Essai
Publié le 17/05/2020
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«
Essai 1
Dans Les Taxis de la Marne , Dutourd écrit qu’ «Une soci été qui donne raison dans les faits
aux cancres contre les bons
élèves est à revoir s érieusement.» Une soci été est un syst ème
d’habitudes charg
é d’organiser la distribution des services et des biens entre les membres du
groupe. Afin de remplir cette mission fondamentale qui est la sienne, il lui faut se donner les moyens
de pers
évérer dans son être.
Qu’estce que cela entra îne? La mise en place de m écanismes de
pr
éservation, de perp étuation et de reproduction. Le syst ème éducatif figure pr écis ément parmi ces
m
écanismes au moyen desquels la soci été entend pers évérer dans son être.
Qu’estce qu’un
syst
ème éducatif? L’ensemble des proc édures élabor ées et appliqu ées afin de permettre aux futurs
membres de la soci
été de d évelopper les qualit és et comp étences profitables au corps social.
Cependant, les syst
èmes éducatifs sont tout aussi divers, multiples, vari és que les types de soci étés.
L’
école la ïque, gratuite, obligatoire, r épublicaine de la troisi ème r épublique fran çaise n’avait pour tout
objectif que de pr
éparer une arm ée pour la prochaine guerre contre l’Allemagne apr ès la d éfaite de
1870. Les
écoles respectives d’un Etat th éocratique, d’un Etat militariste, d’un Etat totalitaire et d’un
Etat d
émocratique n’ont pas grand chose à voir.
Les syst èmes éducatifs constituent des enjeux
strat
égiques pour l’Etat qui entend modeler à se guise les membres du groupe social. Toute soci été
se pr
ésente comme un r éseau de qualit és diverses dont le syst ème éducatif qu’elle met en oeuvre
est bel et bien symptomatique. En ce sens, Dutourd se montre tr
ès s évère dans l’appr éciation qu’il
livre sur la soci
été fran çaise du XX è si ècle, à travers l’analyse de son syst ème éducatif. Ce syst ème
é
ducatif, soutientil, donne raison aux cancres. Autrement dit, ce syst ème éducatif est un syst ème
contreproductif, qui se contredit luim
ême et qui semble ainsi autodestructeur.
Par cons équent,
Dutourd affirme la n
écessit é de r éformer non pas le seul syst ème éducatif, mais la soci été dans son
ensemble.
Que pr
ésuppose Dutourd? Que le syst ème éducatif d’une soci été constitue l’ étalon de
mesure qui doit permettre d’en d
éterminer la valeur r éelle. Dans quelle mesure estil donc l égitime
de voir dans le syst
ème éducatif le sympt ôme du bon ou du mauvais fonctionnement d’un groupe
social?
Quelle est la caract
éristique fondamentale du syst ème éducatif fran çais contemporain
d’apr
ès Dutourd? Son incoh érence. En m ême temps qu’il d éveloppe les qualit és des élèves utiles
pour la soci
été, un syst ème éducatif se pr ésente immanquablement comme un proc édé de
hi
érarchisation des élèves.
Dans cette perspective, les qualit és d étermin ées qui font l’objet de la
consid
ération sociale doivent jouer le r ôle d’id éaux à atteindre pour les élèves, en m ême temps que
celui de crit
ères d’ évaluation et de classement des élèves. Cette port ée hi érarchisante du syst ème
é
ducatif, Dutourd ne la remet pas en question, lui qui mobilise les cat égories de «cancres» et de
«bon
élèves». Qu’estce qu’un cancre? Un élève qui ne r éussit pas. Telle semble être la d éfinition
qui s’impose
à premi ère vue. Un bon élève, en revanche, r éussit. Que dire de ce premier r éseau de
d
éfinitions? Il s’av ère finalement discutable parce qu’il se fonde sur la seule prise en compte du
crit
ère de r éussite aux évaluations. A s’en tenir à ce crit ère, pourtant, on risque de placer dans la
cat
égorie des cancres les élèves s érieux mais en difficult é et dans la cat égorie des bons élèves, les
é
lèves qui ont des facilit és mais qui ne travaillent pas.
Il convient donc d’enrichir les d éfinitions
pr
écédentes. Le cancre int ègre une composante de paresse, de mauvaise volont é, de malhonn êtet é.
Le bon
élève, pour sa part, int ègre dans sa d éfinition une composante de d évouement, de docilit é,
de bonne volont
é et, pardessus tout, de courage. «Donner raison aux cancres» signifie favoriser,
accorder son appui. Aucune soci
été digne de ce nom ne serait pr ête à assumer la contradiction ni à .
»
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