Databac

Dubois dans les fausses confidences

Publié le 22/05/2022

Extrait du document

« Présentation du personnage de Dubois dans les fausses confidences de Marivaux Dans les Fausses Confidences de Marivaux, le valet Dubois tire les fils de l’intrigue.

C’est lui qui, de bout en bout, en dirige le cours comme il le décrète dès le début de la pièce, en jurant à Dorante qu'il épousera Araminte : « vous réussirez, vous dis-je.

Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là » (I, 2). Perspicace en amour, fin stratège, usant de tous les artifices pour parvenir à une réussite dont il ne semble jamais douter.

Valet de son état, il s'impose pourtant comme le personnage maître de cette pièce, dépassant de loin sa condition et surpassant, bien que le servant, son propre maître, Dorante.

C’est aussi ce que confirme Dorante dans son aveu final à Araminte : « tous les incidents qui sont arrivés partent de l’industrie d’un domestique, qui […] m’a, pour ainsi dire, forcé de consentir à son stratagème […].

» (III, 12).

Dubois dépasse, en cela, les valets de la comédie, certes traditionnellement adjuvants des amours de leurs maîtres, mais dont le rôle d’entremetteur reste plus ponctuel. Dubois est un personnage assez énigmatique ; on ne sait rien de lui mais lui, en revanche, sait tout de l’âme humaine.

Lorsqu’il distille avec une grande habileté ses fausses confidences, il provoque à chaque fois chez son interlocuteur l’effet escompté.

Même si Marivaux n’apporte aucune précision sur ses fonctions exactes dans la maison d’Araminte, l’écoute que lui accordent sa maîtresse - et Dorante -, sa supériorité sur Arlequin, son langage aussi, lui donnent un poids bien plus important qu’un simple valet classique. Si Dubois paraît dominer de loin toutes les situations, c'est qu'à la différence de la plupart des personnages de cette pièce, il détient une parfaite maîtrise du langage comme une excellente connaissance de ses effets.

Dubois s'ingénie à distiller ses paroles à l'oreille d'Araminte afin d'éveiller en elle un tendre intérêt pour Dorante.

Par exemple, relatant les circonstances dans lesquelles Dorante se serait épris d'elle, il recourt à l’histoire de la rencontre à l'Opéra.

Il prend alors soin de rendre son récit vraisemblable en insistant sur un jour de la semaine (« c'était un vendredi, je m'en ressouviens ; oui un vendredi », I, 14) tout en passant sous silence la date exacte de cette rencontre : à la fois vraisemblable et romanesque, ce récit dont la véracité est invérifiable ne peut que flatter Araminte qui s'y laisse prendre.

De même, Dubois use de tous les artifices possibles pour exalter ses sentiments, comme la jalousie en lui inventant une rivale (I, 14) ou la connivence en lui faisant croire qu'elle détient le secret de la passion de Dorante à son insu (I, 14). Ce valet se comporte donc en véritable stratège, retrouvant ainsi l’origine même du mot « stratagème », une ruse de guerre.

Il dit d’ailleurs, en concluant l’acte I, « Allons faire jouer toutes nos batteries », terme emprunté au lexique militaire, tandis qu’il insiste auprès de Dorante : « laissez-vous conduire.

[…] laissez faire un homme de sang-froid.

». La puissance de Dubois ne s’arrête pas à la construction d’un plan, tel un général qui met en œuvre ses « batteries », il agit aussi à la façon d’un marionnettiste : « Il est bon de jeter dans tous les esprits les soupçons dont nous avons besoin » (I, 16), explique-t-il, révélant ainsi son action sournoise. C’est Dubois qui met des mots sur l’amour de Dorante et qui amène Araminte à révéler ce qu’elle ressent.

Il joue, par exemple, sur les contradictions, pour éveiller la curiosité. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles