Dissertation : « Enoncer des maximes s’accorde avec l’âge des vieillards, et les sujets sont ceux dont l’orateur a l’expérience ; car énoncer des maximes quand on n’a pas cet âge est malséant, comme de conter des fables ; et le faire sur des sujets dont on n’a pas l’expérience est sottise ou manque d’éducation » Aristote
Publié le 22/05/2020
                             
                        
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Littérature du XVII e
 siècle
Devoir maison
Paul   Valéry   affirmait   que   «   Nos   grands   auteurs   sont   tous   plus   ou   moins   des   moralistes   ».
                                                            
                                                                                
                                                                     
Autrement dit, de leur observation et de leur réflexion sur la nature humaine et les mœurs, ces hommes  
de lettres tirent une morale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pour Paul Valéry, la morale semble omniprésente dans toutes les œuvres  
des «   grands auteurs   », toutefois à des degrés différents.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, chaque auteur délivrerait une morale,  
«   plus ou moins   » présente, dans ses œuvres.
Pourtant,   dans   Rhétorique   II ,   Aristote   signale   les   dangers,   ainsi   conçus,   de   l’orateur   de  
maximes   et  de   fables  lorsqu’il  est  inexpérimenté  :  «   Enoncer   des   maximes   s’accorde   avec   l’âge  des  
vieillards, et les sujets sont ceux dont l’orateur a l’expérience   ; car énoncer des maximes quand on n’a  
pas   cet   âge   est   malséant,   comme   de   conter   des   fables   ;   et   le   faire   sur   des   sujets   dont   on   n’a   pas  
l’expérience   est   sottise   ou   manque   d’éducation   ».
                                                            
                                                                                
                                                                      Le   philosophe   grec   attribue   l’énonciation   des  
maximes   et   des   fables   à   «   l’âge   des   vieillards   »,   à   un   orateur   d’expérience.
                                                            
                                                                                
                                                                     Au   contraire,   pour   le  
philosophe, formuler des préceptes moraux, par le biais de maximes ou de récits d’imagination, sans  
expérience ou sur des sujets méconnus serait «   sottise ou manque d’éducation   » et irait à l’encontre de  
la   bienséance.
                                                            
                                                                                
                                                                      Dès   lors,   tous   les   auteurs   ne   semblent   pas   aptes   à   délivrer   une   morale,   même   à   des  
degrés   différents,   dans   leurs   œuvres.
                                                            
                                                                                
                                                                      Est-ce   à   dire   que   l’énonciation   de   préceptes   moraux   n’est  
envisageable   que   pour   un   orateur   d’expérience   ?   Il   s’agit   donc   de   s’interroger   sur   la   notion  
d’expérience et à la place qui lui est accordée dans les maximes et les fables.
                                                            
                                                                        
                                                                    Mais, si l’expérience est  
la   condition   nécessaire   pour   énoncer   des   préceptes   moraux,   quelle   place   doit-on   accorder   à  
l’énonciation   elle-même   ?  A  lire   L’Ecole   des   femmes   de   Molière   ou   Les   Fables   de   La   Fontaine,   on  
constate   en   effet   que   les   orateurs   de   ces   œuvres   ont   a   priori   une   expérience,   leur   permettant   ainsi  
d’énoncer  des  préceptes  moraux,  conformément  au  modèle  empiriste.
                                                            
                                                                                
                                                                    Toutefois,  ces  textes  montrent  
que   l’expérience   ne   garantie   pas   nécessairement   la   sagesse   et   l’expérience,   lorsqu’elle   est   mal  
employée,   est   également,   sinon   plus,   «   sottise   ou   manque   d’éducation   ».
                                                            
                                                                                
                                                                      Les   effets   de   l’énonciation  
apparaissent   ainsi   dans   toute   leur   puissance   :   si   l’expérience   tient   une   place   considérable   dans  
l’énonciation de maximes et de fables, la construction de l’ ethos   du personnage oratoire est d’autant  
plus fondamentale puisqu’elle permet au discours de revêtir une dimension pédagogique et à l’orateur,  
lui-même, d’asseoir son expérience.
Les   orateurs   de   L’Ecole   des   femmes   ou   des   Fables ,   qu’il   s’agisse   de   personnages   ou   de  
l’auteur lui-même, apparaissent comme des hommes d’expérience.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si Arnolphe, figure autoritaire, est  
avisé au sujet des infidélités des femmes, La Fontaine, de manière   a priori   similaire, tire une morale  
de ses expériences.
                                                            
                                                                                
                                                                    L’exemple de l’émancipation d’Agnès, dans   L’Ecole des femmes , semble prouver  
par   ailleurs   que   les   savoirs   et   les   idées   résultent   largement   de   l’expérience,   comme   les   philosophes  
empiristes l’énoncent.
                                                            
                                                                                
                                                                    
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