CRAON Pierre de Paul Claudel l'Annonce faite à Marie

« CRAON Pierre de.

Personnage du drame de Paul Claudel l'Annonce faite à Marie(*) ( 1912).

Pour avoir un jour osé po�o*W la main sur Violaine t, la fille de son hôte, et convoiter >, Pie�W* de Craon a été frappé par la lèpre.

Marqué par les plaies infimes qui chaque jour gagnent et pénètrent un peu plus son être, il vit dans la douleur de se sentir co�WNIPW* tout vivant.

Mais cette douleur est le signe de son repentir.

Dans sa chute même Pierre de Craon a en effet trouvé le principe de sa rédemption.

Interdit comme un lépreux, il se trouve libéré de toute tentation temporelle, il est devenu le construc­ teur de la cathédrale, donnant toute sa vie à un immense ouvrage sur le faîte duquel il s'élève en pensée, bien décidé à ne plus redescendre.

Et cette Violaine, qu'il n'a pu avoir par la violence, c'est elle qui sera le foyer lumineux de la cathédrale et l'épouse mystique de Pierre de Craon.

Puisque tout concourt à l'œuvre divine, ), ne peut-on même aller jusqu'à imaginer que Pierre de Craon, en se livrant à son �este sacrilège, s'est fait l'ins­ t�qI*Ko inconscient de la � ce ? Est-ce bien d'ailleurs la femme qu'il desirait en Violaine, ou plutôt ce secret mystique qu'elle possédait et qui ne se révélera que peu à peu à Pierre au long de sa douloureuse et de plus en plus glorieuse pénitence ? C'est en tout cas Pierre de Craon qui a arraché Violaine à sa destinée terrestre, à cette tranquillité de brave et simple jeune fille innocente dans laquelle elle se com­ plaisait à Combemon ; ce n'est point par hasard si le martyre et la sainteté de Violaine commencent avec le baiser de charité donné au lépreux Pie�W* de Craon.

Mais en dehors de ce rôle mystique essentiel, le personnage présente le grand intérêt d'exprimer quelques-unes des idées les plus chères du dramaturge sur l'ordonnance de la création et la valeur de signification symbolique de l'église.

Pierre de Craon, sous ce point de vue, s'identifie avec Claudel lui-même, il représente son génie constructif et chante son o ueilleuse et légi­ time foi dans la valeur de l'e ort esthétique.

Il est l'Architecte, l'homme de l'ordre, de la rai­ son et de la mesure, qui déterttline ici-bas la marque symbolique de Dieu.

J.

Pa.. »