lait ».

La jeune fille, tout comme le « Pot », sont mis en valeur par la présence de compléments circonstanciels (« sur sa tête » et « Bien posé sur un coussinet ») créant un effet d’attente en étant situés avant le verbe (« Prétendait », v.

3).

Le choix du verbe « prétendre » annonce de manière voilée la fin du récit.

La jeune fille se définit par sa vivacité soulignée par les adjectifs qualificatifs (« Légère », v.

4 ; « agile », v.

5) et le complément circonstanciel de manière (« à grands pas », v.

4) et la simplicité de ses vêtements qui facilite celle-ci (« Cotillon simple, et souliers plats », v.

6).

De plus, sa rapidité́ est comme mimée par l’hétérométrie et le choix de mètres plus courts dans les vers 2, 6, 7, 8.

Son agilité́ va de pair avec la vitesse de ses pensées.

Elles se définissent aussi par leur mouvement et leur tendance à la surenchère confirmés dans le second mouve- ment de la fable et mise en avant par l’adverbe « déjà » (v.

8).

La rêverie de la Laitière débute par la vente du lait et est suggérée par des termes renvoyant au gain (« Comptait », v.

8 ; « prix », v.

9 ; « argent », v.

9).

La tentation de laisser son imagination s’emporter s’affirme avec la mention de quantités qui vont croissant (« cent d’œufs » ; « triple couvée », v.

10).

Le rêve de richesse de Perette se développe et s’amplifie dans le second mouve- ment (v.

12 à 29) de la fable.

Pour traduire les excès de son imagination, le fabuliste choisit d’avoir recours au discours direct donnant accès aux pensées de la Laitière qu’elle semble proférer à haute voix (« disait-elle », v.

12).

La rêverie s’amplifie donc comme le montre la mention d’animaux de plus en plus gros et de plus en plus coûteux (« poulets », v.

13 ; « cochon », v.

15 ; « porc », v.

16 ; « une vache et son veau », v.

20 ; « troupeau », v.

21) valorisé par l’emploi d’euphémismes qui minimisent les efforts (« Il m’est [...] facile », v.

12 ; « peu de son », v.

16 ; « Vu le prix dont il est », v.

19) et semble même tenir compte des aléas comme le suggère la proposition subordonnée hypothétique (« S’il [le Renard] ne m’en laisse assez pour avoir un cochon », v.

15).

Les projets de Perette prennent un caractère réel par une alternance entre l’emploi du présent et celui du futur de l’indicatif, le pré- sent étant utilisé pour permettre à la rêverie de se relancer et de se projeter vers l’avant (« est », v.

12 ; « sera », v.

14 ; « laisse », v.

15 ; « coûtera », v.

16 ; « aurai », v.

18 ; « empêchera », v.

19 ; « est », v.

20 ; « verrai » v. 21).

Il arrive même qu’elle utilise le passé comme si l’action envisagée avait déjà été réalisée (« Il était quand je l’eus », v.

17).

La question oratoire sur laquelle se clôt le soliloque de Perette le caractère réalisable du projet (« Et qui m’empêchera de mettre en notre étable, / Vu le prix dont il est, une vache et son veau, / Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? », v.

19-21).

Cependant, la mention du saut fait le lien entre le rêve et la réalité (« Perette saute aussi », v.

22), ce qui occasionne une chute aux deux sens du terme : le personnage tombe et le récit se termine de manière sur- prenante et abrupte.

Cet effet de chute est mis en relief par la proposition courte (« Le lait tombe, v.

23) ») associée à l’énumération : « adieu veau, vache, cochon, couvée », v.

23) qui refait le trajet inverse de celui suivi dans le monologue.

La déception de la laitière est alors soulignée par compléments circonstanciels dans des vers plus courts qui montrent sa défaite (« d’un œil marri », v.

24 ; « En grand danger d’être battue », v.

27).

Cependant, la tonalité de la fable reste comique avec la mention du genre de la « farce » (v.

28) qu’elle inspira.

Le dernier mouvement (v.

30 à 43) de la fable propose une moralité mais qui s’éloigne de celle que le lecteur attend qui condamnerait les excès de l’imagina- tion et leurs conséquences négatives.

Tout d’abord, le fabuliste rappelle le carac- tère universel de cette tendance à laisser vagabonder son imagination par trois questions oratoires (« Quel esprit ne bat la campagne ? / Qui ne fait châteaux en Espagne ? / Pichrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous, / Autant les sages que les fous » (v.

30-33), il mentionne des exemples célèbres qui illustrent cette ten- dance issus de la littérature (« Pichrochole », v.

32) et de l’histoire (« Pyrrhus », v.

32).

Par le choix d’une énumération, il inscrit Perette dans une lignée qui lui confère un certain prestige et excuse ses actes : « Pichrochole, Pyrrhus, la Laitière » (v.

32) amplifié par un « enfin tous, / Autant les sages que les fous » (v.

32-33) et repris par « Chacun songe » (v.

34), qui réaffirme l’universalité de ce défaut qui, parce qu’il touche tous les hommes, se voit revalorisé.

Un glisse- ment s’opère alors vers un éloge de l’imagination caractérisé de manière mélio- rative (« doux », v.

34 ; « flatteuse », v.

34).

La rêverie permet d’atteindre une forme de plénitude comme le suggère l’emploi et la répétition des déterminants indéfinis marquant la totalité (« Tout le bien », « Tous les honneurs », « toutes les femmes », v.

36-37).

Le fabuliste intervient alors de manière directe, comme le montre l’emploi de la première personne, et adopte le ton de la confidence pour défendre de manière plus intime l’imagination à travers son exemple : il évoque après une proposition subordonnée circonstanciel de temps « Quand je suis seul », ses rêves et leurs débordements qui répondent à ceux de la Laitière dans le récit.

Leur caractère exponentiel est alors mis en avant par la gradation et l’asyndète qui fait se succéder des actions de plus en plus invraisemblables et fantasmatiques : « je fais au plus brave un défi ; / Je m’écarte, je vais détrôner le Sophi ; / On m’élit roi, mon peuple m’aime ; / Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant », v.

38-41).

Tout comme dans le récit, la rêverie du fabuliste se termine brutalement et la fable se clôt par une chute contenant. »

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