Dossier : « Aube », A. Rimbaud, Les Illuminations, 1886
Publié le 05/01/2023
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«
La poésie du XIXème au XXIème siècle
Dossier : « Aube », A.
Rimbaud, Les Illuminations, 1886
Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre
1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille.
Bien que brève, son œuvre
poétique est caractérisée par une prodigieuse densité thématique et stylistique, faisant
de lui une des figures majeures de la littérature française.
Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à 15 ans.
Après une brève phase d'initiation,
par assimilation du style des grands poètes contemporains (Charles
Baudelaire, Victor Hugo, Théodore de Banville...), développant déjà une franche
originalité dans l'approche de thèmes classiques (« Le Dormeur du val », « Vénus
Anadyomène »), il cherche à dépasser ces influences en développant ses propres
conceptions théoriques, déclarant que le poète doit se faire « voyant », c'est-à-dire
chercher et décrire l'inconnu par-delà les perceptions humaines usuelles, quitte à y
sacrifier sa propre intégrité mentale ou physique.
Dès lors il se met à innover
radicalement en matière d'audace formelle, jusqu'à aborder le genre du poème en prose,
alors à ses balbutiements (parsemant ses œuvres de formules énigmatiques,
comme « changer la vie », « posséder la vérité dans une âme et un
corps » ou « il faut être absolument moderne », qui seront repris comme
des slogans par les poètes du XXe siècle, en particulier le mouvement surréaliste).
Il
entretient parallèlement une aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul
Verlaine, qui influence profondément son œuvre.
Vers l'âge de 20 ans, il renonce subitement à la littérature, n'ayant alors publié qu'un
seul ouvrage à compte d'auteur — Une saison en enfer — et quelques poèmes épars
dans des revues confidentielles, ce qui contribue encore à son mythe.
Il se consacre alors
dans un premier temps à l'apprentissage de plusieurs langues, puis, mû par ses idées
marginales, anti-bourgeoises et libertaires, choisit une vie aventureuse, dont les
pérégrinations l'amènent jusqu'en Abyssinie, où il devient négociant (quincaillerie, bazar,
vêtements, café, etc.) et explorateur.
Sa tentative d'armer Ménélik avec l'aval
du Consul de France s'avère désastreuse pour lui ; son unique « trafic d'armes » n'a
véritablement qu'une incidence politique symbolique, mais contribue à sa légende.
De
cette seconde vie, exotique, les seuls écrits connus consistent en près de 180
lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions
géographiques.
Des poèmes comme « Le Bateau ivre », « Le Dormeur du val » ou « Voyelles »
comptent parmi les plus célèbres de la poésie française.
La précocité de son génie, sa
carrière littéraire fulgurante, sa vie brève et aventureuse contribuent à forger sa légende
et faire de lui l'un des géants de la littérature mondiale.
1
Les Illuminations sont le titre d'un recueil de poèmes en prose ou en vers
libres composés par Arthur Rimbaud entre 1872 et 1875, et publié partiellement
en 1886 par Verlaine puis, dans son intégralité, à titre posthume, en 1895.
1.
Charles Baudelaire, Préface aux Petits poèmes en prose
« Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le
miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime,
assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de
l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? »
2.
Dans l’œuvre d’Arthur Rimbaud lui-même, en dehors de « Ponts »
étudié dans le dossier sur le poème en prose, « Voyelles » :
En écho à l’analyse de la prosodie et en particulier du travail sur les sonorités du
poème.
Pour approfondir, vous pouvez écouter ici une explication passionnante de
« Voyelles » : https://www.youtube.com/watch?v=2H1qhw6d5Gc
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
2
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
3
3.
Extraits de la lettre du voyant
Charleville, 15 mai 1871
à P.
Demeny
- Voici de la prose sur l'avenir de la poésie[…] Car JE est un autre.
Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa
faute.
Cela m'est évident.
J'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la
regarde, je l'écoute : je lance un coup d'archet : la symphonie
fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d'un bond sur
la scène.
[…] La première étude de l'homme qui veut être poète est sa propre
connaissance, entière.
Il cherche son âme, il l'inspecte, il la tente,
l'apprend.
Dès qu'il la sait, il la doit cultiver : cela semble simple : en
tout cerveau s'accomplit un développement naturel ; tant d'égoïstes se
proclament auteurs ; il en est bien d'autres qui s'attribuent leur progrès
intellectuel ! - Mais il s'agit de faire l'âme monstrueuse : à l'instar des
comprachicos, quoi ! Imaginez un....
»
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