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Dans le Taureau blanc, Voltaire fait dire à la princesse Armaside : les contes qu'on pouvait faire à la quadrisaïeule de la quadrisaïeule de ma grand-mère ne sont plus bon pour moi [...] Je veux qu'un conte soit fondé sur la vraisemblance et qu'il ne ressemble pas toujours à un rêve. Je désir qu'il n'y ait rien de trivial ni d'extravagant. Je voudrais surtout que sous le voile de la fable, il laissât entrevoir aux yeux exercés quelques vérités fines qui échappent au vulgaire. Vous mon

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Dans le Taureau blanc, Voltaire fait dire à la princesse Armaside : les contes qu'on pouvait faire à la quadrisaïeule de la quadrisaïeule de ma grand-mère ne sont plus bon pour moi [...] Je veux qu'un conte soit fondé sur la vraisemblance et qu'il ne ressemble pas toujours à un rêve. Je désir qu'il n'y ait rien de trivial ni d'extravagant. Je voudrais surtout que sous le voile de la fable, il laissât entrevoir aux yeux exercés quelques vérités fines qui échappent au vulgaire. Vous montrerez à l'aide d'exemples précis que ces réflexions proposent une critique du conte traditionnel et une définition du conte philosophique.. Ce document contient 1134 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
La progression dramatique développe des traits contenus dans le début du conte, dans un souci de cohérence. - Le refus du "trivial" et de "l'extravagant" tempère le refus du "rêve" : un conte doit pouvoir être vraisemblable et non onirique, sans tomber dans la trivialité. Ce "juste milieu" est atteint par exemple lors de la rencontre de Candide avec le nègre : les malheurs arrivés au nègre sont soulignés dans la perspective d'une dénonciation de l'esclavage, qui permet à la description d'échapper à la cruauté triviale.     II. Les contradictions de l'écrivain : invraisemblance et extravagance dans Candide   - Le conte Candide est très riche en invraisemblances : le héros tue le frère de Cunégonde, lequel ressuscite miraculeusement et le retrouve par hasard à l'autre bout du monde; il va en Eldorado, pays imaginaire et à forte valeur onirique, dans lequel toutes les valeurs de notre monde sont inversées. La déchéance de Cunégonde est si radicale qu'elle paraît elle aussi invraisemblable. - La trivialité est souvent convoquée sur un mode comique par l'auteur pour s'assurer de l'adhésion du lecteur : par exemple l'anecdote racontée par la vieille qui suit Cunégonde, et qui perd une fesse dans ses mésaventures. Ou le détail des diamants cachés dans l'utérus des deux femmes. Ou encore, la généalogie de la syphilis attrapée par l'un des protagonistes, qui suppose des rapports sexuels entre un prêtre et une prostituée. Cette trivialité fait partie intégrante du conte, en ce qu'elle en donne le côté divertissant et permet de transmettre parallèlement et de manière codée un message philosophique et moral.

« Voltaire fait dire à l'un de ses personnages : je veux qu'un conte soit fondé sur la vraisemblance et qu'il ne ressemble pastoujours à un rêve.

Je désire qu'il n'y ait rien de trivial ni d'extravagant.

Je voudrais surtout que sous le voile de la fable, illaissât entrevoir aux yeux exercés quelques vérités qui échappent au vulgaire.

Qu'en pensez-vous? Vous fonderez votreréflexion sur Candide.Plusieurs éléments disparates sont rassemblés dans cette citation : d'abord, le problème de la vraisemblance.

Lavraisemblance peut se juger selon deux axes : la psychologie des personnages et l'enchaînement des actions.

Ensuite, leproblème de la trivialité, qui est donné en opposition à l'exigence de la vraisemblance : il faut savoir "faire vrai", mais sanstomber dans le vulgaire.

Ces deux questions dépassent le genre du conte et sont communes à plusieurs genres littéraires,surtout à l'époque où écrit Voltaire (où la règle de la bienséance appliquée dans la tragédie classique est encore de règle).La dimension herméneutique évoquée ensuite peut surprendre dans le genre du conte : Voltaire donne ici au conte unefonction qui dépasse celle des contes de Grimm, qui suscitaient un vif intérêt à son époque.

I.

Vraisemblance, bon ton : la règle des trois unités adaptée au genre du conte - Voltaire reprend une exigence de la tragédie, exprimée par Corneille dans Discours sur le poème dramatique : celle de la vraisemblance.

La vraisemblance porte sur les personnages, particulièrement au niveau psychologique : il faut que leursréactions puissent s'expliquer par la personnalité que l'auteur leur a donnée.

Et sur l'enchaînement des actions, au niveaudramatique, en suivant la règle de cause à effet.

Exemple dans Candide : sur le plan psychologique, les personnages sont définis caricaturalement : Pangloss est le faux savant pédant et bavard, Candide est le naïf.

Ces deux personnagessuivent leur logique tout au long du conte : Candide voit sa naïveté s'effriter au fil du récit, et Pangloss demeure le même.Sur le plan dramatique, l'expulsion de Candide du château est expliquée par son attirance pour la fille du baron; attirancequ'on retrouve par la suite et qui conduit aux retrouvailles du couple.

La progression dramatique développe des traitscontenus dans le début du conte, dans un souci de cohérence.- Le refus du "trivial" et de "l'extravagant" tempère le refus du "rêve" : un conte doit pouvoir être vraisemblable et nononirique, sans tomber dans la trivialité.

Ce "juste milieu" est atteint par exemple lors de la rencontre de Candide avec lenègre : les malheurs arrivés au nègre sont soulignés dans la perspective d'une dénonciation de l'esclavage, qui permet àla description d'échapper à la cruauté triviale.

II.

Les contradictions de l'écrivain : invraisemblance et extravagance dans Candide - Le conte Candide est très riche en invraisemblances : le héros tue le frère de Cunégonde, lequel ressuscite miraculeusement et le retrouve par hasard à l'autre bout du monde; il va en Eldorado, pays imaginaire et à forte valeuronirique, dans lequel toutes les valeurs de notre monde sont inversées.

La déchéance de Cunégonde est si radicalequ'elle paraît elle aussi invraisemblable.- La trivialité est souvent convoquée sur un mode comique par l'auteur pour s'assurer de l'adhésion du lecteur : parexemple l'anecdote racontée par la vieille qui suit Cunégonde, et qui perd une fesse dans ses mésaventures.

Ou le détaildes diamants cachés dans l'utérus des deux femmes.

Ou encore, la généalogie de la syphilis attrapée par l'un desprotagonistes, qui suppose des rapports sexuels entre un prêtre et une prostituée.

Cette trivialité fait partie intégrante duconte, en ce qu'elle en donne le côté divertissant et permet de transmettre parallèlement et de manière codée unmessage philosophique et moral.

III.

"Le philosophe se sert de la fiction comme d'une grille à travers l'esprit du lecteur doit saisir une intention et unepensée" - Cette citation d'un critique contemporain éclaire quel est le rôle du conte aux yeux de Voltaire : la trivialité oul'extravagance sont condamnées en ce qu'elles sont gratuites, et ne sont admises que si elles sont au service d'unmessage de portée plus haute.

Les contes philosophiques de Voltaire sont constitués de courtes fictions, qui reposent surl'art de la simplification et du grossissement, dans le but de transmettre une idée précise du philosophe.

Ce genre répondau triple impératif qui régit une partie de la littérature au XVIIIe : "docere, placere, movere" : instruire, plaire, émouvoir.- les enjeux de Candide dépassent la fiction, il s'agit de faire une critique acerbe de la philosophie de Leibniz, qui selon l'auteur conduit à un optimisme niais et à la conviction fausse que "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes";dans le récit, les désillusions successives de Candide servent à démontrer qu'un esprit animé par cette doctrine n'est paspréparé aux réalités de ce monde (exemple : la rencontre de l'esclave amputé, qui indigne Candide).A un autre endroit dela narration, l'auteur met en scène des jésuites qui exploitent les indigènes au Brésil; ce qui lui permet de faire unecritique, sociale, de l'iniquité des jésuites; de manière détournée, il critique l'influence trop forte des jésuites auprès du roide France.- On peut nuancer la vision de Voltaire en montrant que le caractère divertissant de ses propres contes les rendaccessibles au "vulgaire" et les rend drôles, même sans comprendre la plupart des allusions.

Voltaire emploie en effetplusieurs formes de comique : l'ironie allusive (qui nécessite un lecteur capable d'en capter les sous-entendus) mais aussila farce, qui fait rire dans n'importe quel contexte.Cette phrase de Voltaire se comprend sur plusieurs plans : elle reflète bien l'esthétique propre à son époque, qui exige lavraisemblance et la bienséance et n'a pas encore dépassé le classicisme.

Mais elle introduit aussi une innovation endonnant au conte une fonction plus lourde qu'il n'y paraît : le conte apparaît comme une arme de critique philosophique etpolitique.

Peut-être l'auteur justifie-t-il ainsi ses contes, dont on sait qu'il ne les considérait pas comme primordiaux dansson oeuvre (il accordait beaucoup plus d'importance à ses tragédies, qui sont aujourd'hui beaucoup moins connues!).

Onpeut cependant s'étonner de voir que ses contes comportent une bonne part de ce qu'il dénonce : invraisemblance et unecertaine trivialité; qui concourent à leur caractère attractif.. »

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