Dire et faire

« 1 / 2 7 Dire et faire 1 Le dire n'est pas un faire «Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire» dit La verdure, le perroquet moqueur que met en scène Raymond Queneau dans Zazie dans le métro.

Manière de rendre dérisoires tous les beaux discours tenus par les différents protagonistes et les réduire à ce qu'ils sont: «flattus vocis».

Ne faut-il pas, en effet, considérer que dire est le contraire de faire, un leurre qui vise à faire accroire mais qui n'a d'effet que sur les crédules? 1 Le dire comme description du monde n'est pas un faire Le monde est là, devant nous, dans sa lourde dimension matériel­ le.

Il est peuplé d'objets fabriqués par! 'homme, faits pour être saisis et utilisés, mais qui parfois résistent et opposent à notre volonté «l'être­ là» de leur opacité.

Face à ce monde déjà présent, l'homme, grâce à la parole, en décrit les contours, en désigne les parties et peut finalement en nommer un à un tous les éléments.

Fonction dénotative du dire qui opère seulement après-coup comme un commentaire tardif sur un texte «déjà fait».

Ce qu'à sa manière et de façon plaisante montrait, il y a quelque temps, un comique qui cherchait, sur scène, à vendre des oranges.

«Achetez mes belles oranges pas chères» avait-il marqué sur un écriteau placé sur sa voiture ambulante de quatre-saisons.

Mais on lui faisait remarquer que ces oranges il ne les donnait pas, qu'on était capable de voir que c'étaient bien des oranges et que tout acheteur savait comparer les prix.

À chaque fois, il effaçait sur son ardoise le texte inutile.

Manière ironique de stigmatiser le caractère redondant du dire qui ne fait que répéter l'évidence de ce qui est.

2 Il y a un «faire» qui n'a nul besoin du dire pour exister Que le dire ne soit pas chronologiquement premier par rapport au faire, nous le constatons aussi chez l'enfant qui manifeste ses besoins, 39 2 / 2. »