Ernst (Max)

« 1 / 2 14 février 1968 Série D-16 Fiche N" 2243 Ernst (Max) 1.

Généralement considéré, avec Magritte et Tanguy, comme un des meilleurs peintres surréalistes, Max Ernst possède au plus haut degré l'art du mystère angois­ sant et de l'évocation fantastique.

La richesse des techniques expressives (collage, trompe-l'œil, frottage) est mise directement au service des facultés hallucinatoires du peintre.

Son sens de la métaphore picturale et du délire organisé confère à ses toiles une puissance de rêverie et d'envoûtement qui laisse loin en arrière les fantaisies anecdotiques de Dali et de quelques autres.

2.

Né le 2 avril 1891 à Brühl, près de Cologne, Max Ernst s'installe à Paris dès 1922 et participe à la querelle qui oppose le surréalisme naissant au dadaïsme moribond.

Il suscite l'intérêt en transposant dans la peinture les procédés du collage et en créant par le rapprochement insolite des images un climat de panique et de malaise (oc Deux Enfants sont menacés par un Rossignol " -1924).

En 1925, Max Ernst invente le frottage (on applique la toile ou le papier sur un relief et on frotte la face supé·rieure à l'aide de crayons ou de couleurs).

Les créations ainsi obtenues formeront " Histoire naturelle» (1926).

De 1929 à 1934, Ernst publie ses romans-collages: "La Femme 100 Têtes "• " Rêve d'une Petite Fille qui voulut entrer au Carmel "• « Une Semaine de Bonté "· Inscrit sur les listes noires des nazis, Ernst donne une série de toiles sombre­ ment prophétiques (• Jardin Gobe-Avions»).

Il participe en 1938 à l'Exposition inter­ nationale ·du surréalisme.

Interné en France, où il vit avec Leonora Carrington, dès le début des hostilités il réussit à gagner New York en 1941.

Il fonde avec Breton et Duchamp la revue « VVV "• peint " L'Europe après la Pluie "· une de ses toiles les plus célèbres et rencontre Dorothea Tanning.

Rentré à Paris en 1953, il se fixe à Huisme, près de Chinon.

Il brigue et obtient en 1954 le Grand Prix de peinture de la Biennale de Venise, ce qui lui vaut d'être exclu du groupe surréaliste.

3.

La peinture de Max Ernst se place sous le double signe de la lucidité et de l'inspi­ ration.

L'organisation calculée du tableau s'harmonise toujours avec la passion des images.

Même dans le frottage, donné pour le véritable équivalent pictural de l'écriture automatique, le sens de la composition reste dominant.

4.

Avec l'œuvre de Max Ernst, le surréalisme a acquis en peinture sa signification essentielle: faire d'un tableau un moyen de connaissance des régions inexplorées de l'esprit.

Son univers onirique propose une véritable histoire naturelle de l'imaginaire.

L'agressivité s'y manifeste sourdement.

Dans l'éclatement des formes et le dynamisme des couleurs, une sorte de crispation et de tension réussit à communiquer au specta­ teur un vertige comme ceux que l'on éprouve dans les cauchemars ou aux frontières de la folie.

Plusieurs toiles traduisent d'ailleurs un effritement, une décomposition.

5.

La maitrise et la variété techniques unies à la richesse de l'inspiration font de l'œuvre de Max Ernst une des plus importantes des années vingt à cinquante.

L'exubé­ rance des formes et des couleurs, le goût des constructions madréporisées où paraissent des êtres mystérieux et inquiétants l'apparentent à Bosch, à Grunewald et augrand courant baroque.

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