Edouard

« Edouard Infortuné leader tchécoslovaque. Le président de la Tchécoslovaquie, Edouard Benès, appartenait à cette catégorie de leaders magnanimes, pleins dedignité et extrêmement respectés qui, face à la menace fasciste, n'avaient aucune chance d'utiliser leurs qualitéspour éviter un désastre national.

Avocat de profession, ministre des Affaires étrangères dès 1918, président à partirde 1935, Benès incarnait l'idéal de la démocratie constitutionnelle en Tchécoslovaquie.

Il ne cessa de plaider pour lapaix et la bonne entente mondiales.

Depuis 1920, il présida la délégation tchèque à la Société des Nations et, en1924, fut un des auteurs du protocole de Genève, qui rendait obligatoire l'arbitrage entre les membres de la SDN.

Ilfut aussi le promoteur de l'alliance entre la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie et, en 1934, il noua desrelations diplomatiques avec la Russie communiste, auparavant frappée d'ostracisme.

Cette politique attira à Benèsun certain nombre d'ennemis.

Citons la Pologne, à qui la Tchécoslovaquie avait ravi la région de Tesin aprèsl'invasion russe de 1920, l'Allemagne nazie qui, à partir de 1934, assena une propagande flétrissant la réputation deBenès, dépeint comme un agent communiste, oppresseur de la minorité allemande en Tchécoslovaquie.

Aussi, en1938, lorsque les accords de Munich amputèrent la Tchécoslovaquie d'une partie de son territoire, Benès,abandonné par la France et la Grande-Bretagne, se retrouva seul et assista, impuissant, au partage de son pays.

Le5 octobre, quelques jours après la signature des accords, il donnait sa démission et se réfugiait aux Etats-Unis.Pendant la guerre, il fut président du gouvernement provisoire tchécoslovaque en exil à Londres.

Lorsque, le 18juillet 1941, la Russie, se joignant à la Grande-Bretagne, reconnut le statut officiel de celui-ci, il remporta untriomphe diplomatique.

En décembre 1943, il signa un traité d'alliance avec l'URSS, accord qui, pour lui, signifiait quecelle-ci soutiendrait son gouvernement en Tchécoslovaquie, la guerre terminée.

C'était une illusion.

En 1948, sesaspirations vers une Tchécoslovaquie démocratique se heurtèrent au désir des Soviétiques d'instaurer un régimecommuniste et il se vit contraint d'accepter une majorité communiste dans son cabinet.

Le 7 juin, alors qu'il n'étaitpas encore remis de deux attaques survenues l'année précédente, Benès démissionna de son poste de présidentpour la seconde fois.

Trois mois plus tard, il mourait.. »