DÉCAPITER, verbe transitif.

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DÉCAPITER, verbe transitif.  

A.—  Trancher la tête d'un condamné à mort. Décapiter au moyen de l'épée, de la hache, de la guillotine; être décapité. (confer décoller, guillotiner). Une grande épée à feuille servant à exécuter et décapiter les personnes qui par justice sont condamnées pour leurs démérites (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 492) : 

Ø 1. Pauvre Matasierpes! cela le contrariait d'être pendu, non qu'il se souciât du trépas; mais comme noble, il prétendait avoir le droit d'être décapité. 

THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 74. 

—  Par analogie. Le libertin qui, un jour d'ivresse, avait décapité les statues de l'arc de Constantin (ALFRED DE MUSSET, Lorenzaccio,  1834, I, 4, page 104 ). 

—  Par extension.  [Le complément d'objet désigne un animal]  On décapite une grenouille. L'animal est-il mort? Question de langage (JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes,  1939, page 107) : 

Ø 2.... ils invitent leurs hôtes à manger des anguilles. On applaudit. On choisit dans le seau. On écorche, on décapite. On jette les poissons en tronçons dans la poêle...

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous,  1923, page 70. 

B.—  Par métaphore et par analogie.  Couper, abattre la partie supérieure de quelque chose. Je me suis acheminé vers le château (...) décapitant (...) à coups de canne les marguerites qui perçaient le gazon (OCTAVE FEUILLET, Le Roman d'un jeune homme pauvre,  1858, page 79 ). Versant le champagne, qu'elle a décapité d'un coup de couteau (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1856, page 243) : 

Ø 3.... ils s'étonnent sans doute de ce que je laisse vivre mes fleurs et de ce que je ne décapite pas mes arbres.

LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly,  1836, page 48. 

Remarque : Le verbe suivi de l'objet direct peut être accompagné d'un complément introduit par de précisant la nature réelle de ce qui est enlevé ou le moyen utilisé (confer GONCOURT, loco citato). 

C.—  Au figuré.  Enlever ce qui est capital, essentiel. Décapiter un parti politique, une institution. Le genre humain peut-il être décapité? Vous imaginez-vous cette haute cité [Paris] (...) évanouie! (VICTOR HUGO, L'Année terrible, 1872, page 270) : 

Ø 4. En éliminant Kent (...) Mortimer décapitait l'opposition et empêchait que le jeune roi pût échapper à son emprise.

MAURICE DRUON, Le Lis et le Lion,  1960, page 182. 

Remarque : On rencontre chez Alexandre Arnoux les adjectifs décapitateur, décapiteur.  Qui décapite. Henri VIII, le roi décapitateur de femmes (Le Calendrier de Flore, 1946, page 78). [Les] sans-culottes décapiteurs des tyrans et pourfendeurs des curés (Visite à Mathusalem, 1961, page 214). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6