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discours

Publié le 06/12/2021

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discours n.m. (angl. Discourse; allem. Rede; Diskurs). Organisation de la communication, principalement langagière, spécifique des rapports du


sujet auxsignifiants et à l'objet, qui sont déterminants pour l'individu et qui règlent les formes du lien social.

Le sujet, pour la psychanalyse, n'est pas l'homme dont la nature serait immuable ; mais il n'est pas non plus l'individu changeant en fonction des péripéties de l'histoire. Au-delà des singularités individuelles, la psychana­lyse distingue des fonctionnements, en nombre restreint, qui relèvent des structures où chacun se trouve pris. La «théorie des quatre discours «, de J. Lacan, constitue une des élabora­tions les plus récentes et les plus effi­caces concernant ces structures.

L'idée de décrire des entités cli­niques, de ne pas en rester à une approche seulement centrée sur des histoires individuelles est présente dès le début de la psychanalyse. Cela s'ex­plique par les objectifs scientifiques de S. Freud mais aussi par la pérennité des symptomatologies névrotiques : l'exis­tence de l'hystérie, ou encore de la pho­bie, est attestée dès l'Antiquité.

Les catégories cliniques, impor­tantes certes, sont-elles cependant l'essentiel en ce qui concerne les dis­tinctions que la psychanalyse permet de faire entre les divers types de struc­ture dans lesquels le sujet peut se trou­ver pris? Cela n'est pas sûr s'il est vrai que ces catégories sont d'abord forgées pour rendre compte d'états considérés comme pathologiques, eux-mêmes opposés à des états normaux, sans pour autant que la normalité ou la pathologie aient pu être définies claire­ment.

Dès lors s'impose dans la psychana­lyse l'idée d'autres structures qui ren­draient compte des diverses formes que peut prendre le rapport du sujet à son désir, ou à son fantasme, à l'objet qu'il tente de retrouver ou aux idéaux qui le guident. C'est en ce sens que Freud, par exemple, distingue divers «types libidinaux« (érotique, narcis­sique, obsessionnel et types mixtes).


C'est aussi en ce sens que W. Reich élabore une théorie assez développée des « caractères «.

Pour intéressantes qu'elles soient, ces élaborations maintiennent cepen­dant une ambiguïté. C'est que le carac­tère ne peut être pensé que comme interne à une subjectivité. Or, la psy­chanalyse amène à mettre l'accent non sur une subjectivité mais sur un assu­jettissement, entendons sur ce qui peut déterminer un sujet, le produire, le cau­ser: sur son histoire et, plus précisé­ment, sur l'histoire d'un dire, celui qui était déjà là avant même sa naissance dans le discours de ses parents, celui qui depuis sa naissance ne cesse de l'accompagner et d'orienter sa vie dans un «tu es cela« sans échappatoire.

LE DISCOURS DU MAÎTRE

On peut dès lors présenter les choses ainsi: ce qui produit un sujet, c'est-à-dire non pas en général un homme ou un individu mais un être dépendant du langage, c'est qu'un signifiant vienne le représenter auprès de tous les autres signifiants et, par là même, le détermi­ner. Mais, à partir de là, il y a un reste. En effet, dès lors qu'il s'inscrit dans le langage, le sujet n'a plus d'accès direct à l'objet. Il entre dans la dépendance de la demande, et son désir, quant à lui, ne peut se dire qu'entre les lignes. De là le concept d'objet a que Lacan élabore et qui désigne non l'objet supposé dispo­nible du besoin, de la consommation ou de l'échange mais un objet radicale­ment perdu.

Cette élaboration, Lacan la présente à l'aide d'un algorithme (fig. 1).

discours du maître

S                                                                     S:

Figure 1. Formalisation du discours du maître.


Zone de Texte: discours n.m. (angl. Discourse; allem. Rede; Diskurs). Organisation de la communication, principalement langagière, spécifique des rapports du   sujet auxsignifiants et à l'objet, qui sont déterminants pour l'individu et qui règlent les formes du lien social.   Le sujet, pour la psychanalyse, n'est pas l'homme dont la nature serait immuable ; mais il n'est pas non plus l'individu changeant en fonction des péripéties de l'histoire. Au-delà des singularités individuelles, la psychana-lyse distingue des fonctionnements, en nombre restreint, qui relèvent des structures où chacun se trouve pris. La «théorie des quatre discours «, de J. Lacan, constitue une des élabora¬tions les plus récentes et les plus effi¬caces concernant ces structures.   L'idée de décrire des entités cli¬niques, de ne pas en rester à une approche seulement centrée sur des histoires individuelles est présente dès le début de la psychanalyse. Cela s'ex¬plique par les objectifs scientifiques de S. Freud mais aussi par la pérennité des symptomatologies névrotiques : l'exis-tence de l'hystérie, ou encore de la pho-bie, est attestée dès l'Antiquité.   Les catégories cliniques, impor-tantes certes, sont-elles cependant l'essentiel en ce qui concerne les dis¬tinctions que la psychanalyse permet de faire entre les divers types de struc¬ture dans lesquels le sujet peut se trou¬ver pris? Cela n'est pas sûr s'il est vrai que ces catégories sont d'abord forgées pour rendre compte d'états considérés comme pathologiques, eux-mêmes opposés à des états normaux, sans pour autant que la normalité ou la pathologie aient pu être définies claire¬ment.   Dès lors s'impose dans la psychana¬lyse l'idée d'autres structures qui ren¬draient compte des diverses formes que peut prendre le rapport du sujet à son désir, ou à son fantasme, à l'objet qu'il tente de retrouver ou aux idéaux qui le guident. C'est en ce sens que Freud, par exemple, distingue divers «types libidinaux« (érotique, narcis-sique, obsessionnel et types mixtes).    C'est aussi en ce sens que W. Reich élabore une théorie assez développée des « caractères «.   Pour intéressantes qu'elles soient, ces élaborations maintiennent cepen¬dant une ambiguïté. C'est que le carac¬tère ne peut être pensé que comme interne à une subjectivité. Or, la psy¬chanalyse amène à mettre l'accent non sur une subjectivité mais sur un assu-jettissement, entendons sur ce qui peut déterminer un sujet, le produire, le cau-ser: sur son histoire et, plus précisé-ment, sur l'histoire d'un dire, celui qui était déjà là avant même sa naissance dans le discours de ses parents, celui qui depuis sa naissance ne cesse de l'accompagner et d'orienter sa vie dans un «tu es cela« sans échappatoire. LE DISCOURS DU MAÎTRE On peut dès lors présenter les choses ainsi: ce qui produit un sujet, c'est-à-dire non pas en général un homme ou un individu mais un être dépendant du langage, c'est qu'un signifiant vienne le représenter auprès de tous les autres signifiants et, par là même, le détermi-ner. Mais, à partir de là, il y a un reste. En effet, dès lors qu'il s'inscrit dans le langage, le sujet n'a plus d'accès direct à l'objet. Il entre dans la dépendance de la demande, et son désir, quant à lui, ne peut se dire qu'entre les lignes. De là le concept d'objet a que Lacan élabore et qui désigne non l'objet supposé dispo¬nible du besoin, de la consommation ou de l'échange mais un objet radicale¬ment perdu.   Cette élaboration, Lacan la présente à l'aide d'un algorithme (fig. 1). discours du maître S	S: Figure 1. Formalisation du discours du maître.   Dans cet algorithme, S1 désigne un signifiant qui représenterait le sujet auprès de l'ensemble des signifiants S2, désigné comme savoir. S est barré pour indiquer qu'il n'est pas sujet auto¬nome, mais déterminé par le signifiant, qui a «barre« sur lui; on notera aussi que, dans cet algorithme, il n'y a pas de rapport direct entre $ et a parce qu'il n'y a pas d'accès direct du sujet à l'objet de son désir.   Lacan a donné un nom à ce «dis-cours «, ici présenté d'une manière for-malisée. C'est le discours du maître. Ce nom marque bien qu'en même temps que de la constitution du sujet comme tel, il s'agit ici de rendre compte des formes ordinaires de l'assujettissement politique, ce qui implique qu'il s'agit dans les deux cas d'une même opéra-tion. Ainsi, la façon dont un sujet se soumet à l'énonciation d'un comman-dement, son attachement à tel maître mot politique s'écrivent facilement: S1 ou encore signifiant-maître  sujet De même, il y a un parallèle possible entre le statut foncièrement perdu de l'objet pour le sujet et la plus-value désignée par K. Marx comme ce à quoi doit renoncer le travailleur, mais aussi la plus grande part, le capitaliste, s'il doit la réinvestir dans la production. De là le nom de « plus-de-jouir « que Lacan donne alors à l'objet a en fonction de cette analogie. UNE ÉLABORATION FORMALISÉE Le discours du maître, c'est donc la mise en rapport de ces lettres :    Or, ce que l'on constitue dans cette mise en rapport, c'est un système for¬mel, où il est possible de distinguer, d'une part, les places, la façon dont s'articulent les éléments, et, d'autre part, les éléments eux-mêmes.   Si l'on fait abstraction de la nature des éléments en jeu, qu'est-ce qui rend nécessaires les quatre places où s'ins-crivent les termes S1, S2, $, a? C'est que tout discours s'adresse à un autre, même si celui-ci ne se réduit pas à une personne particulière ; et qu'il s'adresse à cet autre à partir d'une certaine place, en un certain nom, que ce soit en son nom propre ou au nom d'un tiers. À ces deux places : l'agent — l'autre, il faut ajouter que la vérité peut inter¬férer, latente, sous le propos officielle¬ment tenu; et que, dans les dispositifs du discours, quelque chose est à cha¬que fois produit. D'où le système complet des places: l'agent	l'autre la vérité	la production   À partir de là, la question qui se pose dans la théorie psychanalytique est celle de savoir si une élaboration formalisée peut conduire à des déve-loppements qui se vérifient dans l'ex-périence. Or, il semble bien que oui. Ainsi, il est possible notamment, dans un premier temps, de faire circuler, par «quarts de tour« successifs, les quatre termes $, S 1 , S2, a aux quatre places: vérité, agent, autre, production. Cela sans rompre l'ordre qui relie S1 et S2, termes constitutifs de l'ordre du signi-fiant, ce qui fait que le sujet $ est séparé de l'objet a. On aura donc :     La valeur donnée à chacune de ces écritures peut être établie à partir de ce qui y joue le rôle de l'agent. La pré-sence, à cette place, de S1 qualifiant donc le discours du maître, celle de S2, le savoir, permet de définir un « dis-cours de l'université «; celle de $, le sujet, le 'discours de l'hystérique «; enfin, celle de a, le «discours du psy-chanalyste«: il est en effet concevable que, dans l'hystérie, ce soit le sujet qui vienne sur le devant de la scène, le sujet marqué par le signifiant jusque dans son corps, là où les symptômes font entendre un discours refoulé ; quant au discours du psychanalyste, ce qui l'or¬ganise, c'est l'objet même que le dis¬cours du maître fait choir, l'objet auquel le sujet n'a pas accès dans le discours du maître. DISCOURS DU PSYCHANALYSTE ET DISCOURS DU CAPITALISTE Une parenthèse permet ici d'introduire un cinquième discours, proposé lui aussi par Lacan, le discours du capita-liste.   Si, en effet, le discours du psychana-lyste inscrit a à la place dominante, s'il ne sépare plus $ et a (a --> $), est-ce à dire que la psychanalyse assure à cha-cun la rencontre effective avec l'objet de son désir ? La question n'est pas sans portée. C'est en effet un des traits majeurs du discours courant, de nos jours, que de promettre à tous la satis-faction de tous les désirs à condition seulement d'y mettre le prix, d'effacer la différence entre l'objet du désir et l'objet de la consommation. La psycha¬nalyse serait-elle solidaire de telles représentations ?   Or, si dans le discours du psychana-lyste le sujet est bien en prise avec l'ob-jet de son désir, l'important est la place où il se situe lui-même : la place de l'autre, c'est-à-dire, notamment, la place où ça travaille. L'objet, il ne le rencontre que dans le travail de la cure. En revanche, Lacan écrit:   1 «ST 'X' X21 Cela lui permet de rendre compte d'un discours où le sujet se trouve à la fois rivé à son objet et en position de sem¬blant, c'est-à-dire en position de se croire assujetti à rien, maître des mots et des choses. Ici, l'aliénation se redouble d'une méconnaissance radi¬cale. C'est ce discours, obtenu formel¬lement par torsion à partir du discours du maître, que Lacan désigne comme 'discours du capitaliste «.   Pour finir, il faut relever que la théorie des discours, dont on ne présente ici que les traits essentiels, reste aujour¬d'hui un des instruments les plus actifs pour la psychanalyse, dès lors qu'elle s'intéresse à ce qui produit le sujet et produit avec lui l'ordre social où il s'ins¬crit. Dans cet algorithme, S1 désigne un signifiant qui représenterait le sujet auprès de l'ensemble des signifiants S2, désigné comme savoir. S est barré pour indiquer qu'il n'est pas sujet auto­nome, mais déterminé par le signifiant, qui a «barre« sur lui; on notera aussi que, dans cet algorithme, il n'y a pas de rapport direct entre $ et a parce qu'il n'y a pas d'accès direct du sujet à l'objet de son désir.

Lacan a donné un nom à ce «dis­cours «, ici présenté d'une manière for­malisée. C'est le discours du maître. Ce nom marque bien qu'en même temps que de la constitution du sujet comme tel, il s'agit ici de rendre compte des formes ordinaires de l'assujettissement politique, ce qui implique qu'il s'agit dans les deux cas d'une même opéra­tion. Ainsi, la façon dont un sujet se soumet à l'énonciation d'un comman­dement, son attachement à tel maître mot politique s'écrivent facilement:

S1 ou encore signifiant-maître

sujet

De même, il y a un parallèle possible entre le statut foncièrement perdu de l'objet pour le sujet et la plus-value désignée par K. Marx comme ce à quoi doit renoncer le travailleur, mais aussi la plus grande part, le capitaliste, s'il doit la réinvestir dans la production. De là le nom de « plus-de-jouir « que Lacan donne alors à l'objet a en fonction de cette analogie.

UNE ÉLABORATION FORMALISÉE

Le discours du maître, c'est donc la mise en rapport de ces lettres :


Or, ce que l'on constitue dans cette mise en rapport, c'est un système for­mel, où il est possible de distinguer, d'une part, les places, la façon dont s'articulent les éléments, et, d'autre part, les éléments eux-mêmes.

Si l'on fait abstraction de la nature des éléments en jeu, qu'est-ce qui rend nécessaires les quatre places où s'ins­crivent les termes S1, S2, $, a? C'est que tout discours s'adresse à un autre, même si celui-ci ne se réduit pas à une personne particulière ; et qu'il s'adresse à cet autre à partir d'une certaine place, en un certain nom, que ce soit en son nom propre ou au nom d'un tiers. À ces deux places :

l'agent — l'autre,

il faut ajouter que la vérité peut inter­férer, latente, sous le propos officielle­ment tenu; et que, dans les dispositifs du discours, quelque chose est à cha­que fois produit. D'où le système complet des places:

l'agent                      l'autre

la vérité                la production

À partir de là, la question qui se pose dans la théorie psychanalytique est celle de savoir si une élaboration formalisée peut conduire à des déve­loppements qui se vérifient dans l'ex­périence. Or, il semble bien que oui. Ainsi, il est possible notamment, dans un premier temps, de faire circuler, par «quarts de tour« successifs, les quatre termes $, S 1 , S2, a aux quatre places: vérité, agent, autre, production. Cela sans rompre l'ordre qui relie S1 et S2, termes constitutifs de l'ordre du signi­fiant, ce qui fait que le sujet $ est séparé de l'objet a. On aura donc :


La valeur donnée à chacune de ces écritures peut être établie à partir de ce qui y joue le rôle de l'agent. La pré­sence, à cette place, de S1 qualifiant donc le discours du maître, celle de S2, le savoir, permet de définir un « dis­cours de l'université «; celle de $, le sujet, le 'discours de l'hystérique «; enfin, celle de a, le «discours du psy­chanalyste«: il est en effet concevable que, dans l'hystérie, ce soit le sujet qui vienne sur le devant de la scène, le sujet marqué par le signifiant jusque dans son corps, là où les symptômes font entendre un discours refoulé ; quant au discours du psychanalyste, ce qui l'or­ganise, c'est l'objet même que le dis­cours du maître fait choir, l'objet auquel le sujet n'a pas accès dans le discours du maître.

DISCOURS DU PSYCHANALYSTE ET
DISCOURS DU CAPITALISTE

Une parenthèse permet ici d'introduire un cinquième discours, proposé lui aussi par Lacan, le discours du capita­liste.

Si, en effet, le discours du psychana­lyste inscrit a à la place dominante, s'il ne sépare plus $ et a (a --> $), est-ce à dire que la psychanalyse assure à cha­cun la rencontre effective avec l'objet de son désir ? La question n'est pas sans portée. C'est en effet un des traits majeurs du discours courant, de nos jours, que de promettre à tous la satis­faction de tous les désirs à condition seulement d'y mettre le prix, d'effacer la différence entre l'objet du désir et l'objet de la consommation. La psycha­nalyse serait-elle solidaire de telles représentations ?

Or, si dans le discours du psychana­lyste le sujet est bien en prise avec l'ob­jet de son désir, l'important est la place où il se situe lui-même : la place de l'autre, c'est-à-dire, notamment, la place où ça travaille. L'objet, il ne le rencontre que dans le travail de la cure. En revanche, Lacan écrit:


1 «ST 'X' X21

Cela lui permet de rendre compte d'un discours où le sujet se trouve à la fois rivé à son objet et en position de sem­blant, c'est-à-dire en position de se croire assujetti à rien, maître des mots et des choses. Ici, l'aliénation se redouble d'une méconnaissance radi­cale. C'est ce discours, obtenu formel­lement par torsion à partir du discours du maître, que Lacan désigne comme 'discours du capitaliste «.

 

Pour finir, il faut relever que la théorie des discours, dont on ne présente ici que les traits essentiels, reste aujour­d'hui un des instruments les plus actifs pour la psychanalyse, dès lors qu'elle s'intéresse à ce qui produit le sujet et produit avec lui l'ordre social où il s'ins­crit.

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