Etude du rôle de la Gamine dans « Roberto Zucco » de Koltès

« Etude du rôle de la Gamine dans « Roberto Zucco » de Koltès Roberto Zucco est une pièce qui à été écrite par Bernard-Marie Koltès en 1988.

Cette pièce est inspirée de faits réèls et relate de l’histoire du tueur en série italienRoberto Succo : le début de la pièce démarre sur son évasion de prison après avoir tué son père.

Il s’en suivra par la suite toute une suite de meurtres dont sa mèreentre autres puis le viol de la « gamine ».

Mais cette dernière, à la recherche de cet homme dont elle s’est épanchée, va aller jusqu’à faire appel à la police quitte àcauser son arrestation et sa réincarcération.

Mais à la fin, Zucco arrivera à s’évader encore une fois et disparaitra sur le toit de la prison en un éclat de soleil.L’histoire de Zucco est croisée avec celle de la « gamine » : une jeune fille en perdition qui a la toute base ne connait rien de la vie mais qui finit par « grandir »beaucoup plus vite qu’on ne pourrait le penser par rapport à son vécu. Dans la scène 3 qui est la première scène ou elle apparaît, la gamine est seule avec Zucco et lui fais passer comme une sorte d’interrogatoire : elle veut absolumentsavoir son prénom et ce qu’il fait dans la vie.

Mais Zucco ne voulant pas se faire démasquer, il ne lui dira son nom qu’après de multiples tentatives de la fillette.

Elleapparait au premier abord très puérile dans son discours, limite capricieuse.

Mais la différence avec Zucco est qu’elle dit ne pas avoir de prénom : en effet, elleexplique qu’elle est toujours surnommée donc qu’elle ne sait pas son prénom.

Ceci crée la différence entre l’envie oppressante de savoir le nom de Zucco alors quelui ne peux même pas connaître le sien.

Elle expose son rêve de faire du patin à glace sur les lacs gelés d’Afrique ainsi que d’y voir la neige : chose complètementincompréhensible car il ne neige quasiment pas en Afrique.

Mais à partir du moment ou le viol se passe, le discours change complètement : son insouciance disparaitpeu à peu et elle prends conscience de ce qu’il vient de lui arriver.

Elle sait qu’à présent elle ne sera plus jamais la même car elle a perdu son pucelage et s’est offertedans le vouloir à un homme.

La fin de la scène montre le passage à l’âge adulte d’une jeune fille complètement paumée et insouciante. Par la suite, son discours ne sera plus jamais le même : dans la scène 7, les deux sœurs conversent ensemble et on voit apparaître la « gamine » en une femmetransformée qui n’as qu’un seul but en tête : retrouver Zucco.

Elle considère notamment sa grande sœur comme étant « vieux jeu » car elle n’as pas eu d’expériencesexuelle : les rôles sont complètement inversés selon elle et cela peu importe l’âge.

A ses yeux, la cadette devient la benjamine et vice versa.

De plus, ce qui les liaitn’as plus d’importance : la sœur ne veut pas que la gamine la laisse tomber alors paradoxalement cela devrait être l’inverse dans l’ordre des choses et des âges, lapeur de la solitude la ronge et le questionnement est omniprésent.

A vrai dire, la gamine considère le viol comme une forme de maturité acquise prématurément.

Ellepense qu’elle est capable à présent de prendre ses propres décisions et qu’elle seule sait ce qui lui reste à faire.

Un autre paradoxe rentre aussi en compte : le viol estconsidéré comme une forme de violence mais malgré tout elle veut retrouver Zucco afin de lui parler.

Comme elle le dit si bien, elle ne veut pas se venger de lui maisà contrario elle ne veut pas être aimée… Finalement est-ce que le viol n’est pas considéré comme s’il en était un ? Est-ce le fait d’avoir vécu une relation sexuelle nondésirée avec un homme lui a paradoxalement ouvert son cœur au sentiment amoureux ? On peut véritablement déceler une véritable ambigüité dans son discours. Pour cela, elle mettra tout en œuvre pour le retrouver quitte à faire intervenir la police.

Et elle se rendra compte que l’interrogatoire qu’elle à fait passer à Zucco dansla scène 3 lui sera intégralement retourné avec, pour ainsi dire, les mêmes questions.

Et celle-ci réagira de la même manière que l’homme qu’elle avait tant questionnéauparavant : il y aura les mêmes réponses aux questions qui lui seront posées.

Elle sait très bien qu’elle est la seule à connaître son nom et son prénom et elle en joue.Un autre paradoxe se met en place à ce moment précis : elle veut le « sauver » car elle lui avait promis de garder le secret de son identité mais, d’un autre côté, le faitde révéler son nom lui permettra de le retrouver plus facilement… Mais son côté naïf va reprendre le dessus, elle est tellement persuadée que Zucco est agent secretqu’inconsciemment elle ne se rends pas compte qu’elle va courir à la perte de cet homme : elle va le faire arrêter et réincarcérer.

Etant donné qu’elle n’as pasconscience de tout cela, elle reste toujours dans l’optique de vouloir le retrouver et elle va finalement vite se rendre compte que ce n’est pas le « violeur » qui vacourir à sa perte mais bel et bien son propre frère car celui-ci va la vendre à un proxénète pour qu’elle devienne une prostituée.

On ne sait pas si cela est dû au fait den’avoir pas retrouvé Zucco mais dans la scène 11 son discours sera encore différent : elle se dévalorise complètement physiquement.

Elle se sent grosse et moche etla patronne de l’hôtel dans lequel elle se trouve va lui faire persuader du contraire.

Est-ce le fait de n’avoir pas retrouvé Zucco qui finalement lui fait penser qu’elle nepeut plus attirer le regard masculin sur elle ? Est-ce que Zucco l’as trouvée jolie au moment du viol ? A-t-il réfléchi une seconde à cela ? Le fait de n’avoir pasretrouvé Zucco et le fait de se sentir moche sont deux choses qui sont liées et dont une belle relation de cause à effet.

Et c’est par la suite qu’elle se rendra compte dece que son frère à fait d’elle contre sa volonté… Et enfin, à la scène 14, on assiste à une véritable déclaration d’amour de la gamine envers Zucco.

Elle s’est rendue compte de la trahison qu’elle à portée a cet hommeet s’en veut terriblement.

Et pour cela, elle lui déclare une flamme passionnelle à sa façon.

On se rend compte que dans son discours c’est un aboutissement et unerésolution de cette ambigüité planante tout au long de la pièce.

En fait, on pourrait partir du principe qu’étant donné que Zucco a été le seul homme qui a posé sesdoigts sur elle, cela lui a fait naître un minimum de sentiments qui se sont totalement décuplés à l’annonce de la trahison.

On sent dans cette petite tirade que laculpabilité la ronge, qu’elle regrette amèrement et qu’elle ferait n’importe quoi pour corriger l’erreur qu’elle a faite… Finalement, on peut dire que dans le personnage de la gamine, il y a une réèlle évolution au niveau de son caractère et surtout dans sa manière de parler.

Au début, ona un personnage totalement naïf qui prend tout son caractère au fur et à mesure que la pièce avance.

On verra une fillette dévastée mais en même temps remise enquestion vis-à-vis d’un viol et puis finalement tombée amoureuse d’un homme qu’elle ne pensait pas qu’il soit.

Au début, elle avouait ne pas vouloir être aimée puisau bout du compte on remarque qu’elle s’est laissée prendre à son propre piège…. »