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Evelyn Waugh

Publié le 09/12/2021

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Vieil enfant terrible ou jeune monstre sacré ? Romancier. Voyageur qui aime et sait raconter, méchamment, ses périples et ses escapades. Humoriste éblouissant. Conservateur tranquille ­ ultra parfois mais à l'anglaise. Converti au catholicisme en 1930, Evelyn Waugh fait partie d'une de ces nombreuses tribus littéraires qui hantent pittoresquement les plaines culturelles de la Grande-Bretagne : à côté des Strachey, des Sitwell, des Toynbee, des Lehman, il y a les Waugh. Evelyn Waugh avait un bel avenir derrière lui. Il lui permit de sortir aussi respectablement qu'une débutante présentée à la Cour. Un père "critique bien connu" : ce ne fut pas fatal. Un frère aîné lancé par le scandale de son roman The Loom of youth : c'était encourageant. En quittant Oxford, Evelyn fut sage : il publia la fine et brillante biographie d'usage ­ cultivée, pas érudite ­ en l'occurrence celle d'un préraphaélite. Plus tard, il s'attaquera à celle d'un martyr, le jésuite Edmund Campion, maître de la prose élisabéthaine. Il y mettra moins d'esthétisme, plus de force et autant de piété. Vite, l'embryon traditionnel de l'homme de lettres ­ triste professionnel ­ s'imposera comme romancier, avec les rocambolesques aventures de Paul Pennyfeather, pion qui manque d'épouser la grande maquerelle, fournisseuse en gros de Rio, la si belle, si riche, si mondaine Margot Best-Chetwynde. Waugh, comme Thackeray, aura toujours le génie des noms, aussi réels et imaginaires que ses marionnettes humaines.

« Evelyn Waugh Vieil enfant terrible ou jeune monstre sacré ? Romancier.

Voyageur qui aime et sait raconter, méchamment, ses périples et ses escapades.

Humoriste éblouissant.

Conservateurtranquille ultra parfois mais à l'anglaise.

Converti au catholicisme en 1930, Evelyn Waugh fait partie d'une de ces nombreuses tribuslittéraires qui hantent pittoresquement les plaines culturelles de la Grande-Bretagne : à côté des Strachey, des Sitwell, des Toynbee,des Lehman, il y a les Waugh. Evelyn Waugh avait un bel avenir derrière lui.

Il lui permit de sortir aussi respectablement qu'une débutante présentée à la Cour.

Unpère "critique bien connu" : ce ne fut pas fatal.

Un frère aîné lancé par le scandale de son roman The Loom of youth : c'étaitencourageant.

En quittant Oxford, Evelyn fut sage : il publia la fine et brillante biographie d'usage cultivée, pas érudite en l'occurrencecelle d'un préraphaélite.

Plus tard, il s'attaquera à celle d'un martyr, le jésuite Edmund Campion, maître de la prose élisabéthaine.

Il ymettra moins d'esthétisme, plus de force et autant de piété. Vite, l'embryon traditionnel de l'homme de lettres triste professionnel s'imposera comme romancier, avec les rocambolesquesaventures de Paul Pennyfeather, pion qui manque d'épouser la grande maquerelle, fournisseuse en gros de Rio, la si belle, si riche, simondaine Margot Best-Chetwynde.

Waugh, comme Thackeray, aura toujours le génie des noms, aussi réels et imaginaires que sesmarionnettes humaines. Jusqu'en 1942, il décrira, en satiriste qui aime ses créatures de loin, la jeunesse dorée des Bright young things.

Les billets de cinq livresvolent de main en poche.

On donne un cocktail dans un dirigeable.

On fait des croisières en buvant du Montrachet 1906.

Pour sedistraire, on matraque des grévistes.

Chaussées de lézard, des femmes évanescentes dégustent un soufflé au citron entre le salon delady Metroland, les bureaux aérodynamiques de lord Copper et les vitrines luxueuses de Bond Street.

Quelques intellectuelshomosexuels et communistes pour faire le poids, des coucheries-éclairs, des malentendus énormes meublent l'oisiveté frivole et lafutile nonchalance d'une rubrique mondaine admirablement remuante et vaine. Waugh hypnotise par un style vif et pur jusque dans les coquetteries de ses archaïsmes.

Il séduira non seulement l'aristocratie et labourgeoisie caricaturées, mais aussi les autres classes de lecteurs.

Par Waugh intercesseur, on accédera à une société fermée etsophistiquée.

Il en révèle les moeurs, les secrets et il la trahit malgré lui.

Involontairement, il amorce la réaction des "jeunes gens encolère" des années 60.

Il joue un rôle révolutionnaire.

Sa comédie sociale, raillerie et défense d'un ordre conventionnel, dérive de ladanse macabre comme l'avait vu Giraudoux, et de la marche funèbre.

Elle se jouera dans une Angleterre rationnée qui, d'après unWaugh sépulcral, perdra son âme et la paix pour avoir pactisé avec le Malin, Joseph Staline, jugé à l'époque plus nuisible que BenitoMussolini. Tous les personnages de Waugh, excentriques ou naturels, malicieux ou lourds, qu'ils s'ébattent à Londres ou sur l'annexe continentale,dans des royaumes ou des républiques farfelus, Azania ou Neutralia, dans un antique comté ou aux États-Unis, tous gesticulent,confabulent, s'amusent dans un contexte anglais à cent vingt pour cent.

Ils le traînent, légèrement et partout, avec eux.

Il resteintraduisible en français par le jeu kaléidoscopique de ses allusions : beaux quartiers de Mayfair ou de Kensington, le café Royal, labohème de Chelsea, les perfidies littéraires plantées dans le folklore londonien, les clubs, Oxford, Cambridge.

Intraduisible surtout parses classes ses castes et leurs accents, ces structures permanentes de la société anglaise contemporaine. De plus, Waugh est réactionnaire, paternaliste avec franchise, agressivité et talent.

A gauche, on se souviendra de ses sympathies pourles fascistes italiens, de ses féroces plaisanteries sur l'Éthiopie d'Hailé Sélassié.

A droite, sa froide et suave violence paraîtra gênanteou démodée dans son détachement hautain.

Pourtant, malgré les apparences, Waugh ne choisit pas entre l'Est et l'Ouest qui l'obsèdent.Par le prisme de son humour, toute la planète devient sauvagement grotesque : le provincial William Boot lancé dans les mésaventuresdu journalisme sensationnel et international, l'obscur professeur Scott-King invité aux fêtes commémoratives d'un poète dans unedémocratie populaire, font pendant aux émigrés anglais de Californie trafiquant dans les pompes funèbres et aux fats députés duparlement britannique. Dans la trilogie, conclusion de son oeuvre (il est mort en 1966), Waugh reprend son thème le plus cher : celui du destin exceptionneldes vieilles familles catholiques anglaises.

Selon lui, elles sont ce qu'il y a de meilleur dans l'île anglicane pourrie de progressisme.

Lespécialiste de la loufoquerie devient didactique.

Avec sa fresque de l'Angleterre en guerre, il veut montrer la décomposition sociale,morale et intellectuelle d'une société qui s'affaissera dans l'horreur des horreurs : un gouvernement travailliste.

L'universel crétinismede la vie militaire, vu par le biais des vieux hallebardiers ou des jeunes commandos, des services de la propagande ou du contre-espionnage, permet toujours de faire rire.

Mais le coeur, la verve et l'insouciance n'y sont plus.

Ce n'est pas un hasard si le plus belépisode est celui de la retraite des troupes de Sa Majesté en Crète.

Des officiers, des gentlemen foutent le camp, quelquefoislâchement ! Et avec eux un monde que Waugh pleure et nous invite à pleurer.

La drôlerie des dernières oeuvres devient grinçante.

Lesballes fendues ou crevées ne rebondissent plus aussi bien.

Les ruptures du comique au tragique sentent le procédé.

La mélancoliquenostalgie d'un âge d'or, qui n'existait que pour quelques privilégiés, déforme les perspectives d'un monde nouveau que Waugh méprised'un peu haut.

Guy Crouchback, héros de la trilogie, a désiré mourir.

C'est normal : le dur catholicisme que Waugh propose et prêched'une manière de plus en plus insistante, est une vision de la vie dans la mort, de la vraie vie par la mort. Il y a un drame dans l'existence comme dans l'oeuvre de Waugh : d'un moralisme intransigeant par tempérament, il devint troprapidement l'humoriste de service auquel on passait ses toquades métaphysiques.

Il est difficile de dire des choses sérieuses enbadinant.

Si ces choses, ces opinions sont en contradiction systématique avec celles de son époque, si l'on pratique sans cesse laprovocation, on risque de ne plus être écouté.

Waugh est entendu dans tout le monde anglo-saxon.

Il est rarement compris pour ce quiest à ses yeux l'essentiel : sa foi.

La forme, chez lui, a triomphé du fond.

La joie du rire cache le pessimisme manichéen.

Accroché àune religion imperméable, Waugh fait étrangement penser à une "personne déplacée" cramponnée à un passeport périmé.. »

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