Dans le roman épistolaire, assiste-t-on à une évolution psychologique et sociale du héros ?

« Analyse du sujet et problématisation : Le sujet porte sur un genre particulier de roman : le roman épistolaire.

Dans le roman épistolaire, le récit se compose de la correspondance fictive d'un ou plusieurs personnages.

On a donc, dans ce type de roman une communication indirecte différée : il relie un émetteur et un ou plusieurs récepteurs en dehors de l'espace spatio-temporel. Le sujet relie le genre du roman épistolaire à un autre genre de roman : le roman de formation, né en Allemagne à l'époque des Lumières et ayant pour thème le cheminement évolutif d'un héros, souvent jeune, jusqu'à ce qu'il atteigne l'idéal de l'homme accompli et cultivé.

Le trajet romanesque aboutit à l'intégration, et, idéalement, à l'harmonie entre l'individu et la société, ou à l'accomplissement de celui-là dans celle-ci. Le roman de formation peut aussi s'appeler roman d'apprentissage. Problématique : Dans le roman épistolaire, assiste-t-on à une évolution psychologique et sociale du héros ? I) L'intérêt du roman épistolaire est souvent extérieur à l'apprentissage des héros 1) Le roman épistolaire ne donne à voir qu'une partie du héros a) communication différée et partielle Dans le roman épistolaire, la communication est différée et l'on n'assiste pas à l'évolution des héros en temps réel.

De plus, la communication est nécessairement partielle, puisque chaque héros choisi d'écrire et de révéler de lui ce qu'il souhaite, pouvant ainsi entretenir un certain mystère et taire des parties de sa personnalité. b) souvent, absence de description physique Dans le roman épistolaire, les héros, fort souvent, ne se rencontrent jamais.

Ainsi la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, dans les Liaisons , n'ont qu'une seule entrevue, et combien furtive.

L'apparence physique des personnages peut donc demeurer parfaitement inconnue du lecteur 2) L'intérêt « réaliste » du roman épistolaire Le roman épistolaire vise souvent un « effet de réel » : il vise à une authenticité des sentiments et des témoignages, la lettre se présentant souvent comme un document ayant valeur de vérité. a) L'authenticité sentimentale : cf.

les romans épistolaires rétrospectifs Le roman épistolaire se présente souvent comme une confidence intime rétrospective, propre à l'épanchement de sentiment.

Certains romans épistolaires, que l'on pourrait qualifier de « passifs », sont fondés sur un échange de lettres entre le héros et son confident ; ce type de roman ne propose pas de trame, d'intrigue progressive, mais une analyse authentique de sentiments. Ex : La vie de Marianne de Marivaux: le récit est rétrospectif; le personnage principal, à un certain moment de sa vie, la raconte à un ami.

La méthode épistolaire permet à l'auteur de se servir d'un style qu'il juge plus propre à exprimer certains sentiments, à décrire certaines scènes. b) La véracité et le « réalisme » du témoignage Certains romans épistolaires offrent un témoignage « réaliste » sur le monde et la société.

Ce témoignage peut prendre la forme de descriptions pittoresques de certains lieu. »