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Écrire une lettre ouverte pour toucher les adolescents, et leur prouver que la poésie est utile dans notre société de consommation.

Publié le 09/12/2021

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« Notre siècle ignore la «gratuité» et valorise le «rentable».

Ainsi meurt doucement l'étude du grec que des imbécilesontjjjugée inutile.

La seule «gratuité» tolérée est «spectaculaire», c'est-à-dire transformée en gros sous par lesmédias : exploits en tous genres, traversées solitaires de l'Atlantique ou escalades sans filets...

Au milieu de toutcela, la poésie fait figure de parent pauvre ; reconnaissons qu'elle fit rarement la «une» d'Apostrophes...

Un poèteexplique cette «désaffection actuelle» par le goût de la «vitesse», de «l'argent» et le culte de l'efficacité sirépandus aujourd'hui.

Pour nos contemporains, la poésie ne sert à rien, le poète n'est qu'un marginal «incapable deconcevoir les enjeux actuels.» Mais d'abord cette désaffection est-elle réelle ? Et, si oui, quelles en sont les raisons? La poésie, d'ailleurs, est-elle vraiment «inutile» aujourd'hui ? Quelle pourrait être enfin la fonction de la poésie dansles sociétés modernes ?A ceux qui parlent de désaffection, on pourrait répondre «tirage» et montrer facilement que la poésie «se vend»assez bien aujourd'hui...

Ainsi, les Fleurs du Mal, largement en tête du palmarès des «meilleurs ventes d'ouvragespoétiques en livre de poche».

On y ajoutera l'excellente «tenue» de certains autres recueils, comme ceux de VictorHugo, ou des poètes fin de siècle, comme Rimbaud et Verlaine.

Les poètes d'aujourd'hui, - il en existe encore mêmes'ils n'encombrent plus guère le devant de la scène médiatique -, doivent se contenter de tirages beaucoup plusmodestes sauf Prévert.

Les grands noms du siècle, Apollinaire, Valéry, Eluard, Aragon, ont un public fidèle et asseznombreux.

Plus proches de nous, René Char et Henri Michaux surent attirer à eux un public lettré ; on peut seconsoler en pensant que la «qualité» de l'auditoire compense largement la modestie de la «quantité» ; nous vivonshélas un siècle où prime le quantitatif...

Le poète d'aujourd'hui doit se résigner à exercer un autre métier(enseignant, traducteur, etc.), accepter de paraître à compte d'auteur (donc d'être édité à ses frais) ou dans desrevues plus qu'estimables, mais dont la diffusion est très confidentielle.

Voilà au moins des gens dont on pourravanter le désintéressement.Les pessimistes verront dans le succès de Baudelaire ou Hugo un «miroir aux alouettes», une tromperie.

Ce n'est pasle goût de la poésie qui est déterminant dans ce choix, mais le goût des professeurs qui imposent lesdits poètes enen faisant des «auteurs-à-bac» type.

En fait les Fleurs du Maine seraient qu'une étape obligatoire dans la carrièred'un potache français : Baudelaire est un «auteur-qu'on-doit-connaître-pour-affiner-sa-culture-générale» et qu'ondoit bien vite oublier après, son bac en poche.

Pensez, un drogué, révolté, vérole...Les pessimistes prétendent encore que la poésie, pour les petits Français, ne signifie plus rien, puisqu'on ne leurapprend même plus les fables de La Fontaine auxquelles d'ailleurs ils ne comprenaient rien (Rousseau le savait déjàen 1762 qui l'écrivait dans L'Emile).

Seule aujourd'hui une aïeule est susceptible de vous réciter le Corbeau et leRenard sans faute, les écoliers étant beaucoup plus fascinés par le talent poétique de Dorothée et Chantal Goya(les plus audacieux choisissent Madonna ; au moins on ne comprend pas les paroles).

Les optimistes au contraire,constitués de quelques enseignants égarés, continuent à prétendre que Du Bellay et ses Regrets comme Ronsard etses Amours peuvent encore émouvoir des adolescents ; adolescents qui peuvent être touchés aussi par les poèmesde Baudelaire, frappés au cœur par les harmonies de Verlaine ou les fulgurances de Rimbaud...

Alors, poésie pasmorte ?l'as morte, certes, en tant qu'objet culturel et respectable, la poésie se meurt doucement de ne plus être pratiquée: ne nous , faisons aucune illusion, la poésie ne s'est jamais bien vendue (les Fleurs du Mal furent en leur temps unéchec commercial absolu !), mais elle vivait, à l'époque classique ou, surtout, romantique, parce qu'elle étaitpratiquée.

Cet art, vu comme élitiste, ne l'était pas lorsqu'il était l'expression spontanée d'un désir, lorsque toutnaturellement un amoureux envoyait des vers à sa petite amie, lorsque la poésie était le langage naturel du lycéenenfermé au pensionnat et désireux d'exprimer ses sentiments.

Aujourd'hui le téléphone remplace la lettre d'amour-poème ; on offre aux bambins une caméra vidéo ou un «baladeur».

L'adolescent consomme sans créer.

Pourquoi cela? On vous répondra «perte de temps».

Évidemment, pour séduire une jeune fille, la poésie convient ; pour «emballerune nana», c'est un moyen fort inadapté...

Risquons une autre explication : notre époque méprise les règles,morales ou politiques, - règne du chacun pour soi égoïste, mépris pour les autres.

Or la poésie meurt de liberté et senourrit de contraintes.

C'est un poète, Paul Valéry, qui le prétendait.

N'avait-il pas raison ? Qui voudrait encores'imposer de telles contraintes ?Pourquoi en effet s'ennuyer à des exercices aussi vains, artificiels et inutiles ? Il est vrai qu'aujourd'hui la poésiesemble souvent gratuite et inutile.

Pourquoi est-elle ressentie ainsi ? Parce que si la seule valeur est l'argent, lapoésie, qui n'en rapporte pas, est totalement sans valeur, sauf si on la reconvertit, comme les petits malins, en«chanson».

Certains bons esprits voudraient nous faire prendre la chanson pour la poésie d'aujourd'hui ; chaqueépoque, certes, a l'art qu'elle mérite, mais il y a là une assimilation abusive que les meilleurs auteurs de chansons,lucidement, ne font pas : rappelons l'épisode hautement comique d'une Apostrophe où, à un Guy Béart planant etpersuadé que chanson et poésie c'était tout un, Serge Gainsbourg répliqua vertement qu'il ne fallait pas confondre,et que leur art n'avait rien à faire avec celui de Rimbaud.Quant à ceux qui préfèrent à tout, la vitesse, avouons que la poésie n'est pas le moyen le plus court d'aller à sonbut, ni le plus rapide, ni le plus «économique» (au sens où il nécessite la dépense de beaucoup d'énergie !).Autrement dit, pourquoi dire de façon compliquée ce qu'on pourrait dire simplement ? Nos contemporains auraient-ilsde la poésie la même conception, un peu courte, que celle qu'on en eut au siècle le plus anti-poétique : le xviiiesiècle ?A ceux qui évoquent ainsi son incongruité, on peut répondre que de nombreux poètes avaient déjà proclamé cetteinutilité de la poésie dans les sociétés modernes.

Certains, comme Gautier, Hérédia et les tenants de l'An pour l'Art(le Parnasse.) pour s'en glorifier : le poète en aucun cas ne devait se «prostituer» à l'utile, au rendement ; d'autresse lamentent que le poète soit rejeté de la société mercantile.

Tel est le point de vue de Vigny dans sa belle pièce(qu'on ne lit ni ne voit plus assez) Chatterton.

Dans la société anglaise de la deuxième moitié du xviie siècle, en trainde vivre sa révolution industrielle, le poète n'a plus sa place : il n'est pas «positif», il ne rapporte rien et «n'est bonà rien».

Comme tout ce qu'il représente, la pensée, la beauté, l'amour, il doit être exclu du monde glacé où il vil.. »

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