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Edgar Allan Poe

Publié le 09/12/2021

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La vie d'Edgar Allan Poe, né en 1809 à Boston d'un ménage comédiens errants, trouvé en 1849 mourant d'une crise de delirium tremens dans un bureau de vote de Baltimore, présente pour nous la particularité de joindre à une possibilité de reconstitution extrêmement minutieuse de ses accidents extérieurs une indétermination quasi totale des motifs qui la mènent. Quant à l'arrangement matériel ­ plutôt inconfortable ­ de sa vie, au minimum de besoins physiques qu'il lui arrivait de tenter tant bien que mal de satisfaire (l'homme qu'on trouva le 3 octobre 1849 au Ryan's Fourth Ward Polls de Baltimore, "écroulé sur un siège, le visage hagard, son vaste front caché sous un chapeau de palme déchiré et sans ruban, son costume composé d'un paletot-sac d'alpaga qui bâillait aux coutures et d'un pantalon de "cassinette" à dessins brouillés, à moitié usé et mal ajusté, si l'on peut dire qu'il le fût le moins du monde", en avait de tyranniques mais, semble-t-il, d'assez lacunaires), Poe paraît ne l'avoir jamais envisagé autrement que sous la forme d'une perpétuelle prise en charge ­ par son père adoptif, par sa belle-mère Maria Clemm, par les femmes qu'il connut ou aima, et qui, épouse, amie, hôtesse, furent toujours pour lui uniformément "la sœur de charité". Dans cette caricature tragique de "chute dans l'anonymat du on" ­ une bouteille de whisky d'une main, un bulletin de vote de l'autre ; et ce regard atrocement vide qu'on lui voit dans le fameux daguerréotype de Mac Farlane ­ que fut sa suprême et ubuesque "prise en charge" par les négriers électoraux de Baltimore, dans cette régalade civique un peu appuyée sur laquelle le poète prend congé de l'aimable société, il y a l'image d'un homme qui s'est beaucoup, qui s'est gravement absenté de sa vie.

« Edgar Allan Poe La vie d'Edgar Allan Poe, né en 1809 à Boston d'un ménage comédiens errants, trouvé en 1849 mourant d'une crisede delirium tremens dans un bureau de vote de Baltimore, présente pour nous la particularité de joindre à unepossibilité de reconstitution extrêmement minutieuse de ses accidents extérieurs une indétermination quasi totaledes motifs qui la mènent.

Quant à l'arrangement matériel plutôt inconfortable de sa vie, au minimum de besoinsphysiques qu'il lui arrivait de tenter tant bien que mal de satisfaire (l'homme qu'on trouva le 3 octobre 1849 auRyan's Fourth Ward Polls de Baltimore, "écroulé sur un siège, le visage hagard, son vaste front caché sous unchapeau de palme déchiré et sans ruban, son costume composé d'un paletot-sac d'alpaga qui bâillait aux coutureset d'un pantalon de "cassinette" à dessins brouillés, à moitié usé et mal ajusté, si l'on peut dire qu'il le fût le moinsdu monde", en avait de tyranniques mais, semble-t-il, d'assez lacunaires), Poe paraît ne l'avoir jamais envisagéautrement que sous la forme d'une perpétuelle prise en charge par son père adoptif, par sa belle-mère Maria Clemm,par les femmes qu'il connut ou aima, et qui, épouse, amie, hôtesse, furent toujours pour lui uniformément "la soeurde charité".

Dans cette caricature tragique de "chute dans l'anonymat du on" une bouteille de whisky d'une main, unbulletin de vote de l'autre ; et ce regard atrocement vide qu'on lui voit dans le fameux daguerréotype de MacFarlane que fut sa suprême et ubuesque "prise en charge" par les négriers électoraux de Baltimore, dans cetterégalade civique un peu appuyée sur laquelle le poète prend congé de l'aimable société, il y a l'image d'un homme quis'est beaucoup, qui s'est gravement absenté de sa vie. On peut comprendre que, dans les États-Unis de 1840, le poète ne se soit pas trouvé particulièrement à l'aise.

Dansla littérature américaine, à laquelle il reste radicalement hétérogène, Poe représente un emprunt à l'état pur.L'homme qui traverse, sans prêter même un instant l'oreille à son souffle de forge, la geste américaine de la premièremoitié du XIXe siècle, qui respire autour de lui la sueur de ce peuple brutal, constructeur, ouvrier, positif, des "log-cabin-men" et de la Naissance d'une Nation, sans daigner saluer même d'un battement de paupière le passage duwigwam peau-rouge au chasse-buffle des locomotives, véhicule dans son sang, portés par le climat torride duNouveau Monde à leur point extrême de virulence et de fermentation, les poisons les plus subtils de la décadenceeuropéenne.

Le fond du paysage mental qu'il promène, sans jamais l'y transplanter, dans les savanes vierges desouvenirs des Carolines château des Apennins du Portrait Ovale, collège croulant sous les lierres de William Wilson,vieux livres de la Kabbale, chartes de navigation immémoriales et effacées croule sous un poids fabuleux de légende,ajoute à l'éloignement dans le temps le recul supplémentaire du total dépaysement.

Comme, avant de les voir, c'està leur odeur qu'on reconnaît du large l'approche des Îles Fortunées, ce qu'il saisit d'un battement de narines quandl'Europe n'en a pas encore pris conscience, ce que le vent trie pour lui et lui apporte, c'est le parfum même, l'odeuret vireuse de l'exquise pourriture européenne.

Tout comme, au même moment le temps ayant achevé la distillationde ses pures essences Baudelaire et Huysmans peuvent sentir pour la première fois après quinze siècles, comme onrespire un flacon débouché, ce que sentait exactement la décadence latine, on dirait que Poe, de l'autre rive,apporte à saisir l'odeur intime de l'Europe fléchissante sous le poids de ses souvenirs et de ses rêves lediscernement maniaque d'un exilé qui hume dans le vent l'odeur de sa patrie. Helen, thy beauty is to meLike those Nicean barks of yoreThat gently, o'er a perfumed seaThe weary, wayw orn wanderer boreTo his own native shore. It was many and many a year agoIn a kingdom by the sea... Ce qu'ajoutent de nostalgie entêtante au souvenir du paradis tahitien vingt mille kilomètres de mer pour l'Européenqui en est revenu, c'est la mesure de la déformation légendaire, fabuleuse, qui d'Annabel Lee à Ulalume prête àl'univers de Poe qui n'est que le monde où l'écrivain européen respire cette brume d'inaccessible, ces couleursimmémoriales de paradis perdu et de lune morte, ces senteurs d'hypogée, cette majesté délirante et funèbre. L'Amérique s'est détournée du visage de ce qu'elle avait condamné sans retour.

L'Amérique ne pouvait pas donnerun public à Poe, à moins de perdre son âme toute neuve.

Mais l'Europe "l'Europe aux anciens parapets" à la fin areconnu cette image maladive, affinée, exténuée, terriblement expressive d'elle-même que lui renvoyait le"merveilleux ivrogne de Baltimore".

Elle l'a adoptée.

C'est par ses admirations surtout que le symbolisme a été grand.Il a mis presque tout son génie à choisir ses patronages.

Wagner, Baudelaire, Poe : nulle école n'a été plusexemplairement, plus impitoyablement renseignée dès le début sur ses plus intimes exigences - seulement, ce qu'ellevoulait, c'était déjà fait : elle ne s'en est jamais remise ni consolée, victime d'une fixation trop précoce de tard-venue Les plus beaux poèmes de Mallarmé sont des fleurs de cimetière, des bouquets frileux de la Toussaint : quede tombeaux à visiter ! Tombeau d'Edgar Poe, tombeau de Wagner, tombeau de Baudelaire.

C'est une générationd'arrière-saison, une école commémorative.

Elle vit sur un capital.

Ces gens-là dilapidaient le magot : ils avaienthérité d'un oncle d'Amérique.. »

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