Dissertation : Dans quelle mesure les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour faire face aux externalités négatives sur l’environnement sont-ils efficaces ?
Publié le 09/06/2025
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Corrigé-sujets du baccalauréat-Jour 2
Dissertation : Dans quelle mesure les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour faire
face aux externalités négatives sur l’environnement sont-ils efficaces ?
Lors des accords de Paris en 2015, la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à
effet de serre de 37% d’ici à 2030.
Cependant, force est de constater qu’elle est loin de son objectif.
Les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour faire face aux externalités sont des moyens
pour inciter ou contraindre les agents économiques à réduire leurs émissions.
Les externalités
négatives sont les conséquences négatives d’un agent économique sur un autre sans qu’ils ne fassent
l’objet d’une transaction sur le marché.
Quels sont donc les avantages et les inconvénients de ces
instruments dans la lutter contre les externalités négatives ? Nous verrons dans un premier temps
qu’ils permettent de lutter en partie contre ces dernières puis nous verrons qu’ils comportent chacun
des limites.
I-Les instruments de politiques climatiques permettent en partie de lutter contre les externalités
négatives
A-La règlementation permet de lutter contre les externalités négatives
La règlementation est l’ensemble des mesures juridiques mises en place par les pouvoirs publics
pour encadrer les activités économiques et sociales.
Il y a trois types de normes : les normes d’émission
et de rejet qui visent à empêcher les pollueurs à ne pas déverser plus d’une certaine quantité de
polluants dans l’environnement, es normes de procédés qui visent à obliger l’utilisation de
technologies spécifiques pour réduire les émissions (biens alimentaires, interdiction de certains
pesticides) et enfin les normes de produits qui décrivent les exigences auxquels doivent répondre le
produit (voitures).
C’est la méthode la plus utilisée car la plus simple à mettre en place et le résultat
est garanti car les entreprises sont obligées d’innover pour changer leur méthode de production.
Par
exemple, les véhicules thermiques seront a priori interdits d’ici à 2030 en Europe.
D’ailleurs, les pays
qui ont réduit le plus leurs émissions de CO2 sont les pays qui ont mis en place des règlementations
dans le domaine climatique.
Ainsi, l’Europe a réduit de 26.2% ses émissions entre 1990 et 2018 selon
le Ministère de la transition écologique.
Au contraire, la Chine les a augmentées de 369.5%.
Si les
contrôles sont efficaces, cela permettra de faire diminuer la quantité de CO2 émise par le transport
des véhicules et donc les externalités négatives produites par les conséquences de la pollution.
B-La taxation permet de lutter contre les externalités négatives
Mesure prise par les pouvoirs publics, qui consiste à prélever une redevance sur un produit, ce
qui augmente les prix.
Les taxes donnent un prix aux atteintes à l’environnement.
Elles contribuent à
rendre les biens environnementaux payants et non plus gratuits.
Les externalités sont ainsi
internalisées.
Les pouvoirs publics fixent le niveau de la taxe au prix correspondant à la valeur que la
société accorde à la protection des ressources.
La taxe contribue à augmenter les coûts de production
de l’entreprise.
L’entreprise va donc réduire sa pollution si le coût marginal de dépollution est inférieur
au prix de la taxe.
Les exemples de taxes sont multiples : péage urbain à Milan, taxe carbone, TICC
(taxe intérieure de consommation sur les houilles, lignites et cokes), taxe sur les transports, l’énergie…
Les avantages est que la taxe n’est pas contraignante pour l’entreprise mais incitative.
En effet, toutes
les entreprises n’ont pas les mêmes couts de dépollution et cela permet de s’adapter à toutes.
Celles
qui disposent de coûts de dépollution plus faibles vont réduire davantage leur pollution que les autres.
Certaines entreprises choisissent de dépolluer, d’autres de payer la taxe, ce qui incite les entreprises à
trouver d’autres méthodes de production moins polluantes.
Ainsi, grâce à la taxe carbone, la Suède a
réduit ses émissions de 23%.
La taxe permet également à l’Etat d’avoir des ressources fiscales avec
lesquelles il peut investir dans des énergies plus propres.
Par exemple, le malus écologique (document
3) ont pour objectif de décourager les ménages et les entreprises d’acheter des véhicules polluants.
Les mesures de taxation permettent donc d’internaliser les externalités et donc de les réduire.
C-Les marchés de quotas d’émissions permettent de lutter contre les externalités négatives
Les marchés de quotas d’émissions sont un système dans lequel les pollueurs peuvent échanger
des quotas d’émissions alloués par les pouvoirs publics.
Les offreurs vendent leurs quotas inutilisés aux
demandeurs pour qui l’allocation initiale était insuffisante.
Un prix du quota émerge et incite les
pollueurs à tenir compte des externalités négatives qu’ils engendrent.
C’est R.
Coase qui a préconisé
l’attribution de droits de propriété sur les biens environnementaux pour inciter à dépolluer.
Dans l’UE
a été mis en place en 2005 le système communautaire d’échange de quotas d’émission SCEQE, ou
permis d’émissions négociables : droits à émettre en quantités limités de polluants qui peuvent être
achetés et vendus par les pollueurs.
C’est la Commission européenne qui décide de leur nombre.
Les
avantages sont qu’elles incitent les entreprises à réduire leur pollution tout en prenant en compte les
différents couts de dépollution.
En effet, celles qui ont un cout de dépollution faible vont davantage
dépolluer pour pouvoir vendre leurs permis d’émissions à d’autres entreprises qui ont un cout de
dépollution plus élevé.
Il permet de prévoir la quantité de GES émise.
Ces marchés bénéficient d’une
forte acceptabilité.
II-Cependant, les instruments de politiques climatiques présentent des limites dans la lutte contre
les externalités négatives
A-Les mesures règlementaires contraignent plus qu’elles n’incitent
Les mesures règlementaires présentent plusieurs inconvénients.
En effet, elles nécessitent des
contrôles et donc la lourdeur administrative est importante.
Elles ne disposent pas d’un caractère
incitatif, elles sont contraignantes car elles imposent à tous les agents la même règle et ne concentrent
pas les efforts de dépollution aux entreprises pour qui cela revient moins cher de dépolluer.
Elles ne
s’appliquent que sur les produits neufs (pour les normes de produits).
Les mesures règlementaires sont
donc insuffisantes à elles seules pour réduire les externalités négatives.
B-Les mesures de taxation présentent des limites
Le taux optimal de la taxe est difficile à définir.
Il y a également un risque de dumping et de
perte de compétitivité des entreprises si les partenaires commerciaux ne sont pas soumis aux mêmes
taxes.
En effet, la taxe augmente les coûts de production des entreprises.
De plus, il y a le problème
de l’incidence fiscale (augmentation du prix des produits, pèsent sur les ménages au lieu des
entreprises) mais aussi des effets récessifs sur les revenus et donc davantage pénalisant pour les bas
revenus.
En effet, selon un rapport sur l’impact environnemental du budget de l’Etat en 2021, la
fiscalité énergétique représentent 4.5% du budget total du 20% des ménages le plus modestes contre
1.25% des 20% des ménages les plus riches.
Les taxes énergétiques ont donc plus d’impact sur les plus
pauvres alors que ce sont eux qui génèrent le moins d’externalités négatives sur l’environnement (car
ils consomment moins).
Enfin, les entreprises ont une faible acceptabilité de la taxe (ex : écotaxe sur
les poids lourds en 2014).
Les mesures de taxation comportent donc plusieurs limites qui ne
permettent pas de réduire suffisamment les émissions de CO2 et leurs externalités négatives.
C-Le marché de quota d’émission n’a pas permis de réduire les externalités négatives
Tout d’abord, cet outil n’est pas adapté aux petites entreprises car les coûts de transaction sur
le marché sont élevés, de plus, le système dans l’UE a été un échec.
En effet, trop de permis ont été
alloué, et certaines entreprises ont bénéficié d’un effet d’aubaine (Arcelor Mittal, cela leur a permis
de gagner des millions d’euros).
Aujourd’hui, le prix du carbone sur les marchés de quotas sont
globalement plus faibles que la taxe carbone et donc sont moins incitatifs et moins efficaces.
Le prix
du carbone est volatile et cela n’envoie pas des incitations claires aux entreprises qui ont besoin de
constance pour réaliser les investissements adéquats.
Par exemple, le prix de la tonne de CO2 en
Europe pour l’industrie est passé successivement de 23 euros en 2008 puis 4 euros en 2013 pour
finalement remonter à 25 euros selon l’Observatoire climat-énergie.
Les marchés de quotas ne
seraient donc pas complètement efficaces pour réduire la pollution et les externalités négatives qu’elle
génère.
Ainsi, les instruments climatiques permettent, quand ils sont bien utilisés, de réduire les
externalités négatives sur l’environnement.
Chaque instrument, que ce soit la taxe, la règlementation
ou le marché de quota a des avantages qui lui sont propres.
Il est donc intéressant de les utiliser de
manière conjointe.
Cependant, chacun de ces instruments comportent des limites.
Ils n’ont donc pas
permis à la France par exemple d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris.
Si ces instruments
ne sont pas complètement efficaces pour lutter contre le dérèglement climatique, faut-il alors
envisager une décroissance de notre production ?
Epreuve composée
Mobilisation des connaissances : Montrez que la différenciation des produits peut expliquer le
commerce entre pays comparable.
Les pays comparables sont des pays qui ont des dotations factorielles et technologiques proches.
Même si deux pays ont les mêmes avantages comparatifs,....
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