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Érythrée

Publié le 06/12/2021

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1 PRÉSENTATION

Érythrée, en arabe Irītrīyā et en tigrinya Értra, pays du nord-est de l’Afrique. Sa capitale est Asmara.

Située à la limite de la région géopolitique de la Corne de l’Afrique, l’Érythrée a pour voisins Djibouti au sud, l’Éthiopie à l’ouest, et le Soudan au nord. Conquise de nombreuses fois au cours du xxe siècle, d’abord par les Italiens puis par les Britanniques et enfin par les Éthiopiens (constituant alors la porte de l’Éthiopie sur la mer Rouge), l’Érythrée a accédé à l’indépendance en 1993, à l’issue d’une guerre de libération qui a duré trente-cinq ans.

2 LE TERRITOIRE ET SES RESSOURCES

La superficie de l’Érythrée est de 121 144 km². C’est un vaste plateau qui domine une étroite plaine côtière, large d’une cinquantaine de kilomètres, s’étendant vers le sud et formant dans sa partie méridionale le désert Danakil. La plaine côtière est extrêmement chaude et reçoit peu de pluie. Les côtes, longues de 2 234 km, sont inhospitalières en raison des récifs coralliens et ne possèdent que deux mouillages de qualité, la baie d’Arkiko où est installé le port de Massaoua et le golfe de Zula. Au sud-est, le désert des Afars (Danakils), la fameuse plaine du sel, située en dessous du niveau de la mer (- 100 m), connaît des températures parmi les plus élevées jamais enregistrées sur terre. Vers l’ouest, la plaine côtière se relève brusquement en un haut plateau dont l’altitude varie de 1 830 à 2 440 m et où les précipitations annuelles sont nettement supérieures à celles de la côte. Les collines, situées au nord et à l’ouest du plateau central, varient entre 760 et 1 370 m d’altitude. Le réseau hydrographique du pays est pauvre, le seul fleuve important, non navigable, le Baraka, prend sa source près d’Asmara et se jette dans la mer Rouge au Soudan. Le climat est très dur : semi-désertique et désertique sur la côte et dans le désert Danakil, il est plus tempéré sur les plateaux. Le port de Massaoua connaît une température moyenne de 30 °C, avec un maximum absolu de 50 °C en juillet. Les précipitations moyennes oscillent entre 150 et 500 mm par an, selon les régions. On trouve trois types de paysages naturels, la steppe à acacias et le désert sur les côtes, la brousse xérophile parsemée de tamaris et d’acacias et la savane sur les plateaux.

Le pays possède des gisements de potasse ainsi que très certainement de l’or, du fer et du pétrole ; mais trois décennies de guerre ont beaucoup freiné l’exploration et l’exploitation de ces ressources minières.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ

La population de l’Érythrée est hétérogène ; plusieurs langues, cultures et religions y sont représentées. Les langues les plus parlées sont des langues sémitiques et chamitiques. L’arabe, le tigrinya et le tigré appartiennent au premier groupe, l’afar, le saho, le beja au second. Les principaux groupes ethnolinguistiques de l’Érythrée sont les Tigrinya (47,9 p. 100), les Tegréens (31,0 p. 100), les Afars (4,2 p. 100) et les Beja (3,9 p. 100). À peu près la moitié de la population est constituée de chrétiens coptes traditionnellement installés sur le plateau (voir Églises chrétiennes d’Orient). L’autre moitié est musulmane et vit sur la côte et dans les villes (voir islam). Malgré la diversité culturelle, les Érythréens sont demeurés unis dans leur lutte contre la domination éthiopienne.

En 2008, la population de l’Érythrée est estimée à environ 5 028 475 habitants, soit une densité d’environ 41 habitants au km2. 80 p. 100 de la population est rurale. Les principales villes sont la capitale, Asmara, qui, avec 563 948 habitants en 2005, domine de loin les autres villes, Assab (56 300), Keren (32 100), Massaoua (39 098) et Menderfa (14 800).

La guerre avec l’Éthiopie et les famines qui ont frappé la région dans les décennies 1970 et 1980 ont provoqué d’importants déplacements de populations. Lors de l’indépendance en 1993, 20 p. 100 environ de la population était déplacée ; un demi-million d’Érythréens étaient réfugiés au Soudan. Outre les problèmes de subsistance, de pauvreté et d’illettrisme (estimé en 2000 à 50 p. 100 de la population), la nouvelle nation doit faire face à de lourdes tâches : réinstaller une partie de la population déracinée par la guerre et la famine, et reconstruire un pays dont les infrastructures ont toutes été détruites, en particulier le port de Massaoua.

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE

Après la fin de la domination éthiopienne de facto sur l’Érythrée en 1991, le Front populaire de libération de l’Érythrée (FLPE), le mouvement le plus actif dans la guerre de libération, prend le contrôle de l’administration. L’indépendance est approuvée par référendum en avril 1993 et proclamée le 24 mai. Une période transitoire de quatre ans durant laquelle une Constitution doit être préparée est décidée. Le régime de transition est mis en place en mai 1993, sous le contrôle de la branche politique du FLPE, le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), et de son secrétaire général Issayas Afeworki, qui prend la tête de l’État et du gouvernement. Le pouvoir législatif est assuré par une Assemblée nationale de 150 membres.

La Constitution ratifiée en 1997 n’entre pas en vigueur en raison de la guerre survenue en 1998 avec l’Éthiopie. Après deux années d’un conflit meurtrier ayant entraîné un désastre économique, des revendications de démocratisation surgissent au printemps 2001, au sein même du FPDJ, parmi un groupe de « réformateurs « qui critiquent la dérive autocratique du régime. Dès le mois de septembre 2001, une répression féroce s’abat sur les dissidents et les journalistes (arrestations, suppression de la presse privée).

5 ÉCONOMIE

Depuis son indépendance, en 1993, l’Érythrée est confrontée aux difficultés économiques d’un petit pays chroniquement pauvre. Son économie repose à 80 p. 100 sur l’agriculture, qui constitue l’activité traditionnelle du plateau et des régions Nord et Ouest (oliviers, vigne, blé), où les précipitations sont suffisantes. Sur la plaine côtière, aride, l’élevage prédomine. La guerre avec l’Éthiopie (1998-2000) a eu des répercussions dramatiques sur l’économie du pays : la croissance est tombée à zéro en 1999 et à -12,1 p. 100 en 2000. L’attaque éthiopienne de mai 2000 dans le Nord a empêché les récoltes dans la région la plus productrice du pays et fait chuter la production alimentaire de 62 p. 100. Pendant le conflit, l’Érythrée a cependant continué de développer ses infrastructures (routes, ports). Après la guerre, le régime autoritaire d’Issayas Afeworki continue de contrôler l’économie du pays. En raison de pluies éparses, combinées au retard de la démobilisation des troupes, la production céréalière demeure en deçà de la normale et la population dépend essentiellement de l’aide humanitaire internationale.

En 1997, l’Erythrée abandonne l’usage du birr éthiopien et se dote de sa propre monnaie, le nafka (divisible en 100 centimes).

6 HISTOIRE
6.1 Des origines à la période moderne

Les premiers habitants de l’Érythrée auraient migré de la vallée du Nil vers les plaines côtières de la mer Rouge. Durant les millénaires suivants, l’Érythrée connaît les migrations de peuples de langues nilotiques, couchitiques et sémitiques, vers la région qui est l’une des plus anciennes zones de culture et de domestication animale d’Afrique. Dès 3000 av. J.-C., l’Érythrée pratique le commerce sur la mer Rouge des épices, des aromates et de l’ivoire. Au ive siècle apr. J.-C., l’Érythrée fait partie de l’ancien royaume éthiopien d’Aksoum fondé par des émigrants de la péninsule arabique. La côte est islamisée dès le viie siècle. Elle prospère sous forme d’État semi-indépendant, sous la souveraineté toute théorique de l’Éthiopie, jusqu’à son annexion au xvie siècle par l’Empire ottoman en pleine expansion.

6.2 La colonisation européenne

En 1889, l’Érythrée devient colonie italienne, par le traité d’Uccialli, cinquante ans avant l’Éthiopie. En 1936, elle sert de tremplin à la conquête de l’Éthiopie par Mussolini, et reste colonie italienne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En 1941 en effet, les forces britanniques s’emparent du territoire.

6.3 L’Érythrée sous domination éthiopienne

En 1952, les Nations unies préconisent la formation d’une fédération entre l’Érythrée et l’Éthiopie afin de contenter à la fois les revendications de l’Éthiopie sur un accès à la mer Rouge et la volonté d’indépendance des Érythréens. L’Érythrée est dotée d’un Parlement et met en place un régime démocratique, l’Éthiopie étant seulement responsable de la diplomatie et de la défense de l’Érythrée. Cet esprit démocratique heurte la volonté centralisatrice du négus Haïlé Sélassié, qui, petit à petit, par des prébendes et des pressions fait voter par le parlement érythréen le rattachement du pays qui devient une province éthiopienne en 1962.

Une résistance nationale s’organise parmi le peuple qui refuse l’annexion en raison des différences culturelles nées de la domination coloniale et d’une plus grande ouverture de l’Érythrée sur le monde. Ce sont les cadres de la Ligue musulmane d’Érythrée, fondée en 1946, qui forment la première opposition et organisent le Mouvement de libération de l’Érythrée (MLE), fondé en 1958 au Caire et qui proclame alors la lutte armée contre la domination éthiopienne. Le MLE est remplacé par le Front de libération érythréen (FLE) en 1962. Jusqu’à la fin des années 1960, la résistance est menée par le FLE, avec le soutien du Soudan et de l’Égypte. La guerre est longue et meurtrière. Des différends d’ordre idéologique ou tactique provoquent des ruptures et des luttes au sein du FLE. Elles aboutissent, à la fin des années 1970, à l’émergence du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE) laïque et socialiste, voire marxiste-léniniste, à dominante copte, qui se révèle un adversaire pugnace du gouvernement éthiopien et fait de Nakfa, ville du nord du pays un bastion imprenable. En 1984-1985, une sécheresse (associée aux conséquences de la guerre) provoque une grave famine. En janvier 1990, le FPLE s’empare de Massaoua et prend, l’année suivante, le contrôle d’Asmara. Le bilan de la guerre est très lourd : 150 000 morts dont 65 000 combattants et près de 1 million de réfugiés.

6.4 L’indépendance de l’Érythrée

Le 28 mai 1993, l’Organisation des Nations unies accueille officiellement l’Érythrée parmi ses membres et reconnaît au FPLE la légitimité de diriger le pays. Après avoir modifié son nom, transformé en Front populaire pour la démocratie et la justice, le FPLE qui dirige le nouveau régime entreprend une politique de bon voisinage avec l’Éthiopie en signant au mois d’avril 1995 un accord faisant des deux pays une zone de libre-échange. En même temps, le régime du président Issayas Afeworki doit faire face à la montée d’une opposition islamiste appuyée par le Soudan. En décembre 1995, les Érythréens occupent les îles Hanish, à l’entrée de la mer Rouge, archipel dont la souveraineté leur est contestée par le Yémen. Au mois d’octobre 1996, l’Érythrée et le Yémen qui ont fait appel à la médiation de la France décident de soumettre leur litige à un arbitrage international (la Grande Hanish sera restituée au Yémen en novembre 1998). En 1997, avec l’aide internationale, l’Érythrée poursuit la reconstruction économique du pays qui dépend toujours pour 40 p. 100 de l’aide extérieure. L’opposition islamiste de l’Union nationale érythréenne, une scission du FLE, animée par Abdallah Idriss, semble s’orienter vers des actions armées, avec l’appui de certains dirigeants soudanais. Dans ce contexte, la mise en œuvre d’une nouvelle Constitution et l’élection d’un Parlement sont repoussées par le président Afeworki.

6.5 La guerre contre l’Éthiopie

En mai-juin 1998, après l’établissement du nakfa — la nouvelle monnaie nationale — qui a paralysé le commerce entre les deux pays, un conflit armé oppose l’Érythrée à l’Éthiopie à propos de zones du territoire éthiopien revendiquées par l’Érythrée sur la base des frontières établies lors de l’occupation italienne. Une première médiation des États-Unis et du Rwanda échoue. En février 1999, les combats, qui mettent aux prises les deux armées, permettent à l’Éthiopie de reprendre la plaine de Badmé. Après une trève de plusieurs mois, les troupes éthiopiennes envahissent l’Érythrée entre février et mai 2000. Afin d’inciter les deux pays à engager des pourparlers de paix, un embargo sur les armes, le matériel et l’assistance militaire est proclamé par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les troupes érythréennes se retirent alors des territoires qu’elles occupaient depuis le début du conflit.

Après deux ans de guerre, qui ont entraîné la mort de dizaines de milliers de victimes et provoqué le déplacement de 1,3 million de personnes, les négociations de paix entamées en mai 2000 entre les représentants d’Addis-Abeba et d’Asmara, sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aboutissent à la signature d’un accord de cessez-le-feu, le 18 juin à Alger. Le 12 décembre 2000, un « accord de paix global « est signé — toujours à Alger — par le président érythréen, Issayas Afeworki, et par le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi à l’instigation du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Également paraphé par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, et par la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, il ouvre la voie au déploiement de la Mission des Nations unies en Éthiopie et Érythrée (Minuee), forte de 4 200 hommes et de 200 observateurs, dans une zone tampon de sécurité d’une profondeur de 25 kilomètres le long de la frontière.

Le 13 avril 2002, l’arbitrage frontalier définitif rendu par les experts de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye marque une étape cruciale dans le processus de paix entre l’Érythrée et l’Éthiopie. La ligne de partage retenue, résultat d’un compromis entre les revendications territoriales des deux pays, paraît équilibrée aux deux parties, qui acceptent la décision. Les tensions demeurent vives toutefois le long de la frontière ; l’attribution de la ville de Badmé, notamment, est l’objet d’interprétations contradictoires. En 2005, la question frontalière reste irrésolue. Le pays doit en outre faire face à une grave crise économique et alimentaire : après plusieurs années de sécheresse, plus de deux millions de personnes, sur une population totale de 3,8 millions d’habitants, dépendent de l’aide humanitaire internationale. Sur le plan politique, la répression se poursuit contre les opposants et dissidents au régime d’Issayas Afeworki.

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