DÉCHAÎNEMENT, substantif masculin.

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DÉCHAÎNEMENT, substantif masculin.  

Action de déchaîner; résultat de cette action. 

A.—  Rare, vieilli.  Acte par lequel on rend à quelqu'un sa liberté en lui ôtant ses chaînes (confer déchaîner A). Le déchaînement du forçat est opéré ensuite. (P. SERS. Intérieur des bagnes,  1842, page 21 ). 

Remarque : Sens mentionné comme inusité par la plupart des dictionnaires. 

—  Par métaphore. Ces déchaînements [les passions] nous rivent, en nous donnant l'illusion de nous libérer (LÉON DAUDET, L'Hérédo,  1916, page 52 ). 

B.—  Usuel, au figuré.  [Généralement suivi d'un complément de nom]  Emportement violent, libération de forces longtemps contenues. 

1. [Appliqué à une personne ou à une collectivité] 

a) État d'excitation ou d'agitation extrême. Le déchaînement du peuple (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, 1863-69, tome 8, page 227 ). 

b) Manifestation violente d'une force naturelle, d'un sentiment individuel ou collectif. Le déchaînement du rire, de l'enthousiasme, des passions. Synonymes : (par changement d'image) débordement, débridement, explosion. Le déchaînement des volontés individuelles (AUGUSTIN THIERRY, Récits des temps mérovingiens, tome 2, 1840, page 117 ). Une fois dans ma vie j'avais assisté à un pareil déchaînement d'enthousiasme : les chapeaux volaient, hommes et femmes criaient (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots,  1964, page 140) : 

Ø 1.... les événements et les lois, le déchaînement sans mesure ou la maîtrise des passions contribuent secrètement ensemble à former et même à libérer le créateur.

ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes,  1927, page 80. 

—   [Appliqué à un événement défavorable]  Un déchaînement de fléaux et de plaies (THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 333 ). 

2. [Appliqué à un élément de la nature]  Le déchaînement des tempêtes, des vents, des eaux. Synonymes : déferlement, fureur. Tous ces gens (...) assistaient avec la même horreur au déchaînement de la tempête (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté,  1939, page 170) : 

Ø 2. Nous étions couverts d'eau, trempés par la pluie du ciel et par l'écume de la mer. La jupe de Mme.  Darzac claquait dans la nuit comme un drapeau noir et m'enveloppait les jambes. Je soutins la malheureuse, car je la sentais défaillir, et, alors, il arriva ceci que, dans ce vaste déchaînement des éléments, au cours de cette tempête, sous cette douche terrible, au sein de la mer rugissante, je sentis tout à coup son parfum, le doux et pénétrant et si mélancolique parfum de la dame en noir!...

GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir,  1908, page 88. 

—  Par analogie.  [Appliqué à un bruit, en particulier au son d'un instrument de musique ou d'un orchestre]  Le déchaînement de l'orchestre, des cuivres. Le déchaînement de l'orgue aux grandes voix (ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 288 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 161.