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Etude des Harki après la guerre d'Algérie

Publié le 02/05/2025

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« Des accords d’Évian au rapatriement : la France a tergiversé pour ouvrir ses portes aux Harkis Les accords d’Évian sont signés le 18 mars 1962.

Ils entrent en vigueur dès le lendemain 19 mars avec l’application d’un cessez-lefeu à 12 heures. Les accords d’Évian et la démobilisation des Harkis Dès le début des négociations qui précèdent les accords d’Évian, le Gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) s’entendent sur le principe de nonreprésailles. Extrait du Chapitre II des accords d’Évian, signés le 18 mars 1962 Nul ne pourra faire l'objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d'une discrimination quelconque en raison : - d'opinions émises à l'occasion des événements survenus en Algérie avant le jour du scrutin d'autodétermination ; - d'actes commis à l'occasion des mêmes événements avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu. Aucun Algérien ne pourra être contraint de quitter le territoire algérien ni empêché d'en sortir. Article 2 des accords d’Évian Les deux parties s'engagent à interdire tout recours aux actes de violence collective et individuelle. Toute action clandestine et contraire à l'ordre public devra prendre fin. Si les dispositions des accords d’Évian ne s’appliquent pas explicitement aux supplétifs, ces engagements bilatéraux garantissent sur le papier une régulation qui sera difficilement assurée dans la réalité, des deux côtés de la Méditerranée. Le décret n° 62-318, paru au Journal officiel le 21 mars 1962, détermine les conditions de démobilisation des seuls Harkis issus des harkas.

Plusieurs dispositifs de reconversion professionnelle leur sont proposés, mais un transfert vers la France n’y est pas évoqué. • Les Harkis peuvent s’engager dans l’armée régulière et être transférés en France.

Cette option est proposée essentiellement aux jeunes Harkis célibataires. • Ils peuvent faire le choix d’un retour à la vie civile, moyennant une prime de licenciement ou de recasement équivalente à 1,5 mois de solde par année de service.

Les officiers sont incités à faire pression sur les Harkis pour qu’ils choisissent cette option. • Ils peuvent s’engager pour une durée de 6 mois à titre civil en tant qu’agents contractuels dans les armées. La France entend se conformer à la lettre aux accords d’Évian. Toutefois, Louis Joxe, secrétaire d’État aux Rapatriés, donne ses instructions à Christian Fouchet, haut-commissaire par lettres 395 API/POL du 7 avril, 443 API/POL du 11 avril et du 18 avril 1962, MAE C.47. Il écrit : « Objet : situation de personnes engagées en Algérie aux côtés de l’Administration ou de l’Armée…/… En ce qui concerne les Harkis, les Moghaznis et les engagés…/… On ne devra pas hésiter à regrouper et à protéger ceux qui se trouveraient effectivement menacés, et le cas échéant, en cas de nécessité, les acheminer vers la métropole.

» Dans le même temps, pour les Harkis, en mars, 81,2 % d’entre eux optent pour le licenciement avec primes et, en avril, un tiers de ceux qui avaient demandé à s’installer en France y renoncent (CharlesRobert Ageron, « le “drame des harkis”… », p.

4.). Le rapatriement tardif des Harkis En France, le Premier ministre Michel Debré procède en février 1962 à l’installation d’une commission interministérielle chargée d’étudier les possibilités de rapatriement des Harkis et de leurs familles.

Elle conclut à la nécessité du rapatriement des supplétifs et souligne que la France "n’a pas le droit [de les] abandonner" en vertu de la promesse qui leur a été faite au moment de leur engagement. Les autorités gouvernementales requièrent alors un recensement des supplétifs menacés par le Front de libération nationale (FLN).

Le 15 mai 1962, près de 5 000 supplétifs et leurs familles sont dénombrés et bénéficient de ce plan de rapatriement : ils quittent le pays au début du mois de juin 1962.

Ex-supplétifs et leur famille débarqués à Marseille dans l’attente d’un départ pour le camp de Sainte-Marthe puis celui du Larzac.

Ils sont placés derrière un mur afin d'éviter les jets de pierres et les insultes d'immigrés, membres du FLN.

© Fond Pierre Domenech - Source : ONaCVG Ainsi la majorité des Harkis restent en Algérie tandis que d’autres supplétifs qui ne sont pas parvenus à se faire connaître par les autorités administratives embarquent clandestinement pour la France avec ou sans l’aide de leurs officiers.

Ceux-ci sont en effet déjà chargés de la logistique de retour des forces armées et de l’ensemble des rapatriés, soit près de 700 000 personnes durant l’année 1962.

L’arrivée de groupes d’anciens Harkis en métropole suscite d’ailleurs la vive réaction de Pierre Messmer, ministre des Armées, tel qu’il apparaît dans le message ci-dessous. Il est difficile de déterminer le nombre exact de supplétifs et des membres de leurs familles rapatriés en métropole.

On estime toutefois que 66 000 d’entre eux sont arrivés entre juin et septembre 1962 (source : Service central des rapatriés).Le lieutenant Yvan Durand, chef de la SAS et de la harka de Maala El Isseri (Grande Kabylie) démissionne de l’armée pour pouvoir s’occuper de ses hommes et de leurs familles.

Il demeure alors en Algérie, sans droit, avec sa femme et sa fille de dix-huit mois, afin de trouver les moyens d’organiser leur transfert vers la métropole.

Il attend que tout le monde soit embarqué pour partir, le 30 juin, dernier jour avant l’indépendance. Cette photographie montre l’arrivée des familles le 6 septembre 1962, soit 133 personnes au total, ce qui représente la moitié de la population existante du village d’Ongles (Alpes de Haute-Provence). En juillet 1962, le ministre des Armées Pierre Messmer signale que l’armée française ne dispose plus de moyens pour accueillir les anciens supplétifs dans les camps militaires en Algérie.

Ces incertitudes amènent le gouvernement français à interdire fermement les transferts des supplétifs en France et donc à les abandonner, selon les mots du Président de la République le 20 septembre 2021.

C’est dans ce contexte que des officiers ou des fonctionnaires, à l’instar du futur général François Meyer, décident de rapatrier des supplétifs, placés sous leur commandement, accompagnés de leur famille. Les Harkis victimes de représailles Dès le cessez-le-feu du 19 mars 1962, et surtout durant l’été puis l’automne 1962, certains anciens supplétifs font l’objet de représailles par les forces indépendantistes et une partie de la population.

Le nombre de personnes qui ont été exécutées, torturées ou écrouées demeure indéterminé.

Si le rapport à l’ONU du contrôleur général de Saint-Salvy fait état de 150 000 morts, les historiens estiment quant à eux que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été exécutées ou assassinées, sans qu’ils ne puissent, aujourd’hui, apporter une évaluation plus précise et consensuelle. Ce n’est que le 19 septembre 1962 que le Premier ministre Georges Pompidou ordonnera le rapatriement des supplétifs en France. Des conditions d’accueil et.... »

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