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DÉPOSER2, verbe transitif.

Publié le 06/12/2021

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DÉPOSER2, verbe transitif.  

[Correspond au sens perfectif du préfixe dé-1 ]  

I.—  [Le verbe exprime une action d'une certaine durée mais s'inscrivant dans l'instant] 

A.—  [L'objet désigne une chose] 

1. Poser ce que l'on porte sur un terrain, un lieu ou sur un objet apte à le recevoir. Déposez sur ma tombe Vos couronnes de fleurs (PIERRE-JEAN DE BÉRANGER, Chansons, tome 2, 1829, page 252 ). Justin (...) déposa sur la table sa serviette et son chapeau (MARCEL ARLAND, L'Ordre,  1929, page 52 ). 

SYNTAXE : Déposer un fardeau, des fleurs, une gerbe, un panier, un paquet; déposer sur l'autel, à/par terre. 

—  En particulier.  [Le sujet désigne un animal]  Mettre bas, pondre. De petites mouches déposent leurs oeufs dans les bourgeons ou dans les feuilles (JEAN ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, page 26 ). 

—  Littéraire.  Poser avec délicatesse. Il déposa un baiser de feu sur son front (ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls,  1832, page 41 ). 

2. Par analogie.  Quitter une charge ou une dignité. Je devrais déposer mes fonctions de professeur (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 164) : 

Ø 1. Je suis plus exigeant pour nos héros. Je veux que, résignés à prendre le pouvoir lorsque leurs services sont nécessaires, ils le déposent sans regret quand ils se jugent devenus inutiles.

ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Dialogues sur le commandement,  1924, page 154. 

3. Au figuré.  Se défaire d'une attitude, d'un sentiment considérés comme étant à charge. Elle [Annette] venoit (...) de déposer le fardeau de sa crainte aux genoux du père des hommes (HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 2, 1824, page 31 ). Mme.  Jeannin (...) se força à déposer sa fierté (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, page 188 ). 

·    Locution. Déposer les armes. Cesser le combat. Synonyme moins usuel : poser les armes. Et, comme si elles ne savaient plus s'en servir, les armées déposent leurs armes par terre (PAUL CLAUDEL, Tête d'or,  1901, page 266 ).  Littéraire. Déposer ses hommages aux pieds de quelqu'un. Lui marquer un profond respect. Déposez mes hommages, mon cher ami, aux pieds de la marquise (GEORGES DUHAMEL, La Passion de Joseph Pasquier,  1945, page 18 ). 

·    Par ellipse et par métonymie, littéraire. Voulez-vous me déposer aux pieds de Mme.  Daudet (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1877, page 48 ). 

B.—  [L'objet désigne une personne]  Mettre ou laisser quelqu'un à un endroit. (Quasi-)synonymes : conduire, amener. La voiture me déposa devant un perron (ANDRÉ GIDE, Isabelle,  1911, page 604) : 

Ø 2. Il y a dans le midi de la France, comme par exemple, à Hyères, un usage utile. Les mères qui vont chercher du travail, déposent leurs petits enfants chez une femme qui reçoit un sol par enfant pour en avoir soin.

CHARLES-VICTOR BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,  1824, page 166. 

Remarque : On rencontre dans la documentation, par fantaisie d'auteur a) Déposement, substantif masculin Et le déposement est ici ce qui tente, Et ce qui vient tout seul est l'abdication (CHARLES PÉGUY, La Tapisserie de Notre-Dame, 1913, page 689; confer aussi DICTIONNAIRE DES MOTS SAUVAGES  (MAURICE RHEIMS) 1969). b) Déposeur, substantif masculin Pondeur de copie et déposeur de sa prose sur toutes les feuilles, à la façon des vers à soie (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1894, page 631; attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES  (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré-Larousse du xxe.  siècle en six volumes, mais avec le sens de « celui qui dépose, qui destitue »). 

II.—  [Le verbe exprime une action dont l'effet s'inscrit dans la durée] 

A.—   [Le sujet désigne une personne] 

1. Mettre une chose dans un lieu déterminé, dans un lieu sûr pour qu'elle y soit conservée un temps plus ou moins long en vue d'un usage éventuel; remettre à une instance compétente. Le grand magasin devenu arsenal, dans lequel on a déposé la grosse artillerie (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 1, 1801, page 260 ). Des caisses d'épargne pour les domestiques économes qui viennent y déposer incontinent tout ce qu'ils ont volé à leurs maîtres (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1842, page 99) : 

Ø 3. —  J'ai l'honneur, dit-il [un monsieur blond] d'une voix chantante, de déposer un rapport sur le projet de loi portant ouverture au ministère d'état, sur l'exercice 1856, d'un crédit de quatre cent mille francs, (...). Et il faisait mine d'aller déposer le rapport, d'un pas ralenti, lorsque tous les députés, avec un ensemble parfait, crièrent :

—  La lecture! la lecture!

ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon,  1876, page 25. 

SYNTAXE : Déposer une somme d'argent, à la banque, chez un notaire, entre les mains de quelqu'un; déposer une motion, une proposition. 

2. En particulier, locution. Déposer un cautionnement. Verser une garantie à titre de caution. Le cautionnement qu'il lui fallait déposer pour entrer en fonction (ALEXANDRE DUMAS FILS, La Dame aux camélias,  1848, page 171 ).  Déposer son bilan. Se déclarer en cessation de paiement. Ils n'ont pas déposé leur bilan (...) la Banque de France les a renfloués (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 236 ).  Déposer un brevet, un label, une marque, un modèle. Le/la soumettre aux formalités du dépôt légal pour en obtenir la propriété et le/la soustraire aux contrefaçons. Les premiers temps, il [mon père] déposait lui-même ses brevets (GEORGES DUHAMEL, La Nuit de la Saint-Jean,  1935, page 95 ).  Déposer un ouvrage. Le soumettre aux formalités du dépôt légal. La Nationale, où sont déposés tous les livres publiés en France (PAUL BOURGET, Nos actes nous suivent,  1926, page 65 ). 

3. Au figuré. Je déposerai dans ton sein le secret de ma vie (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 1, 1795, page 48 ). Les histoires de Plutarque déposent pour la vie des germes dans bien des esprits (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1914-18, page 34 ). Les virtualités latentes que Dieu a déposées dans la matière en la créant (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 141 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation déposé, ée en emploi adjectival a) Qui a été confié en dépôt. Le dépositaire ne doit restituer la chose déposée qu'à celui qui la lui a confiée (Code civil, 1804, article 1937, page 349). b) Commerce.  Qui a fait l'objet d'une formalité de dépôt. Brevet, label, modèle, ouvrage déposé.  Un parfum étiqueté, marque déposée (SIMONE DE BEAUVOIR, Mandarins, 1954, page 120). 

B.—  Par analogie.  [Le sujet désigne un liquide]  Abandonner au fond d'un contenant des matières solides en suspension. Déposer un sédiment; laisser déposer. Les sels que les vins déposent, quand ils se dépouillent (ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 184) : 

Ø 4.... l'eau volatilisée par une chaleur ardente avait déposé tout le sel qu'elle contenait en suspension, et le lac ne formait plus qu'un immense miroir resplendissant

JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 1, 1868, page 162. 

—  Par extension : 

Ø 5. Rien ne bougeait plus nulle part sous une cendre impalpable qui était la lumière de la lune, et on la voyait flotter mollement dans les airs ou être déposée en mince couche sur les choses, partout où elle avait trouvé à s'accrocher.

CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Derborence,  1934, page 21. 

—  emploi absolu. Presque tous les vins déposent en bouteilles (LOUIS-EUSTACHE AUDOT, La Cuisinière de la campagne et de la ville,  1896, pages 555-556 ). 

·    Par métaphore. Vide un bon coup ton coeur où l'amour a déposé (JULES RENARD, Journal,  1893, page 168 ). 

—  Emploi pronominal. Le sel se dépose; se déposer lentement. Un brou de noix qui s'est déposé dans les plis de sa paume (HENRI BARBUSSE, Le Feu,  1916, page 220 ). 

·    Par métaphore. Toute une cuvée de vie séculaire, au fond de laquelle s'est déposé un âcre résidu d'ennui (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 1002 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation, vieilli, déposition, substantif féminin Accumulation de matières solides. Synonyme usuel : dépôt. L'accumulation de nouvelles couches osseuses et la déposition successive de l'émail (Georges Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, tome 3, 1805, page 119). 

III.—  DROIT (PROCÉDURE JUDICIAIRE).  

A.—  Déposer une plainte. Porter plainte devant l'autorité compétente : 

Ø 6. Mais le colonel Picquart, tout pacifique qu'il paraisse, n'est pas homme à se laisser faire. Quand il jugea que c'était assez de cette comédie, se trouvant en mesure de prouver qu'il n'avait pas quitté Paris, il décida de déposer une plainte contre ses diffamateurs.

GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité,  1899, page 372. 

B.—  Témoigner en justice sous la foi du serment. 

1. Vieux. 

a) Déposer + objet direct. Déposer un témoignage (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). 

Remarque : Dans sa remarque, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ) (confer ENCYCLOPÉDIE DU BON FRANÇAIS DANS L'USAGE CONTEMPORAIN  (PAUL DUPRÉ) 1972) juge incorrect l'exemple suivant, qui est d'ailleurs un hapax dans notre documentation Mille témoins pour un déposent l'attentat (FLORIAN, Fables, 1792, page 195). 

b) Déposer + subordonnée complément. Une marchande de ferraille à A déposa que l'accusé (...) étoit venu dans la soirée (HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 4, 1824, page 27 ). 

—  Au figuré : 

Ø 7. Telle a été la vie de Jean Locke : voyons quel a été son caractère. Tous ses contemporains, et, ce qui vaut mieux, toutes les actions connues de sa vie déposent que personne n'aima plus sincèrement et plus constamment la vérité,...

VICTOR COUSIN.  Histoire de la philosophie du XVIIIe.  siècle   1829, page 76. 

2. Emploi intransitif. Déposer contre, devant, en faveur de. Elles [deux fillettes] déposent de « sottises » qu'on leur a faites (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1860, page 764 ). 

—  Par extension. Vous déposerez en ma faveur, et vous attesterez que Sophoclis n'est pas mort (EDMOND ABOUT, Le Roi des montagnes,  1857, page 247 ). 

 

STATISTIQUES : Déposer1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 2 048. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 3 308, b) 2 865; XXe.  siècle : a) 3 088, b) 2 493. 

DÉRIVÉS : Dépositoire,  substantif masculin.  Lieu où l'on dépose momentanément un cadavre avant l'inhumation. Synonyme usuel : morgue. Le Toscan mourut dans l'hôpital. On resta seulement un jour de l'enterrer (sic). Son odeur suintait du dépositoire et allait empuantir les jardins (JEAN GIONO, Manosque,  1930, page 82 ). —  Seule transcriptions dans Littré : dé-pô-zi-toi-r'. En général, les noms masculins en [-wa:] s'écrivent -oir : hachoir, séchoir, terroir, mais il y a de nombreuses exceptions : promontoire, réfectoire, dépositoire (confer Ortho-vert 1966, page 192). 

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