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« De la musique avant toute chose » écrit Verlaine dans son « art poétique ». Cette expression peut-elle suffire à définir la poésie ?

Publié le 09/12/2021

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_ On peut donc opposer au principe musical du poème, vu comme force de dissolution, une règle de formation du chant qui suit une logique essentiellement plastique. En effet, la poésie moderne est lue avant d'être récitée, et apparaît au lecteur comme chose tracée, comme une configuration de l'espace qu'est la page blanche. A ce titre, l'oeuvre d'Apollinaire fonctionne en regard de la peinture moderne, et tout particulièrement du cubisme. C'est encore en vertu d'un principe visuel de la composition du texte poétique que l'auteur écrit ses Calligrammes, où le texte lui-même est modelé de manière à produire des dessins. Nietzsche souscrit à ce dualisme de construction et de dilution dans l'art en la désignant comme une lutte entre les dieux Apollon et Dionysos.   III Le silence, point d'aboutissement commun à l'oeuvre musicale et poétique   _ Pourtant, la caractère éternel de la lutte entre la plasticité qui définit les limite, et la musicalité qui les efface, ne doit pas faire croire à une immobilité de l'oeuvre poétique. Au contraire, le sens de cette éternelle confrontation est bien d'enfanter le texte. La poésie est  « en avant de toute chose », ce qui signifie qu'elle est par essence incomplète, de même que tout travail artistique. La musicalité recherchée par le poète est donc plus qu'un jeu formel, elle est une exploration. Rainer Maria Rilke reprend donc le mythe orphique pour en faire dans ses Sonnets à Orphée une définition de sa recherche.

« Jusqu'à la fin de sa vie, Paul Verlaine s'est défendu d'avoir composé avec son « Art poétique » un manifeste ou une définition du travail poétique.

En effet, le groupe complément « avant toute chose » exclut la possibilitéd'une affiliation pure et simple du poème au genre musicale qui l'engloberait.

Toutefois, quiconque a jamais éprouvéune émotion d'ordre artistique en écoutant une composition musicale et une oeuvre poétique, ne peut quereconnaître la similitude des effets produits sur le spectateur, et ce faisant des forces mises en jeu par les deuxpratiques.

Il importe donc d'explorer les points d'échanges possibles entre le musicien et le poète, si possible jusqu'àdéterminer un point où les différences entre l'un et l'autre s'abolissent et perdent leur sens.

I Le poème comme composition musicale _ La poésie et la musique trouvent une origine commune dans le chant, sans que le texte ne soit dissocié de sarécitation mélodique avant la fin de l'antiquité.

L'écriture poétique, telle qu'elle est pratique de nos jours ne sedistingue du chant qu'en ce qu'elle conserve le tracé de son mouvement musical.

En ce sens, on pourrait définir lepoème écrit comme un solfège qui s'attacherait d'avantage à lier l'articulation des sons que leur tonalité, quoique lesexpériences de couplage d'une partition et d'un texte soient nombreuses : le recours à la chanson dans le théâtrede Shakespeare, la collaboration du poète Hofmannsthal et Richard Strauss pour l'opéra Ariane à Naxos , les poèmes de Robert Desnos écrit avec des notes de musique (« Do-do-la-mi-ut-ré »), les innombrables reprises d'Aragon dansla chanson populaire..._ Ainsi envisagée, l'ambition poétique du symbolisme fait figure de retour au sources, et explique jusqu'à un certainpoint l'engouement du mouvement pour la poésie saphique, en particulier chez Verlaine.

Toutefois, la déclaration« De la musique avant toute chose » ne se contente pas d'énoncer un état de fait ; le projet verlainien ne secontente pas de révéler une fonction musicale du langage, mais d'en être le créateur.

Le poète se doit donc dedébarrasser son chant de toutes les scories dont le langage courant est parasité, et que ce dernier désigne dans cemême poème comme « la pointe assassine, l'esprit cruel et le rire impur ».

Corollairement à cette exclusion, le poèmese met lui-même en abyme, puisqu'il énumère les procédés à partir duquel il est construit (« Et pour cela préfèrel'impair / Plus vague et plus soluble dans l'air / Sans rien en lui qui pèse ou qui pose »).

II « Et tout le reste est littérature » _ Le dernier vers de l' « Art poétique », bien plus radical que son ouverture, renvoie donc les éléments atones dulangage à un univers purement littéraire, auquel la poétique ne se doit qu'en tant que construction linguistique,comme le musicien se sert des instruments que son époque lui propose.

Il convient donc de s'interroger sur la partnon musicale de la restitution textuelle d'une voix.

La pensée classique se montre particulièrement prodigue enréflexions sur les procédés d'écritures, notamment Boileau.

Son Art poétique , auquel répond implicitement celui de Verlaine, prône la mise en place de procédés d'écriture poétique culturellement définis.

Si l'on admet la valeur d'uneécriture telle que celle de Racine, force est de constater que la poésie gagne une virtuosité incomparable àdévelopper des règles d'écriture.

Celles-ci apparaissent nécessaire, et même préalable à la possibilité du vague,puisque l'entreprise verlainienne de brouillage du langage commun n'est possible qu'à partir de sa détermination, quilui est préalable._ On peut donc opposer au principe musical du poème, vu comme force de dissolution, une règle de formation duchant qui suit une logique essentiellement plastique.

En effet, la poésie moderne est lue avant d'être récitée, etapparaît au lecteur comme chose tracée, comme une configuration de l'espace qu'est la page blanche.

A ce titre,l'œuvre d'Apollinaire fonctionne en regard de la peinture moderne, et tout particulièrement du cubisme.

C'est encoreen vertu d'un principe visuel de la composition du texte poétique que l'auteur écrit ses Calligrammes, où le texte lui-même est modelé de manière à produire des dessins.

Nietzsche souscrit à ce dualisme de construction et de dilutiondans l'art en la désignant comme une lutte entre les dieux Apollon et Dionysos.

III Le silence, point d'aboutissement commun à l'œuvre musicale et poétique _ Pourtant, la caractère éternel de la lutte entre la plasticité qui définit les limite, et la musicalité qui les efface, nedoit pas faire croire à une immobilité de l'œuvre poétique.

Au contraire, le sens de cette éternelle confrontation estbien d'enfanter le texte.

La poésie est « en avant de toute chose », ce qui signifie qu'elle est par essenceincomplète, de même que tout travail artistique.

La musicalité recherchée par le poète est donc plus qu'un jeuformel, elle est une exploration.

Rainer Maria Rilke reprend donc le mythe orphique pour en faire dans ses Sonnets à Orphée une définition de sa recherche.

Le chant est le fil grâce auquel le poète découvre une unité des mouvements apparemment contradictoires de la construction et de la destruction.

En effet, c'est d'un mêmemouvement que la musique apparaît et disparaît à l'oreille de son auditeur.

Sa permanente évolution offre lacompréhension de l'inconsistance des objets réels, et permet son acceptation joyeuse._ Si on veut déterminer précisément la portée d'une telle initiation, l'art japonais du haïku s'avère être un objetd'analyse essentiel, puisque le poème calligraphié tente de maintenir la parole non pas au delà, mais en deçà de sonénoncé.

Le lecteur cherche en vain une signification dissimulée aux courtes propositions du haïku : leur but n'estpas de fournir un savoir, mais d'échapper absolument à la fonction référentielle de la parole.

Le poème devient alorssa très pure et très simple manifestation, qui renonce à se prétendre autre chose que sa juste concrétude, uneconfiguration du vide, ou du silence, selon qu'on envisage le poème sous le regard du peintre ou du musicien.

A ce« degré zéro de l'écriture », le rapprochement fait entre le texte et le chant, par l'intermédiaire de la voix, devientune identité totale, et se tient au plus près de la volonté de Mallarmé, qui est de faire du poème le lieu d'unecélébration du néant.. »

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