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Dans « Floréal » (VI, 14), le poète lance cette imprécation contre Napoléon et ses « bandits » : « Soyez maudits, bourreaux qui lui [au poète] masquez le jour, D'emplir de haine un coeur qui déborde d'amour! » Vous commenterez ces deux vers.

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Dans « Floréal » (VI, 14), le poète lance cette imprécation contre Napoléon et ses « bandits » : « Soyez maudits, bourreaux qui lui [au poète] masquez le jour, D'emplir de haine un coeur qui déborde d'amour! » Vous commenterez ces deux vers.. Ce document contient 2393 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Le devoir de violence] Les Châtiments sont certes une oeuvre de circonstance, inspirée par un épisode sanglant de l'Histoire, mais Victor Hugo ne s'en tient pas à la dénonciation du coup d'État juste après l'événement ; il continue mois après mois à crier son indignation et à réclamer vengeance, car la France est maintenue dans les fers et dans l'abjection. Pour accomplir ce devoir de mémoire, il utilise toutes les armes de la satire. [1. Le devoir de mémoire] Si le poète ajoute à sa lyre « une corde d'airain » pour clouer au pilori le tyran et ses complices, pour écraser en même temps « l'antre et la bête fauve », c'est parce qu'il a un devoir de mémoire, envers les martyrs d'abord, puis envers le peuple français tout entier. Le coup d'État du 2 décembre est un crime contre la République et contre l'humanité, l'empereur est un « singe », un « histrion », mais aussi un « loup », un « bandit » qu'un nouveau Juvénal doit vouer aux gémonies. Victor Hugo flétrit Napoléon III comme Juvénal et Tacite ont flétri un Tibère ou un Néron et son témoignage servira à la postérité à instruire le procès de Napoléon III devant le tribunal de l'Histoire. Mais l'objectivité de l'historien la cède à la colère du satiriste. [2. Les armes de la satire] La satire dispose de trois armes : l'ironie, l'indignation et l'enthousiasme vengeur. [a.

« [Introduction] Le thème principal des Châtiments est l'indignation de Victor Hugo contre le coup d'État du 2 décembre 1851 et sesconséquences, les massacres et les mensonges du prince-président qui n'a pas tenu ses promesses électorales.Mais dans les deux derniers vers de « Floréal », il porte une accusation supplémentaire contre le tyran et sescomplices :« Soyez maudits, bourreaux qui lui masquez le jour, D'emplir de haine un cœur qui déborde d'amour! » Ce poète qui ala vocation de l'amour se voit contraint, par les crimes de Napoléon, de renoncer au lyrisme pour se tourner vers lasatire.

Mais pourquoi passe-t-il de l'accusation à l'imprécation et comment s'acquitte-t-il de son devoir de violence ? [I.

La vocation de l'amour] La véritable vocation de Victor Hugo est l'amour des hommes et de la nature.

Avec trois occurrences du nom «amour » et une du verbe « aimer », « Floréal » à lui seul suffirait à illustrer le dernier vers de ce poème : « un cœurqui déborde d'amour ».

Cet amour pour les créatures s'exprime dans Les Châtiments par la compassion pour lesvictimes et par les messages de fraternité.[1.

La compassion]Solidaire de tous ceux qui souffrent, Victor Hugo pleure sur les déportés et sur les morts, sur les martyrs et sur lesmisérables, notamment sur ces familles ouvrières qui, dans les caves de Lille, arrivent à peine à survivre tant leurdénuement est total, sur toutes les victimes de la folie des hommes ou de la furie des éléments, comme ce chasse-marée englouti dans un naufrage (« Cette nuit, il pleuvait...

VII, 9).

Cette pitié se mue souvent en charité active,comme dans « Souvenir de la nuit du quatre », qui montre le poète apportant le réconfort de sa présence à lagrand-mère du petit garçon de sept ans tué rue Tiquetonne.

L'amour du genre humain pousse même Victor Hugo àrepousser l'idée d'un châtiment sanglant pour Napoléon.

Par respect de la vie, lui qui a toujours plaidé pour l'abolitionde la peine de mort ne remettra pas ce principe en cause, fût-ce pour le "Néron parasite".

Sa « clémence implacable» condamne le tyran à la vie, mais dans la honte. [2.

Les messages de fraternité]L'amour pour les hommes incite le poète à raffermir constamment leur courage et à ranimer leur espérance par desmessages de fraternité.

Que de fois Victor Hugo ne rappelle-t-il pas à la France, ce « grand peuple fraternel »,qu'après le temps de l'oppression, le rétablissement de la liberté mettra fin à l'exploitation de l'homme par l'homme,aux humiliations et aux injustices :« Ce que la France veut pour toujours désormaisC'est l'amour rayonnant sur ses calmes sommets.

»Ce message de « Nox », Victor Hugo le répétera dans tous les poèmes lumineux des Châtiments et, dans une imagede « Stella », unissant l'abstrait et le concret, il étendra l'amour à l'univers entier :« Un ineffable amour emplira l'étendue ».Le triomphe de la lumière est le triomphe de la vie et de l'amour.

C'est par de tels vers et de telles assurances quele poète insuffle au peuple la foi en l'avenir. [3.

L'absence de poèmes d'amour]Les Châtiments ne contiennent aucun poème d'amour, bien que Victor Hugo ait continué à en écrire à Jersey et àGuernesey.

L'un des plus beaux : « Elle était déchaussée, elle était décoiffée...

», un chant du pur désir amoureux,avait été composé en avril 1853.

Mais Hugo ne tolère qu'une forme de lyrisme dans Les Châtiments, l'expression dessentiments de l'exilé.

Retranché dans son île, debout sur son rocher, le poète chante les souffrances et les joiesamères du proscrit.

La mer, la solitude, mais aussi la résistance farouche et même l'amour de l'exil lui inspirent desvers superbes dont beaucoup sont devenus célèbres à juste titre :« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là! » (VII, 17).Jugeant le lyrisme amoureux déplacé dans un recueil inspiré par une tragédie politique, il en a exclu tous les versintimes pour les placer ensuite dans Les Contemplations. [II.

De l'accusation à l'imprécation] [1.

Les bourreaux du poète]Alors que sa véritable vocation est l'amour, Victor Hugo se voit obligé de renouveler constamment ses cris de haine.Ses accusations contre le tyran et le traître sont condensées, par exemple, dans ces quatre vers :« Quoi ! les morts, vierge, enfant, vieillard et femmes grosses, Ont à peine eu le temps de pourrir dans leurs fosses!Quoi! Paris saigne encor ! quoi ! devant tous les yeux, Son faux serment est là qui plane dans les deux ! » (« Leparti du crime », VI, 11)Mais dans « Floréal », l'accusation se mue en imprécation car les bandits sont devenus les bourreaux du poète.

Us «obsède[nt] » sa pensée, comme il l'écrit quelques vers plus haut, ils lui « masque[nt] le jour », symbole transparentde la lumière et de la vérité.

L'accusation vise moins les ténèbres de l'exil, l'isolement, l'absence de nouvellesfraîches de la France, que les ténèbres de l'esprit, soigneusement entretenues par la censure, la propagande etcette langue de bois dont les titres des six premiers livres des Châtiments donnent des exemples : « La famille estrestaurée » ; »La stabilité est assurée »...

Or pour le poète de « Luna », de « Stella » et de « Lux », le crimesuprême est le crime contre l'esprit. [2.

L'imprécation du poète]. »

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