Émile BERNARD:PORTRAIT DE MA SOEUR MADELEINE.

« Émile B ERNARD POR TRAIT DE MA SŒUR MADELEINE «Ma sœur était fort belle et très mystique », déclara un jour, non sans ambiguïté, Émile Bernard.

Ces deux adjectifs conviennent tout à fait à cette toile baignant dans une atmosphère irréelle.

Tout imprégné de ses nouvelles décou~ertes en matière de représentation picturale, Emile Bernard, installé une fois de plus à Pont-Aven, travaille dans la solitude.

LE MODÈLE Émile Bernard avait une véritable dévotion pour sa sœur Madeleine.

«Elle était pour moi l'image même du paradis» , devait-il écrire après la disparition de la jeune fille, survenue en 1895, alors qu'elle n'avait que vingt-cinq ans.

Ce sentiment _était ré~ipr~ue.

Sur son lit de mort, Madeleme conf1a a son frère quels avaient été les plus beaux mo­ ments de sa vie: «Ceux où je lisais tes poè­ mes et où je posais pour toi.

» la nature de leur relation était très étrange, comme en témoigne cette confession de l'artiste: «Au­ cun esprit n'a été autant accor dé au mien ( ...

) Vingt-cinq ans après sa mort, je suis toujours marié avec elle.» LE TAB LEAU l'œuvre est contemporaine du célèbre ta­ bleau Madeleine au Bois d'Amour.

La jeune fille a posé dans le même cadre, à Pont­ Aven.

Mais, cette fois, elle est debout et Madeleine, la sœur d'Émile Bernard , lui inspira son chef-d'œuvre , peint au Bois d'Amour , près de Pont-Aven.

Émile BERNARD 1868-1941 • Portrait de ma sœur Madeleine • Huile sur toile 61 cm x 50 cm • Signé en bas, à gauche, «Emile Bernard 1888 ~ • Peint en 1888 • Localisation : Albi, musée Toulouse­ Lautrec presque de face.

Fidèle à son idéal de pein ­ ture «synthétique:., l'artiste nous offre de sa sœur un portrait éthéré.

Ses lèvres sont ser­ rées, ses yeux plongés dans le vide, comme si elle était en prière.

les trois arbres qui sem­ blent surgir de sa tête évoquent également une ambiance sacrée: ils s'inspirent directe­ ment des calva ires bretons.

L'Œ U VRE l'artiste avait été marqué dans son enfance par la technique du vitrail.

Il aimait «leurs co uleu rs franches , posées en, apl ats, sépa­ rées les unes des autres».

Emile Bernard avait également été impressionné par la façon dont Cézanne travaill ai_! ses paysages, à grands coups de pinceau francs et éner ­ giques, tout en simplifiant les formes.

la com­ binaison de ces deux influences nous offre ce tableau qui ressemb le 9 une icône.

Ainsi, les œuvres réalisées par Emi le Bernard à Pont­ Aven ouvrent la voie aux futurs peintres nabis.

L'HIS TOIR E Ce tableau fut direc tement acheté à Émile Bernard par le musée Tou louse-lautrec d'Albi, pour rendre hommage à la véritable amitié qui avait uni les deux artistes.

LA COTE La Cueillette des pommes à Pont-Aven a atteint 250000FF (45 450 dollars) en 1990.

Mais les prix ont tendance à monter: l'Autoportrait aux nues à Pont-Aven a été vendu 1,487million de FF (270 000 dollars).. »